La mort subite d’origine cardiaque est un enjeu de santé publique majeur. Mais les humains ne sont pas les seuls concernés. Les chiens et les chats y sont également sujets et partagent de nombreuses similitudes physiopathologiques et génétiques avec l’homme. Les animaux de compagnie pourraient donc bénéficier des connaissances rassemblées sur le sujet en médecine humaine, de même qu’ils pourraient devenir de bons modèles d’étude pour découvrir de nouvelles approches thérapeutiques au bénéfice de la santé globale, humaine et animale.
Mise à jour des lignes directrices pour la gestion de la fin de vie chez le chat
L’American Association of Feline Practitioners (AAFP) a actualisé ses recommandations concernant les soins aux chats seniors et la gestion de la fin de vie de ces animaux qui étaient restées inchangées depuis douze ans. De nouvelles pratiques s’ajoutent, notamment sur l’évaluation clinique, le rôle du propriétaire, la prise en charge du vieillissement et les maladies rencontrées.
Parvovirose canine : un nouveau test pour mieux immuniser contre le parvovirus
Malgré l’existence d’un vaccin efficace, le parvovirus canin continue de se disséminer. Il existe en effet une période critique dans la vie d’un chiot pendant laquelle il est sensible à l’infection, mais ne répond pas à la vaccination. Pour améliorer le calendrier vaccinal, des tests sérologiques sont effectués, mais ils ne sont pas parfaits. Des vétérinaires ont cherché à affiner le protocole du test d’inhibition de l’hémagglutination pour éviter une mauvaise interprétation des résultats et une vaccination inefficace.
Des aliments crus pour chiens contaminés par des bactéries résistantes
De nouvelles études sur les produits alimentaires pour chiens vendus dans toute l’Europe mettent en évidence la présence de bactéries résistantes aux antibiotiques dans les produits crus, notamment des superbactéries présentes chez des patients hospitalisés. La tendance actuelle qui consiste à nourrir les chiens avec des aliments crus pourrait donc participer à la propagation de multirésistances et devenir une source majeure d’antibiorésistance, ce qui en fait un risque pour la santé publique mondiale.
Réduire l’usage d’antibiotiques pour traiter la diarrhée chez le veau
Dans les élevages laitiers, l’une des principales utilisations des antimicrobiens est destinée aux veaux pour lutter contre les diarrhées et prévenir une bactériémie mortelle. Des chercheurs proposent une nouvelle méthode multifactorielle pour réduire et affiner cet usage non raisonné sans impacter la santé et le bien-être des animaux.
L’agriculture bio garantit-elle un meilleur bien-être des animaux d’élevage ?
Le 30 juin 2021, la Commission européenne a répondu favorablement aux 1,4 million de citoyens ayant signé l’initiative citoyenne européenne (ICE) « End the Cage Age », en annonçant qu’elle proposerait d’ici à 2023 une proposition législative visant à interdire l’élevage des animaux en cages. Cette nouvelle constitue une avancée considérable pour ces animaux dont la liberté de mouvement et les contacts sociaux sont limités.
À l’échelle de l’Union européenne (UE), où les États doivent tenir compte du bien-être des animaux en tant qu’êtres sensibles, plusieurs textes établissent déjà des normes de protection des animaux d’élevage.
On parle de « bien-être » lorsqu’un animal est en bonne santé (physique et mentale) et a la possibilité d’exprimer des comportements naturels qui correspondent à ses besoins et à ses attentes.
Mais ces textes sont encore insuffisants et ne garantissent pas le bien-être des animaux. Par exemple, les éleveurs ne sont pas contraints de fournir un accès à l’extérieur à leurs animaux (ce qui ne les empêche pas toutefois de le faire s’ils le souhaitent).
