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Ordre des vétérinaires : des vœux pour 2018 centrés sur les enjeux d’avenir pour la profession

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Ordre des vétérinaires : des vœux pour 2018 centrés sur les enjeux d’avenir pour la profession

Jacques Guérin, président du Conseil national de l’Ordre des vétérinaires (CNOV), a présenté les vœux ordinaux le 9 janvier 2018, une tradition instaurée par son prédécesseur Michel Baussier. Dans son discours, il s’est concentré sur l’avenir de la profession vétérinaire et sur quelques dossiers techniques. Vetfuturs France et la pratique 2.0 sont deux exemples des avancées de l’Ordre destinées à « préparer et créer son avenir plutôt que de le subir ».

 

Le projet Vetfuturs France a remis sa copie en novembre dernier. D’aucuns ont estimé que l’on était loin du compte : peu, voire pas de prise en compte des attentes des clients, des étudiants vétérinaires qui souhaitent gagner plus en travaillant vraiment moins, etc. Mais la réflexion a eu au moins l’avantage de mettre en exergue les différentes aspirations de la profession, ses visions d’elle-même. Dès lors, les plus optimistes sur ce dossier attendent de 2018 la concrétisation des objectifs identifiés pour avancer.

Marcher vers demain, c’est ce que Jacques Guérin a proposé comme feuille de route à ses équipes et à ses partenaires, évoquant spécifiquement Vetfuturs France, mais aussi l’association Adelie*, chargée de gérer certains processus des métiers vétérinaires en créant des outils informatiques (entre autres un système de remontée des cessions d’antibiotiques par les ayants droit du médicament vétérinaire, ou encore le projet Calypso prenant le relais du logiciel Vetélevage). L’Ordre s’appuie en outre sur deux rapports, rendus en 2017 : l’un sur l’adéquation de la réponse professionnelle à la commande publique remis par les deux derniers présidents, Christian Rondeau et Michel Baussier, l’autre sur « les soins vétérinaires : vers le développement d’une offre 2.0 », produit par le cabinet Asterès.

Pour faire évoluer la profession, l’Ordre des vétérinaires devra jongler avec les limites de ses missions sur un terrain théoriquement et naturellement concurrentiel : celui de la gestion des flux d’informations. Le quasi-monopole de fait de la Compagnie des vétérinaires dans le domaine des logiciels, après le rachat des deux premiers en nombre de clients, générera nécessairement l’arrivée de nouveaux entrants, aux modèles économiques différents. L’Ordre des vétérinaires devrait donc être amené à se positionner comme arbitre éthique. C’est l’une des recommandations du rapport Rondeau-Baussier : « Créer, à partir du conseil national, un Comité national d’éthique vétérinaire. […] Le bien-être animal, la santé publique, mais aussi la nature, l’environnement, la biodiversité, de même que les questions liées à la révolution numérique, à la télésanté vétérinaire, à la télémédecine vétérinaire » sont autant de domaines qui devraient être supervisés par ce comité. Denis Avignon, vice-président du CNOV, est chargé de mettre en place ce comité d’éthique.

 

De la nécessité d’une représentativité

Le dossier de la biologie vétérinaire a montré les limites de la représentation vétérinaire en France. Engluée dans des procédures contentieuses depuis des années, la profession vétérinaire n’a pas encore réussi à proposer une issue susceptible de contenter tous les acteurs de ce qu’elle considère comme un acte vétérinaire, l’acte de biologie vétérinaire. De même, jamais la profession n’a été aussi peu reconnue par les acteurs politiques du ministère de tutelle, celui de l’Agriculture. Il suffit de compter (c’est rapide) le nombre d’organisations vétérinaires sollicitées lors des États généraux de l’alimentation. Fini le sanitaire, la priorité est désormais à l’économique, impactant directement les relations entre la rue de Varennes et la profession vétérinaire. En attendant la prochaine crise sanitaire… comme souvent par le passé !

À l’occasion des vœux, Jacques Guérin a annoncé « la création d’une journée d’échange entre les organisations professionnelles vétérinaires, les écoles vétérinaires, voire les administrations de tutelle… et pourquoi pas les partenaires de notre belle profession ». Si cela ne s’appelle pas prendre en main la représentativité de la profession, si cela ne démontre pas la volonté d’avancer sans attendre que les autres organisations soient en mesure de s’organiser… Car le constat est amer : les organisations techniques doivent aujourd’hui repenser leur modèle économique pour dépasser le cadre d’associations de formation pour les unes, d’associations d’événements pour les autres. En résumé, il leur faut s’adapter aux nouvelles attentes des vétérinaires en matière de pratique quotidienne et de prospective.

Côté syndicat, 2018 sera l’année du changement de président et, plus généralement, de l’équipe dirigeante. L’enjeu est de taille, alors que le SNVEL doit faire face à des démêlés impactant sa structure, tant juridiquement que financièrement. Il est aussi confronté, comme les autres organisations, à une baisse du nombre d’adhérents. Face à ce constat, le choix du prochain président du SNVEL sera important. En attendant, ses moyens d’action en 2018 pourraient être freinés par des élections qui, statutairement, s’étirent dans le temps, selon un processus beaucoup trop long qui va de l’élection des délégués à celle, ultime, du président.

