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Sur la piste de l’origine du Covid-19

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Alors que le virus du Covid-19 (coronavirus SARS-CoV-2) continue de circuler et de faire des victimes dans le monde, son origine demeure inconnue. Chaque communauté scientifique avance son hypothèse. Certaines suggèrent la possibilité d’un échappement du virus d’un laboratoire.

Une autre hypothèse, qui s’appuie sur des études récentes en lien avec le marché chinois de Wuhan et d’autres réalisées au Cambodge, Laos, Japon, Chine et Thaïlande, est celle d’une évolution à partir d’un virus ancestral présent chez les chauves-souris, de la famille des Rhinolophes notamment, chez des animaux domestiques ou sauvages, puis du passage du virus de ces animaux à l’homme. En effet, au cours de ces différentes études, plusieurs virus ayant des séquences génétiques très proches du SARS-CoV-2 ont été isolés chez ces chauves-souris.

 

Un chaînon manquant

S’il est maintenant avéré que certaines espèces de chauves-souris hébergent naturellement ces coronavirus, l’identité du ou des animaux domestiques ou sauvages qui auraient servi de relais entre ces dernières et l’homme – chaînons manquants – reste un mystère. Le Pangolin, initialement suspecté, apparaît maintenant plus comme une « victime collatérale » que comme un de ces fameux chaînons manquants. En effet, une séquence du génome de coronavirus qui a été détecté chez des Pangolins était bien apparentée à celle du SARS-CoV-2, mais le reste du génome en était génétiquement trop éloigné.

D’autre part, les pangolins sur lesquels des virus génétiquement proches du SARS-CoV-2 ont été isolés avaient la plupart du temps été confisqués sur des marchés d’animaux vivants, en bout de chaîne commerciale, et avaient donc été en contact prolongé avec d’autres espèces animales. Il est fort probable qu’ils aient été contaminés le long de cette filière et non dans leur milieu naturel. Les élevages de visons ont également été suspectés en Chine.

Enfin, les Pangolins et les Rhinolophes ne partagent pas les mêmes habitats, ce qui rend très improbable un éventuel contact entre les deux espèces, au cours duquel le virus serait passé d’une chauve-souris à un pangolin. Civettes et/ou chiens viverrins pourraient quant à eux constituer un réservoir intermédiaire pour le SARS-CoV-1). Les rongeurs ou primates peuvent également être porteurs de pathogènes à potentiel zoonotique, tels que les Hantavirus qui peuvent notamment entraîner une fièvre hémorragique avec syndrome rénal grave ou les Filovirus, dont le virus de la maladie Ebola. Ce dernier est transmis à l’homme par les animaux sauvages, notamment la roussette, le porc-épic et les primates tels que les chimpanzés ou les gorilles, et se propage ensuite dans la population humaine essentiellement par contact direct avec le sang, les sécrétions et autres fluides corporels des personnes infectées. Le taux de létalité moyen des cas est d’environ 50 %.

En 2013, de premiers cas de maladie à virus Ebola (MVE) étaient détectés en Afrique de l’Ouest. Cette émergence engendrera plus de 10 000 décès principalement en Guinée, au Libéria et en Sierra Leone.

 

Alors que le virus du Covid-19 (coronavirus SARS-CoV-2) continue de circuler et de faire des victimes dans le monde, son origine demeure inconnue. Chaque communauté scientifique avance son hypothèse. Certaines suggèrent la possibilité d’un échappement du virus d’un laboratoire

 

La consommation de viande de brousse : une pratique à risque

Les risques de transmission des animaux à l’homme, phénomène dit de spillover, que ce soit pendant la chasse, la manipulation des animaux ou la consommation de la viande sauvage sont donc réels et potentiellement dévastateurs.

C’est à la caractérisation et la quantification de ce risque, au Cambodge, que le projet ZooCov, a exploré au travers d’une approche « Une seule Santé », pendant presque 2 ans et depuis le début de la pandémie, si oui, et comment, des pathogènes tels que les coronavirus pouvaient être transmis des animaux sauvages, chassés et consommés, à l’homme.