Pour l’agriculture biologique, des règles spécifiques viennent s’ajouter aux règles minimales de protection – là encore, les éleveurs bio peuvent aller au-delà et adopter proactivement des pratiques vertueuses pour leurs animaux. « Contribuer à des normes élevées en matière de bien-être animal » constitue un des objectifs de l’agriculture bio, la garantie d’un meilleur bien-être des animaux étant d’ailleurs l’une des motivations pour la consommation de produits biologiques.
Pour autant, la réglementation applicable à la production bio permet-elle de garantir un niveau optimal de bien-être animal ?
Sur de nombreux aspects, celle-ci promeut, même si ce n’est pas optimal, un meilleur bien-être des animaux en comparaison avec le droit applicable aux élevages conventionnels.
Table des matières
Un environnement plus naturel
L’accès à l’extérieur représente sans doute l’une des avancées les plus significatives du bio en faveur d’un meilleur bien-être animal. Dans de nombreux élevages, les animaux n’ont en effet plus accès à l’extérieur et passent leur vie dans des bâtiments, les empêchant d’exprimer certains comportements naturels, comme celui de pâturer pour les vaches laitières. Or ces dernières expriment une très nette préférence ainsi qu’une très forte motivation pour accéder au pâturage.
Contrairement aux élevages conventionnels, à qui rien n’est imposé à ce sujet, les élevages bio doivent prévoir un accès à l’extérieur pour leurs animaux dès que les conditions le permettent. Cet espace extérieur doit en outre répondre à certaines conditions qui varient selon les espèces – l’accès à un plan d’eau pour les oiseaux aquatiques, l’accès à un abri ou à un endroit ombragé pour les animaux terrestres.
Isolement, attache et élevage en cage interdits
Alors que l’élevage en cage reste autorisé dans l’élevage conventionnel, il est interdit dans les fermes bio européennes. Il s’agit d’une avancée notable pour de nombreux animaux, notamment les volailles. En France, bien que le nombre de poules pondeuses en cages ait fortement diminué ces dernières années, un tiers d’entre elles sont toujours élevées dans ces conditions.
Les systèmes dits « à l’attache » sont courants dans certains États de l’Union, notamment en Suède et en Allemagne. Cette pratique, qui restreint considérablement la liberté de mouvement des animaux, est interdite en bio.
Des exceptions sont toutefois prévues, mais elles demeurent limitées : dans certains élevages (notamment dans les zones montagneuses), l’attache des animaux reste possible si les animaux ont un accès régulier à l’extérieur.
Une autre exception concerne la liberté de mouvement des truies. Dans les élevages conventionnels, les truies sont généralement maintenues dans des cages dans lesquelles elles peuvent seulement se lever et se coucher pendant de longues périodes (entre huit et dix semaines par cycle de reproduction).
En bio, la contention des truies n’est possible que sur une courte période (huit jours autour de la mise bas dans les élevages français). C’est une amélioration considérable, même s’il est regrettable que l’utilisation de ces cages ne soit pas simplement interdite.
Isoler les animaux est une autre pratique par principe interdite en bio, mais qui peut être autorisée dans certains cas pour une durée limitée.
L’isolement social peut sérieusement compromettre le développement de jeunes animaux comme les veaux, qui sont généralement logés individuellement après la naissance. En bio, ils ne pourront rester qu’une semaine seuls alors que cet isolement peut durer jusqu’à huit semaines dans les élevages conventionnels. La différence est de taille puisque les contacts sociaux sont importants pour ces animaux.
Dans une récente étude, des chercheurs ont montré que des veaux logés individuellement étaient motivés pour rejoindre leurs congénères (leur motivation a été mesurée en comparant le poids maximal et la fréquence à laquelle les veaux poussaient une porte lestée pour accéder soit à une case avec un autre veau soit à une case vide).
Vers l’élimination des mutilations physiques ?
La réglementation bio entend également limiter les mutilations physiques.
