Une protéine dérivée de la salive de la tique Amblyomma sculptum a été utilisée avec succès par des chercheurs de l’Institut Butantan de São Paulo, au Brésil, pour traiter le cancer de la peau (mélanome) chez les chevaux.
Les mélanomes équins sont des tumeurs spontanées. Contrairement aux mélanomes cutanés chez l’humain, chez le cheval, ils sont encapsulés et confinés localement, provoquant rarement des métastases.
Mais chez le cheval, comme chez l’humain, ces tumeurs sont potentiellement immunogènes, c’est-à-dire capables de produire une réponse immunitaire. Elles ont donc une utilité pour comprendre les mécanismes immunitaires impliqués dans la régression tumorale induite par les molécules thérapeutiques.
Depuis plus de 10 ans, les chercheurs brésiliens étudient l’Amblyomin-X, une protéine dans la salive de tique, pour ses propriétés anti-tumorales. Plusieurs études in vivo, in vitro et de toxicité précliniques ont déjà été validés. Cependant, les mécanismes derrière cette action demeurent un mystère. Les chercheurs se sont donc mis en quête de l’origine moléculaire anti-tumorale.
Dans un premier temps, les scientifiques ont traité des tumeurs spontanées chez cinq chevaux pendant 30 jours avec des injections intratumorales d’Amblyomin-X. Et les résultats sont prometteurs.
Alors que les tumeurs témoins restent identiques ou grossissent, les tumeurs traitées avec Amblyomin-X rétrécissent. On observe même une rémission jusqu’à deux mois après la fin du traitement et aucun des cinq animaux traités n’a développé d’effets indésirables.
À la fin du traitement, les tumeurs ont été retirées chirurgicalement pour une analyse histopathologique. Les chercheurs n’ont trouvé aucune trace de caractéristiques tumorales.
Afin d’identifier les voies de signalisation et les protéines modulées par le traitement du mélanome du cheval par Amblyomin-X, et d’obtenir une confirmation moléculaire de l’activité anti-tumorales, les chercheurs ont utilisé des outils «omiques» (génomique, transcriptomique, protéomique et métabolomique).
Ils ont ainsi découvert que la réponse rapide du système immunitaire inné (six heures après les injections) implique la modulation de quatre voies différentes : TLR (récepteur de type péage), RIG-I (capteurs d’invasion virale), OAS (2 ‘, 5’-oligoadénylate synthétase et RNase L) et oncostatine-M (correspondant à la voie inflammatoire de la famille des interleukines-6).
Ces résultats décrivent les premières étapes de l’activation d’une réponse de défense qui aboutit à une régression tumorale. En dévoilant ainsi les mécanismes derrière l’activité anti-tumorale, les chercheurs révèlent de nouvelles cibles thérapeutiques.