En effet, en Asie du Sud Est, le commerce d’animaux sauvages et la consommation de viande de brousse sont une pratique courante. Souvent opportuniste, cette consommation vient dans certaines communautés compléter un régime pauvre en protéines. Elle peut également être régulière et ciblée. Au Cambodge, sur 107 familles interviewées pendant ZooCov, 77 % déclaraient avoir consommé de la viande de brousse le mois précédent.

L’utilisation à des fins médicinales est également très répandue. Au Vietnam, l’analyse des rapports de confiscations de Pangolins et produits dérivés réalisée entre 2016 et 2020 par les autorités vietnamiennes font état de 1 342 Pangolins vivants (6 330 kg), 759 pangolins morts ou de carcasses (3 305 kg), et de 43 902 kg d’écailles.

Mais, cette consommation revêt également un aspect culturel et social encore mal appréhendé. Pour des classes aisées, et souvent dans les grandes villes, cette consommation peut être motivée par un besoin de reconnaissance sociale, des croyances selon lesquelles le consommateur de cette viande s’approprie les vertus physiques ou physiologiques de l’animal consommé, ou bien par une volonté de s’inscrire en faux face à la consommation d’une viande industrielle néfaste pour la santé. L’élevage de faune pour répondre à cette demande, et/ou à la production de fourrure est également répandu.

Au Cambodge, dans les provinces de Stung Treng et du Mondolkiri où des aires protégées forestières subsistent, plus de 900 personnes qui vivent en périphérie de ces forêts ont été interviewées pour tenter d’analyser les structures et fonctionnements des filières commerciales, illégales, de viande de brousse. Des analyses statistiques sont en cours pour identifier les personnes les plus à risque d’être en contact avec de tels pathogènes. On sait d’ores et déjà que les personnes exposées sont principalement des hommes jeunes, et de la classe moyenne. Certaines communautés sont également plus exposées que d’autres. Des enquêtes sociologiques ont également permis de mieux comprendre le contexte actuel – l’encadrement juridique, les profils des acteurs de ce commerce, leurs freins et leurs motivations, liés au commerce d’animaux sauvages et leur consommation, et l’évolution de ce contexte au fil des différentes crises sanitaires (Grippe aviaire, Ebola, SARS-CoV-1…).

 

Quelles populations peuvent-elles être en danger ?

Ces crises successives semblent avoir peu d’impact sur les pratiques de ces communautés. Au-delà d’une consommation régulière, un quart des familles interviewées rapportaient encore une activité de chasse ou de piégeage, et 11 % déclaraient vendre de la viande de brousse et/ou des animaux sauvages. Par ailleurs, et dans les mêmes sites d’étude, plus de 2000 prélèvements d’animaux sauvages faisant l’objet de trafic, ou d’une consommation de subsistance – chauve-souris, rongeurs, tortues, singes, oiseaux, cochons sauvages, etc. ont été analysés. Certains des échantillons ont été testés positifs pour des coronavirus notamment, et sont en cours d’analyses à l’Institut Pasteur du Cambodge (IPC) pour séquencer le génome et en apprendre plus sur son origine, son évolution et son potentiel zoonotique. Enfin, des prises de sang ont été réalisées sur plus de 900 personnes enquêtées dans la même zone pour savoir si ces dernières avaient été en contact avec un/des coronavirus. Les analyses sont encore en cours, mais on sait d’ores et déjà que ces personnes n’avaient pas, au moment de l’enquête, été exposées au SARS-CoV-2.

