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Thérapie cellulaire chez le cheval : les cellules souches contre les troubles locomoteurs

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Thérapie cellulaire chez le cheval : les cellules souches contre les troubles locomoteurs

Relativement récente, l’utilisation des cellules souches en médecine régénérative chez le cheval est apparue pour la première fois en 1995, pour traiter les blessures mécaniques. Depuis, les technologies ont évolué rapidement et se sont affinées pour cibler plus précisément les lésions, mieux les traiter et avec moins de risques associés.

 

Découvertes en 1981 chez la souris et en 1998 chez l’homme, les cellules souches ont des propriétés uniques qui en font des outils inégalables en médecine humaine comme vétérinaire. Immatures, elles ont non seulement la capacité de se différencier en de nombreux types cellulaires, mais elles peuvent aussi s’auto-renouveler indéfiniment, offrant un stock illimité de matériel.

Mises au service de la médecine, elles peuvent remplacer des cellules défaillantes chez un patient et régénérer des fonctions dégradées. Leur utilité est donc vaste. Elles servent à soigner tant des lésions de la cornée que le tissu conjonctif des tendons. Actuellement, plus de 350 essais cliniques de thérapie cellulaire utilisant des cellules mésenchymateuses chez l’homme sont en cours dans le monde. Chez le cheval, depuis plus de dix ans, les thérapies cellulaires soignent les troubles conjonctifs comme les tendinites ou les problèmes articulaires.

 

Pas n’importe quelle cellule souche

Comme chez l’homme, il ne suffit pas d’injecter une cellule souche pour que sa potentialité régénérante prenne effet. Plusieurs facteurs entrent en jeu et se heurtent aux propriétés de ces cellules.

Comme lors de toute introduction d’un tissu étranger (sang, greffe), les cellules souches peuvent induire une réponse immunitaire. Il convient donc de bien les sélectionner. Les risques d’une réaction augmentent lorsque les cellules souches sont allogéniques, c’est-à-dire génétiquement différentes, parce que le donneur est un autre cheval. Ainsi, les cellules souches adultes sont fréquemment prélevées dans la moelle osseuse ou le tissu adipeux (gras) directement chez les animaux vivants pour éviter à avoir à se soucier d’une réaction immunitaire.

Cette approche est encore régulièrement pratiquée, car elle présente un avantage logistique évident dans un contexte d’urgence, mais le procédé a été affiné avec la purification des cellules souches obtenues à partir de la graisse ou de la moelle osseuse du cheval blessé.

L’objectif, aujourd’hui, est de créer une banque de cellules allogéniques, disponibles rapidement, pour un traitement immédiat sans récolte. En effet, les antécédents génétiques peuvent affecter la capacité de prolifération et de différenciation des cellules souches. En outre, avec le vieillissement du donneur, la quantité et la qualité de la récolte diminuent également. Disposer de cellules souches issues de jeunes chevaux de bonne qualité et prêtes à l’emploi améliorerait grandement la prise en charge des animaux receveurs. Le perfectionnement de la thérapie cellulaire dépend en grande partie de l’aspect pratique, de l’innocuité et de l’efficacité des techniques mises en œuvre.

Dans l’idéal, il faudrait utiliser des cellules souches néonatales, récoltées à partir de cordons ombilicaux, pour optimiser au maximum le résultat clinique. Chez l’homme, leur emploi est validé et, depuis 2006, le nombre de greffes avec des cellules souches néonatales de sang de cordon a dépassé celui des greffes avec de la moelle osseuse adulte. Les cellules souches néonatales auraient un potentiel anti-inflammatoire, prolifératif et immunorégulateur supérieur à celui des cellules adultes.

Des cliniques vétérinaires équines proposent déjà aux éleveurs de conserver le cordon ombilical lors du poulinage, sachant qu’il pourrait un jour être utile dans la carrière sportive d’un cheval. Cet outil thérapeutique personnalisé peut compléter la prise en charge des blessures du poulain à l’entraînement, jusqu’à une dizaine d’années plus tard.

Mais il ne suffit pas de choisir l’âge de la cellule souche, sa provenance a aussi une importance, en lien avec son intérêt médical. Chez le cheval, la plus utilisée est la cellule souche mésenchymateuse (CSM). Elle provient de la couche du mésoderme lors du développement embryonnaire, qui donne naissance au muscle et au tissu conjonctif. Les CSM peuvent donc se différencier en cellules comme les ténocytes, une composante élémentaire du tendon, et être utilisées pour traiter les affections locomotrices du cheval.

 

Les cellules souches ciblant les troubles mécaniques chez le cheval

La plupart des études publiées et évaluées à ce jour concernent l’utilisation des CSM pour traiter les atteintes des tendons. Aiguës ou chroniques, elles sont souvent handicapantes pour les chevaux et d’évolution lente. Les solutions thérapeutiques existantes sont peu satisfaisantes. Confrontés à ces problématiques, les vétérinaires aspirent à un traitement capable d’allier un temps de convalescence minimal à un risque de récidive réduit et un retour rapide au potentiel athlétique optimal.

En formant un réservoir biologique naturel mobilisé dans les processus de cicatrisation, la thérapie cellulaire permet de tendre vers cet objectif. Elle cible les lésions tissulaires, apporte un lot de cellules saines spécifiques au tissu lésé qui peuvent remplacer les cellules endommagées, et sécrète des facteurs de croissance qui favorisent la vascularisation locale, stimulent les capacités propres de cicatrisation de l’organisme et créent un environnement anti-inflammatoire durable.

La médecine régénérative renforce ainsi les défenses propres de l’organisme en apportant localement un complément de cellules souches, ce qui va encourager la restauration de la fonctionnalité du tissu et le retour du cheval à son niveau athlétique initial. Ce n’est pas tant que le cheval va guérir plus rapidement, mais le tendon, après la cicatrisation, sera plus proche de la normale et moins fragile, ce qui est particulièrement important pour les chevaux de sport.

Les résultats sont prometteurs, en particulier pour les lésions superficielles des tendons digitaux fléchisseurs, réduisant de 55 % à 25 % le risque de blessure récurrente.

Les recherches sur le traitement des déchirures méniscales équines (au niveau de la membrane entre l’articulation du grasset) se sont également révélées prometteuses, offrant un taux de retours à l’exercice plus élevé.

Mais des études complémentaires restent nécessaires. Le perfectionnement de la technique est en cours. Des questions se posent notamment sur le moment, le type cellulaire ou le nombre de cellule optimaux pour maximiser les effets thérapeutiques, mais aussi sur les thérapies combinées ou les adjuvants. Il s’agit de domaines encore largement inexplorés. Mais les essais fleurissent sur le sujet. Il faudra encore un peu de patience pour en connaître les résultats et les mettre en pratique sur le terrain.

 

 

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