En dehors de la castration, autorisée « pour assurer la qualité des produits et maintenir les pratiques traditionnelles », les mutilations comme la coupe de queue des ovins, l’épointage du bec des volailles ou encore l’écornage des veaux, ne sont autorisées qu’« à titre exceptionnel », « au cas par cas et uniquement lorsque ces pratiques améliorent la santé, le bien-être ou l’hygiène des animaux ou lorsque la sécurité des travailleurs est compromise ».
Pourtant, certaines de ces mutilations demeurent fréquentes dans les faits. C’est le cas notamment de l’écornage, les vaches ayant conservé leurs cornes étant considérées comme plus dangereuses pour les éleveurs.
Afin de réduire au minimum la souffrance des animaux lors de ces mutilations, il est obligatoire en bio d’anesthésier l’animal et/ou de lui donner des antidouleurs, ce qui va dans le bon sens puisque de telles mutilations sont encore trop souvent réalisées sans aucune prise en charge de la douleur.
Le législateur aurait pu aller plus loin en imposant l’administration d’un anesthésique et d’un antidouleur, comme le recommandent des études notamment pour l’écornage. Surtout, il aurait pu encadrer davantage le recours à ces pratiques voire les interdire.
Des contrôles plus fréquents
Les règles spécifiques prévues pour l’élevage bio contiennent des avancées significatives pour améliorer la vie des animaux d’élevage. Leur respect par les éleveurs s’avère également régulièrement contrôlé, ce qui n’est pas le cas des élevages conventionnels, rarement inspectés.
La France, comme la plupart des États de l’Union européenne, a confié le contrôle des fermes bio à des organismes privés indépendants. Les élevages bio français doivent en effet être inspectés au moins une fois par an par un des organismes certificateurs agréés par l’Institut national de l’origine et de la qualité (établissement public rattaché au ministère de l’Agriculture) et le Comité français d’accréditation. Cette inspection annuelle peut être complétée par des contrôles inopinés.
Fin de vie : un manque d’ambition !
Alors que les règles portant sur les conditions d’élevage des animaux sont nombreuses en bio, celles sur leur fin de vie – c’est-à-dire lorsqu’ils quittent la ferme pour être transportés puis abattus – sont bien plus limitées. Face au transport et à l’abattage, les animaux sont – à quelques exceptions près – confrontées aux mêmes difficultés, qu’ils viennent d’élevages bio ou non.
Une différence – notable – concerne l’étourdissement. Pour qu’un produit d’origine animale puisse porter le logo bio, il faut que l’animal ait été étourdi avant d’être abattu. C’est la Cour de justice de l’UE, sous l’impulsion de l’association OABA, qui a apporté cette précision début 2019.
Une telle évolution va dans le sens d’une meilleure protection de l’animal au moment de l’abattage dans la mesure où l’étourdissement vise à provoquer une perte de conscience et de sensibilité avant la mise à mort.
Il est regrettable que rien (ou presque) n’ait été prévu pour le transport. La réglementation encadrant le transport des animaux – qui s’applique donc aussi aux animaux issus d’élevages bio – est insuffisante et fait l’objet de vives critiques, y compris de la part des institutions.
Si, en principe, les animaux ne peuvent être transportés plus de huit heures, cette durée peut être prolongée. En réalité, seuls des temps de transport avant une pause ou un déchargement sont prévus, mais les textes ne fixent aucune durée maximale de transport pour l’ensemble du voyage.
Ainsi, un porc peut par exemple passer vingt-quatre heures dans un camion avant d’en sortir, non pas définitivement mais pour une période de « repos » de vingt-quatre heures, avant de repartir (et ainsi de suite).
Parce que le transport – a fortiori de longue durée – met rudement à l’épreuve le bien-être des animaux, on ne peut que déplorer l’insuffisance des règles en la matière, notamment de la réglementation bio qui affiche pourtant sa volonté de limiter au maximum la souffrance des animaux.
On le voit, si la réglementation applicable aux élevages bio n’est pas optimale, elle garantit néanmoins un « mieux-être animal » qui pourrait servir d’exemple pour améliorer la condition de tous les animaux d’élevage.