La crise Covid l’a clairement démontré : il est essentiel de détecter précocement ces émergences pour mettre en place le plus rapidement possible des mesures qui empêchent la propagation des pathogènes. Et si beaucoup de questions subsistent quant aux mécanismes d’émergence, il en va logiquement de même pour les systèmes de surveillance à mettre en place pour les surveiller. Les résultats du projet ZooCov seront utilisés pour développer un système de détection précoce des évènements de spill-over des virus zoonotiques, notamment en renforçant le système de surveillance de la santé de la faune sauvage déjà existant au Cambodge et mis en place par le Wildlife Conservation Society WCS. D’autres importants projets de recherche et de développement contribueront à la compréhension de ces phénomènes d’émergences, à leur prévention et à leur détection précoce.


Les auteurs remercient les ministères de la Santé, de l’Agriculture et de l’Élevage, et de l’Environnement du Cambodge, ainsi que tous les partenaires du projet : Institut Pasteur du Cambodge (IPC), Wildlife Conservation Society (WCS) Flora and Fauna International (FFI), Institut de Recherche pour le Développement (IRD), Hongkong University (HKU), Réseau GREASE, International Development Enterprise (iDE), World Wildlife Fund (WWF), Elephant Livelihood Initiative Environment (E.L.I.E), BirdLife International, Jahoo, World Hope International.

Véronique Chevalier, Veterinarian epidemiologist, Cirad; François Roger, Directeur régional Asie du Sud-Est, vétérinaire et épidémiologiste, Cirad, and Julia Guillebaud, Ingénieure de recherche , Institut Pasteur

 

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

Sciences vétérinaires : le classement 2022 des 50 meilleures écoles mondiales est paru

Le top 50 des meilleures écoles vétérinaires à l’échelle mondiale vient d’être publié, pour la huitième année consécutive. Cinquante des plus grandes universités internationales dans le domaine des sciences vétérinaires sont ainsi comparées et classées dans le QS World University Rankings, issues d’une vingtaine de pays. En Europe, la France est toujours absente du top 50, mais l’école nationale vétérinaire d’Alfort fait partie du groupe des 51 à 60 premiers.

Zoonoses : les virus West Nile et Usutu circulent dans les populations d’oiseaux

Pour la première fois, les anticorps neutralisants de deux flavivirus zoonotiques, West Nile et Usutu, ont été prélevés chez des passereaux dans l’ouest de l’Espagne. La découverte de la circulation de ces virus chez des espèces d’oiseaux locales et migratrices a des implications à la fois pour la santé animale et la santé publique. De futures épidémies chez les hôtes réservoirs aviaires peuvent en effet survenir et les passereaux doivent désormais être considérés comme des espèces cibles prioritaires dans les programmes de surveillance des flavivirus.

Les pieuvres sont intelligentes : il ne serait pas éthique d’en faire l’élevage

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Un projet d’élevage aquacole de pieuvres dans les îles Canaries permettrait d’élever 3 000 tonnes de pieuvres par an, ce qui signifie que l’on tuerait près de 275 000 individus chaque année.

Dans le cadre de mes recherches, j’étudie l’esprit et l’éthique des animaux. L’expression « culture des pieuvres » peut faire penser à Octopolis et à Octlantis, deux communautés de pieuvres sauvages de Jarvis Bay, en Australie.

À Octopolis, de nombreuses pieuvres se partagent – et se disputent – quelques mètres carrés de fond marin. Dans ces villes aquatiques, les pieuvres forment des hiérarchies de domination et développent de nouveaux comportements : les pieuvres mâles luttent pour le territoire et, peut-être, pour les femelles, en se lançant des objets et en se battant.

Les communautés de pieuvres

Les biologistes ont été surpris de découvrir l’existence de communautés de pieuvres. Ils les ont longtemps considérées comme des animaux solitaires qui interagissent entre eux dans trois contextes spécifiques : la chasse, la fuite et l’accouplement.

Ce qu’Octopolis nous permet d’observer, c’est que ce qui se produit dans la nature existe également chez les pieuvres en captivité : lorsqu’elles vivent dans un environnement de captivité trop dense, les pieuvres forment des hiérarchies de domination.