 

Le bien-être animal ? Oui, mais…

Durant sa présidence, Michel Baussier avait travaillé à impliquer davantage la profession vétérinaire dans les questions de bien-être animal. On se rappelle des communiqués ordinaux sur l’abattage sans étourdissement ou encore sur la corrida. Le denier, relatif aux animaux sauvages dans les cirques, a semble-t-il été détourné par certaines associations de protection animale, au point d’agacer le président actuel : « J’aspire à ce que le conseil national réfléchisse à construire une relation différente avec les associations, les organisations ou les ONG en charge des questions relatives aux animaux. Des initiatives seront prises en ce sens en 2018. » Tout d’abord, Jacques Guérin ne compte pas laisser les questions de bien-être animal à des structures dont les positions manquent parfois (souvent ?) de fondements scientifiques. Il préfère s’appuyer sur la commission “Vétérinaire et bientraitance animale” de l’Ordre, qui produit des recommandations techniques de référence, concertées avec les organisations vétérinaires techniques et syndicales, ainsi que des travaux et des synthèses qui reposent sur des bases scientifiques. Ghislaine Jançon est responsable de cette commission.

« l’Ordre des vétérinaires est mis régulièrement sous pression par des associations, parfois militantes et non dépourvues d’arrière-pensées, afin de prendre position sur des questions polémiques selon un mode de réponse souhaitée binaire et simpliste, en tout état de cause incompatible avec une réponse raisonnée et rigoureuse fondée sur les acquis de la science qui sied au conseil national ! ».

 

L’ostéopathie, la fin d’un couac professionnel ?

L’ostéopathie pratiquée par des non-vétérinaires aurait pu être enfin encadrée, après la loi de 2011 sur le délégation de cet acte à des personnes non titulaires du titre de docteur vétérinaire. Mais le décret et l’arrêté d’application n’ont été publiés qu’en 2017. Et depuis le 1er janvier 2018, un jury d’examen doit obligatoirement valider les compétences des candidats non vétérinaires. Or, comme deux membres de ce jury sont nécessairement des non-vétérinaires, mais reconnus aptes à l’exercice de l’ostéopathie animale, il était indispensable d’organiser une session d’examen en 2017 pour disposer d’inscrits au registre national d’aptitude. Avec le soutien d’Oniris, six candidats ont ainsi pu valider leurs compétences le 14 décembre dernier, sur les dix présentés. Reste à généraliser les inscriptions au registre d’aptitude et à faire la chasse aux réfractaires à ce passage obligé chez les ostéopathes non vétérinaires. Un gros travail en perspective, notamment en équine !

 

La réforme de l’Ordre des vétérinaires

L’année 2017 aura été marquée par la poursuite de la refonte de l’Ordre, notamment la mise en place des douze nouvelles régions ordinales, le 30 mai dernier, à la suite des élections. C’est ainsi que six conseils régionaux sont nés de la fusion de deux, voire trois anciennes régions, avec leur cortège de réattributions de missions et de nouveaux fonctionnements locaux. Jacques Guérin a d’ailleurs rappelé son engagement à dresser un bilan de cette nouvelle cartographie.

Quant à la modernisation des textes qui régissent la profession vétérinaire en Nouvelle-Calédonie, une convention entre le gouvernement néocalédonien et le CNOV a permis le rattachement des praticiens et de leurs entreprises à la région Nouvelle-Aquitaine-Collectivités d’outre-mer.

 

L’Ordre des vétérinaires en chiffres

L’Ordre compte aujourd’hui 189 conseillers et 32 collaborateurs. En 2017, il a traité quelque 51 400 courriers, 140 000 courriels, 55 signalements, 50 dossiers d’aide sociale. Sur le plan répressif, 60 dossiers sont en cours d’instruction judiciaire, 107 affaires disciplinaires ont été jugées au niveau régional, 50 en chambre nationale. L’Ordre revendique 100 jours de sessions de conseil. Quant au conseil national, il a participé à 90 réunions internes et 190 réunions externes.

 

 

* Association Adelie (siège social 34 rue Breguet à Paris, au sein du CNOV) : son objet est de définir, mettre en place et maintenir les systèmes d’information correspondant aux processus métiers définis sur le plan réglementaire et propres à la profession vétérinaire. Ce système d’information doit adresser l’ensemble des espèces animales pour lesquelles la profession vétérinaire est susceptible d’intervenir ; définir, mettre en place et maintenir les systèmes informatiques (base de données, applications, Web, mobiles, etc.) relatifs à ce système d’information, de même que les systèmes d’échanges de données informatisées utilisés pour la communication d’informations avec les systèmes informatiques des vétérinaires et des organisations partenaires (administration vétérinaire, organisations d’élevages, etc.) ; conduire tous projets opérationnels se rapportant à l’objet de l’association (incluant les phases de préétude, de conception générale, de conception détaillée, de développement, de maintenance, d’administration des systèmes mis en place, de standardisation des systèmes d’échanges de données informatisées et de valorisation des données gérées par ces systèmes).

 

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