Eugénie Duval, Docteure en droit public, Visiting Scientist (Animal Welfare Program, University of British Columbia), membre associée au Centre de recherche sur les droits fondamentaux et les évolutions du droit, Université de Caen Normandie et Benjamin Lecorps, Docteur en biologie animale appliquée, post-doctorant, University of British Columbia
Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.
Immunité croisée : du lait de vache pour lutter contre la Covid-19 ?
Le Sars-CoV-2 possède de nombreux points communs avec les autres coronavirus de la même famille, au point qu’une immunité croisée serait possible. Les chercheurs veulent évaluer le potentiel curatif d’anticorps dirigés contre un coronavirus bovin à l’encontre du virus pandémique. Facilement produits à faible coût, ils pourraient être consommés sous la forme de lait de vache immunisée.
Vaches laitières : l’élevage extensif comparé au confinement en stabulation
Faut-il privilégier les systèmes de production laitiers qui font la part belle au pâturage ou au contraire limiter, voire interdire l’accès des vaches à l’extérieur ? Si ces trois types d’élevage semblent avoir des avantages et des inconvénients, aucune étude scientifique probante n’a réellement cherché à trancher la question. Des chercheurs de la Queen’s University de Belfast ont passé en revue la littérature mondiale pour en tirer des arguments scientifiques en faveur de chaque système, en considérant les effets sur la composition et la qualité du lait, le score d’état corporel des vaches, la santé et le bien-être animal, la fertilité, les impacts environnementaux et la rentabilité.
Élevage intensif : entre militants animalistes et industriels, qui croire ?
Romain Espinosa, Université de Rennes 1
Le jeudi 18 novembre, le Parlement adoptait la loi sur la maltraitance animale qui ouvre la voie à la disparition progressive des animaux sauvages dans les cirques et delphinariums, à l’interdiction de vente de chiots et chatons en animalerie, et à un durcissement des sanctions en cas d’abandon ou de sévices.
Dans le débat, certains députés ont regretté que le texte n’aborde pas la question centrale de l’élevage intensif. En effet, 89 % des Français se disent contre cette pratique, et militants animalistes et éleveurs s’opposent souvent sur la réalité de l’élevage en France.
Les protecteurs des animaux dénoncent ainsi régulièrement un élevage majoritairement intensif au travers de vidéos tournées dans les exploitations françaises attestant des conditions de vie très précaires pour des milliers voire des dizaines de milliers d’animaux entassés sur de petites surfaces. Le jour du vote de la loi, l’association de défense des animaux L214 en publiait ainsi une nouvelle dénonçant une nouvelle fois les conditions d’élevage des poulets dans une exploitation française.
À chaque nouvelle vidéo, plusieurs voix s’élèvent cependant dans le milieu de l’élevage pour rejeter ces vidéos qui ne seraient pas représentatives du modèle français. La véracité des images diffusées par les associations n’est, elle, jamais remise en cause par la justice.
Alors, qui croire ? L’élevage français concentre-t-il des centaines de millions d’animaux dans des fermes-usines ainsi que l’affirment les associations de défense des animaux qui ont diffusé en quinze ans plus d’une centaine de vidéos d’élevages français ? Ou bien ces fermes-usines constitueraient-elles l’exception et l’élevage français serait-il à taille humaine, composé très majoritairement de petites et moyennes exploitations, comme l’affirment les représentants de la filière ?
Les chiffres officiels montrent qu’il y a là un paradoxe statistique, aisément compréhensible mais source d’erreurs pour le consommateur comme pour le législateur.
Le paradoxe de l’élevage intensif
Et si défenseurs des animaux et éleveurs avaient chacun en partie raison ? Essayons d’adopter leur perspective respective.
D’un côté, les associations animalistes s’intéressent à ce que vivent les animaux dans les élevages. En d’autres termes, pour les militants, la réalité de l’élevage « moyen » correspond à ce que vit l’animal « moyen » : si l’on prend au hasard un animal d’élevage en France, est-il plus probable qu’il soit élevé dans un élevage intensif ou familial ?