Dans leur lutte pour le pouvoir, les mâles adoptent une série de comportements antagonistes, notamment en lançant des coquilles de pétoncles pour défendre leur tanière et en s’élevant de manière à prendre l’apparence d’un vampire menaçant. Les pieuvres soumises manifestent leur docilité en affichant des couleurs claires et en prenant des postures corporelles aplaties. En échange de leurs efforts, les individus dominants semblent obtenir un accès aux meilleures tanières et aux femelles.

Un regard sur la vie sociale des pieuvres par le philosophe australien Peter Godfrey-Smith.

Culture animale

Ce qu’on peut observer à Octopolis et à Octlantis constitue une « culture des pieuvres ». L’idée d’une culture animale est apparue après que des scientifiques ont constaté que, dans certains groupes, les animaux accomplissent des actions qu’on ne verrait pas dans d’autres groupes de la même espèce.

L’un des premiers tenants d’une culture animale est le primatologue japonais Kinji Imanishi qui, dans les années 1950, a remarqué qu’un groupe de macaques japonais de l’île de Koshima lavait les patates douces dans l’eau avant de les manger.

Il s’agissait d’un nouveau comportement qu’on ne voyait pas chez les autres groupes de macaques, et les observateurs ont eu la chance d’en découvrir les origines. Un singe nommé Imo a été le premier à laver une patate dans l’eau salée et d’autres l’ont rapidement imité, ce qui a ensuite été repris par toute la communauté.

La notion de culture animale a inspiré une grande partie des travaux ultérieurs de la primatologie japonaise, mais en Europe et en Amérique du Nord, cela n’a guère retenu l’attention avant 1999, après la publication d’un article sur la culture chez les chimpanzés. Depuis lors, des preuves de culture – des comportements typiques d’un groupe appris socialement – ont été observées dans tout le règne animal, y compris chez les poissons, les oiseaux et les insectes.

un groupe de macaques japonais dans un lac vaporeux entouré de neige
Des macaques japonais qui affichaient un comportement social ont influencé une approche culturelle de la primatologie qui s’est ensuite étendue à l’étude d’autres macaques.
(Shutterstock)

Un nouveau type de pieuvre

La proposition de mettre en place un élevage de pieuvres donnera lieu à une nouvelle culture chez les pieuvres, car lorsque des animaux culturels sont réunis, ils créent inévitablement une société. C’est également une occasion de créer un nouveau type de pieuvre : les comportements culturels associés à l’environnement en captivité constitueront une nouvelle niche environnementale qui déterminera leur évolution ultérieure.

Les animaux d’élevage que nous connaissons bien – comme les vaches Angus et les porcs Choctaw – ont été domestiqués et sont totalement différents des individus dont ils descendent.

Beaucoup de nos animaux domestiques ne pourraient survivre sans que des êtres humains en prennent soin. Citons les lapins domestiques, qui ont évolué sans les instincts ni la couleur de robe des lapins sauvages, éléments qui les protègent des prédateurs, les moutons dont la laine devient trop épaisse s’ils ne sont pas régulièrement tondus et les poulets élevés pour leur viande qui ne peuvent marcher à l’âge adulte parce que leur poitrine est trop lourde.

En démarrant un élevage de pieuvre, on crée un nouveau type d’animal dont l’existence dépend de l’homme. Ce n’est pas une idée à prendre à la légère ni un projet que l’on peut, de manière responsable, tenter, puis abandonner s’il s’avère trop difficile ou non rentable.

Gérer les populations de pieuvres

Il existe de nombreuses raisons de craindre que les élevages de pieuvres soient difficiles à gérer. Contrairement à d’autres animaux d’élevage, les pieuvres ont besoin de leur espace. Octopolis est déjà un champ de bataille de pieuvres qui s’affrontent ; on ne peut que se demander à quoi cela ressemblera avec des milliers d’individus.

Les pieuvres sont sensibles – ce sont des animaux émotifs qui ressentent la douleur. Un rapport commandé par le ministère de l’Environnement, de l’Alimentation et des Affaires rurales du Royaume-Uni a analysé les preuves scientifiques de la présence de douleur chez les mollusques céphalopodes (pieuvres, calmars et seiches).

Les animaux sensibles utilisés pour l’alimentation sont protégés par des lois sur le bien-être et tués de manière à minimiser leur douleur. Parmi les méthodes actuelles pour abattre les pieuvres, on trouve le matraquage, le découpage de la cervelle et l’asphyxie. Les auteurs du rapport concluent qu’aucune de ces méthodes n’est humaine et recommandent de ne pas pratiquer l’élevage des pieuvres.

Les pieuvres sont des spécialistes de l’évasion. Le type d’habitat dont elles ont besoin est difficile à réaliser, surtout si on lui fournit un milieu enrichi, car il sera forcément plein de voies de fuite possibles.

une pieuvre pressée contre le verre d’un bac d’aquarium
Les pieuvres sont réputées pour leur capacité à s’échapper des bassins.
(Shutterstock)

Si l’on démarre un élevage de pieuvres, puis qu’on l’abandonne, on ne peut relâcher dans la mer les milliers de pieuvres domestiquées et s’attendre à ce qu’elles survivent. Les nombreuses tentatives coûteuses de libérer Keiko, l’orque qui jouait dans le film Mon ami Willy, nous ont appris qu’il n’est pas facile de réintroduire avec succès un animal culturel dans la nature. Même après qu’on ait dépensé 20 millions de dollars américains, Keiko a fini par mourir en captivité.

Le projet de réunir des milliers d’individus dans une mégalopole de pieuvres ferait sans doute évoluer la culture des pieuvres bien au-delà de ce que l’on peut trouver dans la nature ou en captivité. Cela créerait des centaines de milliers de Keiko, des animaux culturels aquatiques capturés dans la nature et placés en captivité, et les obligerait à vivre ensemble et à développer une nouvelle culture dans ce qui sera certainement un bidonville violent.

Maintenant que nous savons que les pieuvres ressentent des émotions et ont une culture, nous commençons à repenser les pratiques actuelles d’élevage intensif.

Ce n’est pas le bon moment pour proposer un tel projet. Nous devons faire preuve de discernement.The Conversation

Kristin Andrews, Professor, Philosophy, York University, Canada

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

Zoonoses : le rôle de la faune sauvage dans l’émergence des maladies humaines remis en question

Selon un rapport de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), le contact avec des espèces animales sauvages n’est pas la source principale de transmission des zoonoses. Ce qui inquiète le plus la commission de la sauvegarde des espèces de l’UICN, c’est le risque de maladie lié au commerce d’animaux domestiques et de produits dérivés mal réglementé ou mal contrôlé.

Un modèle animal canin pour mieux comprendre la surdouance chez l’homme

Certains chiens surdoués ont une capacité d’apprentissage du langage humain plus exceptionnelle que d’autres. Cette aptitude n’est pas passée inaperçue et des chercheurs ont voulu utiliser le chien comme modèle animal pour comprendre l’origine de la variation individuelle des compétences cognitives, en particulier celle des performances exceptionnelles.

Médecine comparative : une approche “One health” de la mort subite cardiaque

La mort subite d’origine cardiaque est un enjeu de santé publique majeur. Mais les humains ne sont pas les seuls concernés. Les chiens et les chats y sont également sujets et partagent de nombreuses similitudes physiopathologiques et génétiques avec l’homme. Les animaux de compagnie pourraient donc bénéficier des connaissances rassemblées sur le sujet en médecine humaine, de même qu’ils pourraient devenir de bons modèles d’étude pour découvrir de nouvelles approches thérapeutiques au bénéfice de la santé globale, humaine et animale.