De l’autre, les éleveurs s’intéressent quant à eux à leur réalité en tant que travailleur ou chef d’exploitation. Pour ces derniers, l’élevage « moyen » est l’élevage tel que le pratique l’exploitant « moyen » : si je prends un élevage au hasard en France, a-t-on plus de chance d’être dans un élevage intensif ou familial ?
C’est de cette différence de perception que naît la confusion : l’élevage français est à la fois intensif, si l’on s’intéresse au sort des animaux, et de petite taille, si l’on s’intéresse au vécu des éleveurs. En France, la très grande majorité des animaux vit en effet dans des élevages intensifs, alors que la grande majorité des éleveurs élèvent leurs animaux dans de petites exploitations.
Pour bien comprendre ce paradoxe, regardons les chiffres du ministère de l’Agriculture de 2019. Pour les porcs, on constate que 46,3 % des éleveurs travaillent dans des petites exploitations (entre 1 et 19 porcs par exploitation) et 18,1 % dans des exploitations moyennes (entre 20 et 499 porcs). En d’autres termes, plus d’un exploitant sur deux s’occupe de moins de 500 porcs, voire même de moins de 20 porcs pour 4 fermiers sur 10.
Mais si on s’intéresse au point de vue de l’animal, on observe que 65 % des porcs sont élevés dans des exploitations que l’on pourrait qualifier de fermes-usines (plus de 2 000 porcs par exploitation). Ainsi, la majorité des éleveurs de porcs travaillent dans de petites et moyennes exploitations, alors que la grande majorité de ces animaux vivent dans des fermes-usines : c’est le paradoxe de l’élevage intensif.
On observe également ce paradoxe pour d’autres espèces d’animaux élevés en France. Plus d’un éleveur de poulets sur deux travaille dans une exploitation de moins de 10 000 animaux. Mais pour les animaux, la réalité est différente : 70 % des poulets sont en effet élevés dans des fermes-usines de plus de 20 000 poulets. De même pour les poules pondeuses : 70 % d’entre elles sont élevées dans des structures de 50 000 poules ou plus, alors que 69 % des éleveurs travaillent dans des structures de moins de 10 000 poules. Dans une moindre mesure, on retrouve également ce paradoxe dans l’élevage bovin : plus de la moitié des éleveurs travaillent dans des exploitations de moins de 70 vaches, tandis que près de 60 % des vaches sont élevées dans des exploitations de 70 vaches et plus.
Éleveur moyen vs animal moyen
Ce fossé entre le vécu des éleveurs et le vécu des animaux se trouve également renforcé au niveau national par le poids de chaque type d’élevage dans le nombre total d’animaux tués.
Les bovins représentent une part très faible du nombre total d’animaux tués en France pour la production de viande (moins de 0,5 % des animaux tués par an), alors que les élevages bovins concentrent plus de la moitié des exploitations d’élevage (64 %, hors polyélevage). La majorité des élevages sont donc des exploitations bovines, qui ont tendance à être de petite taille. Au contraire, les élevages de volailles et de porcs, où les animaux sont majoritairement élevés dans des méga-structures, représentent seulement 13 % des élevages mais plus de 95 % des animaux tués par an en France.
La définition de l’élevage français dépend ainsi de la perspective adoptée : celle des animaux ou celle des éleveurs. L’éleveur « moyen » (« médian » pour être précis) est un éleveur bovin qui élève moins d’une centaine de vaches dans son exploitation. Au contraire, l’animal « moyen » est un poulet de chair élevé dans une ferme-usine à plus de 20 000 voire 50 000 poulets.
Les petites exploitations, gagnantes des réformes
Cet artefact statistique vient renforcer l’ignorance des consommateurs quant aux externalités négatives engendrées par l’élevage.