Mise à jour des lignes directrices pour la gestion de la fin de vie chez le chat

L’American Association of Feline Practitioners (AAFP) a actualisé ses recommandations concernant les soins aux chats seniors et la gestion de la fin de vie de ces animaux qui étaient restées inchangées depuis douze ans. De nouvelles pratiques s’ajoutent, notamment sur l’évaluation clinique, le rôle du propriétaire, la prise en charge du vieillissement et les maladies rencontrées.

Parvovirose canine : un nouveau test pour mieux immuniser contre le parvovirus

Malgré l’existence d’un vaccin efficace, le parvovirus canin continue de se disséminer. Il existe en effet une période critique dans la vie d’un chiot pendant laquelle il est sensible à l’infection, mais ne répond pas à la vaccination. Pour améliorer le calendrier vaccinal, des tests sérologiques sont effectués, mais ils ne sont pas parfaits. Des vétérinaires ont cherché à affiner le protocole du test d’inhibition de l’hémagglutination pour éviter une mauvaise interprétation des résultats et une vaccination inefficace.

Des aliments crus pour chiens contaminés par des bactéries résistantes

De nouvelles études sur les produits alimentaires pour chiens vendus dans toute l’Europe mettent en évidence la présence de bactéries résistantes aux antibiotiques dans les produits crus, notamment des superbactéries présentes chez des patients hospitalisés. La tendance actuelle qui consiste à nourrir les chiens avec des aliments crus pourrait donc participer à la propagation de multirésistances et devenir une source majeure d’antibiorésistance, ce qui en fait un risque pour la santé publique mondiale.

Réduire l’usage d’antibiotiques pour traiter la diarrhée chez le veau

Dans les élevages laitiers, l’une des principales utilisations des antimicrobiens est destinée aux veaux pour lutter contre les diarrhées et prévenir une bactériémie mortelle. Des chercheurs proposent une nouvelle méthode multifactorielle pour réduire et affiner cet usage non raisonné sans impacter la santé et le bien-être des animaux.

L’agriculture bio garantit-elle un meilleur bien-être des animaux d’élevage ?

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Le 30 juin 2021, la Commission européenne a répondu favorablement aux 1,4 million de citoyens ayant signé l’initiative citoyenne européenne (ICE) « End the Cage Age », en annonçant qu’elle proposerait d’ici à 2023 une proposition législative visant à interdire l’élevage des animaux en cages. Cette nouvelle constitue une avancée considérable pour ces animaux dont la liberté de mouvement et les contacts sociaux sont limités.

À l’échelle de l’Union européenne (UE), où les États doivent tenir compte du bien-être des animaux en tant qu’êtres sensibles, plusieurs textes établissent déjà des normes de protection des animaux d’élevage.

On parle de « bien-être » lorsqu’un animal est en bonne santé (physique et mentale) et a la possibilité d’exprimer des comportements naturels qui correspondent à ses besoins et à ses attentes.

Mais ces textes sont encore insuffisants et ne garantissent pas le bien-être des animaux. Par exemple, les éleveurs ne sont pas contraints de fournir un accès à l’extérieur à leurs animaux (ce qui ne les empêche pas toutefois de le faire s’ils le souhaitent).

Pour l’agriculture biologique, des règles spécifiques viennent s’ajouter aux règles minimales de protection – là encore, les éleveurs bio peuvent aller au-delà et adopter proactivement des pratiques vertueuses pour leurs animaux. « Contribuer à des normes élevées en matière de bien-être animal » constitue un des objectifs de l’agriculture bio, la garantie d’un meilleur bien-être des animaux étant d’ailleurs l’une des motivations pour la consommation de produits biologiques.

Pour autant, la réglementation applicable à la production bio permet-elle de garantir un niveau optimal de bien-être animal ?

Sur de nombreux aspects, celle-ci promeut, même si ce n’est pas optimal, un meilleur bien-être des animaux en comparaison avec le droit applicable aux élevages conventionnels.

Un environnement plus naturel

L’accès à l’extérieur représente sans doute l’une des avancées les plus significatives du bio en faveur d’un meilleur bien-être animal. Dans de nombreux élevages, les animaux n’ont en effet plus accès à l’extérieur et passent leur vie dans des bâtiments, les empêchant d’exprimer certains comportements naturels, comme celui de pâturer pour les vaches laitières. Or ces dernières expriment une très nette préférence ainsi qu’une très forte motivation pour accéder au pâturage.

Contrairement aux élevages conventionnels, à qui rien n’est imposé à ce sujet, les élevages bio doivent prévoir un accès à l’extérieur pour leurs animaux dès que les conditions le permettent. Cet espace extérieur doit en outre répondre à certaines conditions qui varient selon les espèces – l’accès à un plan d’eau pour les oiseaux aquatiques, l’accès à un abri ou à un endroit ombragé pour les animaux terrestres.

Isolement, attache et élevage en cage interdits

Alors que l’élevage en cage reste autorisé dans l’élevage conventionnel, il est interdit dans les fermes bio européennes. Il s’agit d’une avancée notable pour de nombreux animaux, notamment les volailles. En France, bien que le nombre de poules pondeuses en cages ait fortement diminué ces dernières années, un tiers d’entre elles sont toujours élevées dans ces conditions.

Les systèmes dits « à l’attache » sont courants dans certains États de l’Union, notamment en Suède et en Allemagne. Cette pratique, qui restreint considérablement la liberté de mouvement des animaux, est interdite en bio.

Des exceptions sont toutefois prévues, mais elles demeurent limitées : dans certains élevages (notamment dans les zones montagneuses), l’attache des animaux reste possible si les animaux ont un accès régulier à l’extérieur.

Une autre exception concerne la liberté de mouvement des truies. Dans les élevages conventionnels, les truies sont généralement maintenues dans des cages dans lesquelles elles peuvent seulement se lever et se coucher pendant de longues périodes (entre huit et dix semaines par cycle de reproduction).

Dans les élevages conventionnels, les truies sont en général maintenues dans des cages pendant les quatre premières semaines de gestation, comme sur cette photo, la semaine qui précède la mise bas ainsi que la période d’allaitement.
We Animals Media

En bio, la contention des truies n’est possible que sur une courte période (huit jours autour de la mise bas dans les élevages français). C’est une amélioration considérable, même s’il est regrettable que l’utilisation de ces cages ne soit pas simplement interdite.

Isoler les animaux est une autre pratique par principe interdite en bio, mais qui peut être autorisée dans certains cas pour une durée limitée.

L’isolement social peut sérieusement compromettre le développement de jeunes animaux comme les veaux, qui sont généralement logés individuellement après la naissance. En bio, ils ne pourront rester qu’une semaine seuls alors que cet isolement peut durer jusqu’à huit semaines dans les élevages conventionnels. La différence est de taille puisque les contacts sociaux sont importants pour ces animaux.

Dans une récente étude, des chercheurs ont montré que des veaux logés individuellement étaient motivés pour rejoindre leurs congénères (leur motivation a été mesurée en comparant le poids maximal et la fréquence à laquelle les veaux poussaient une porte lestée pour accéder soit à une case avec un autre veau soit à une case vide).

Vers l’élimination des mutilations physiques ?

La réglementation bio entend également limiter les mutilations physiques.

En dehors de la castration, autorisée « pour assurer la qualité des produits et maintenir les pratiques traditionnelles », les mutilations comme la coupe de queue des ovins, l’épointage du bec des volailles ou encore l’écornage des veaux, ne sont autorisées qu’« à titre exceptionnel », « au cas par cas et uniquement lorsque ces pratiques améliorent la santé, le bien-être ou l’hygiène des animaux ou lorsque la sécurité des travailleurs est compromise ».

Pourtant, certaines de ces mutilations demeurent fréquentes dans les faits. C’est le cas notamment de l’écornage, les vaches ayant conservé leurs cornes étant considérées comme plus dangereuses pour les éleveurs.