De précédents travaux ont en effet montré que les consommateurs peuvent être demandeurs d’information car ils ne réalisent pas ce qu’implique l’élevage pour les animaux. Cependant, ils ont parfois également tendance à vouloir éviter une information qui remettrait en cause leurs habitudes. L’incertitude due aux différences entre les discours des ONG et ceux des représentants de la filière risque de les conforter dans le statu quo défavorable au bien-être animal.
Cette complaisance vis-à-vis de l’information s’ajoute aux autres mécanismes cognitifs qui conduisent les Français à consommer des produits issus de l’élevage (intensif) là où ils souhaiteraient l’éviter. Les ONG jouent ainsi un rôle central dans l’information des consommateurs en montrant la réalité statistique de l’élevage du point de vue des animaux.
Les petites et moyennes exploitations seraient ainsi les premières gagnantes de réformes visant à améliorer le bien-être des animaux, parce qu’elles impacteraient principalement les fermes-usines qui concentrent la très large majorité des animaux. Par conséquent, les prises de position des responsables politiques et des représentants des filières visant à limiter toute amélioration du bien-être animal semblent se faire principalement au détriment des petites et moyennes exploitations, et donc de la majorité des éleveurs.Bien comprendre cet artefact statistique est également central pour réfléchir aux nécessaires réformes du monde de l’élevage. Les positions du ministère de l’Agriculture ou des représentants syndicaux des éleveurs visent à défendre le travail effectué par la majorité des exploitants. Cependant, cette réalité n’a que peu de sens quand il s’agit de discuter du bien-être animal. Dire que « la majorité des éleveurs prend soin de ses animaux » n’empêche pas le fait que « la très large majorité des animaux sont élevés dans des fermes-usines ».
Romain Espinosa, Chargé de recherche en économie, CNRS, Université de Rennes 1
Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.
Productions animales : atténuer les émissions de gaz à effet de serre
L’élevage d’animaux de rente pour la consommation humaine produit une quantité importante de gaz à effet de serre et contribue en grande partie au réchauffement climatique. En prenant en compte les nouvelles prévisions du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), une nouvelle étude montre cependant que l’intensité des émissions produites par le secteur diminue à l’échelle mondiale depuis deux décennies grâce à des méthodes de production plus efficaces. Si opter pour un régime végétarien permet de réduire son empreinte carbone, améliorer l’efficacité de l’élevage est une stratégie encore plus pertinente pour réduire les émissions de méthane à l’échelle globale.
Édition génomique : faut-il s’inquiéter de l’arrivée des animaux transgéniques ?
Depuis 25 ans maintenant, les progrès en biotechnologies ont accéléré le développement d’animaux génétiquement modifiés. Mais la généralisation de l’usage de ces techniques a également relancé le débat autour de la manipulation du vivant. Principalement utilisés en recherche biomédicale, les animaux de rente transgéniques font leur entrée sur le devant de la scène et pourraient bientôt être disponibles sur le marché. Plus nutritifs, sains, résistants et rentables, ils pourraient être la solution pour une indépendance agroalimentaire et sanitaire en Europe. Dans un premier temps, l’Académie vétérinaire de France (AVF) souhaite faire évoluer la réglementation, au bénéfice de la recherche française en matière d’édition génomique.
Zoos : les rongeurs jouent un rôle majeur dans la transmission des zoonoses
À l’échelle mondiale, les rongeurs sont porteurs de nombreux agents pathogènes zoonotiques. Afin de limiter l’exposition humaine et la transmission de ces zoonoses, il est donc particulièrement important de déterminer leur prévalence et leur circulation chez ces animaux, qui hébergent jusqu’à 85 agents pathogènes différents. Le mélange, dans les zoos, de populations humaines et animales, et en particulier de rongeurs, place ces parcs à l’avant-garde de la détection et de l’identification précoces des zones géographiques exposées, ainsi que des nouveaux hôtes et agents pathogènes à risque, selon une approche “One Health”.