Afin de réduire au minimum la souffrance des animaux lors de ces mutilations, il est obligatoire en bio d’anesthésier l’animal et/ou de lui donner des antidouleurs, ce qui va dans le bon sens puisque de telles mutilations sont encore trop souvent réalisées sans aucune prise en charge de la douleur.

Le législateur aurait pu aller plus loin en imposant l’administration d’un anesthésique et d’un antidouleur, comme le recommandent des études notamment pour l’écornage. Surtout, il aurait pu encadrer davantage le recours à ces pratiques voire les interdire.

Des contrôles plus fréquents

Les règles spécifiques prévues pour l’élevage bio contiennent des avancées significatives pour améliorer la vie des animaux d’élevage. Leur respect par les éleveurs s’avère également régulièrement contrôlé, ce qui n’est pas le cas des élevages conventionnels, rarement inspectés.

La France, comme la plupart des États de l’Union européenne, a confié le contrôle des fermes bio à des organismes privés indépendants. Les élevages bio français doivent en effet être inspectés au moins une fois par an par un des organismes certificateurs agréés par l’Institut national de l’origine et de la qualité (établissement public rattaché au ministère de l’Agriculture) et le Comité français d’accréditation. Cette inspection annuelle peut être complétée par des contrôles inopinés.

Fin de vie : un manque d’ambition !

Alors que les règles portant sur les conditions d’élevage des animaux sont nombreuses en bio, celles sur leur fin de vie – c’est-à-dire lorsqu’ils quittent la ferme pour être transportés puis abattus – sont bien plus limitées. Face au transport et à l’abattage, les animaux sont – à quelques exceptions près – confrontées aux mêmes difficultés, qu’ils viennent d’élevages bio ou non.

Une différence – notable – concerne l’étourdissement. Pour qu’un produit d’origine animale puisse porter le logo bio, il faut que l’animal ait été étourdi avant d’être abattu. C’est la Cour de justice de l’UE, sous l’impulsion de l’association OABA, qui a apporté cette précision début 2019.

Une telle évolution va dans le sens d’une meilleure protection de l’animal au moment de l’abattage dans la mesure où l’étourdissement vise à provoquer une perte de conscience et de sensibilité avant la mise à mort.

Il est regrettable que rien (ou presque) n’ait été prévu pour le transport. La réglementation encadrant le transport des animaux – qui s’applique donc aussi aux animaux issus d’élevages bio – est insuffisante et fait l’objet de vives critiques, y compris de la part des institutions.

Si, en principe, les animaux ne peuvent être transportés plus de huit heures, cette durée peut être prolongée. En réalité, seuls des temps de transport avant une pause ou un déchargement sont prévus, mais les textes ne fixent aucune durée maximale de transport pour l’ensemble du voyage.

Ainsi, un porc peut par exemple passer vingt-quatre heures dans un camion avant d’en sortir, non pas définitivement mais pour une période de « repos » de vingt-quatre heures, avant de repartir (et ainsi de suite).

Parce que le transport – a fortiori de longue durée – met rudement à l’épreuve le bien-être des animaux, on ne peut que déplorer l’insuffisance des règles en la matière, notamment de la réglementation bio qui affiche pourtant sa volonté de limiter au maximum la souffrance des animaux.

On le voit, si la réglementation applicable aux élevages bio n’est pas optimale, elle garantit néanmoins un « mieux-être animal » qui pourrait servir d’exemple pour améliorer la condition de tous les animaux d’élevage.The Conversation

Eugénie Duval, Docteure en droit public, Visiting Scientist (Animal Welfare Program, University of British Columbia), membre associée au Centre de recherche sur les droits fondamentaux et les évolutions du droit, Université de Caen Normandie et Benjamin Lecorps, Docteur en biologie animale appliquée, post-doctorant, University of British Columbia

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

 

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