Les individus qui atteignent un statut dominant dans un groupe l’ont souvent fait par intimidation, coercition et agressivité, des traits qui ne sont pourtant pas valorisés dans un contexte social. Il s’avère que pour atteindre un consensus, mieux vaut écouter les individus subordonnés.
Les individus dominants dans des groupes sociaux sont souvent par la même occasion les plus influents. Leurs convictions pèsent plus lourd dans la balance. Pourtant les attributs associés à la domination et la définisse, et qui les places en haut de la pyramide, tels que l’agression, l’intimidation et la coercition, sont souvent aussi socialement aversifs.
Les traits qui rendent les individus dominants et influents dans un contexte peuvent donc aussi diminuer leur influence sociale et réduire leur influence dans d’autres contextes.
Des chercheurs ont étudié cette réalité chez un poisson cichlidé social, Astatotilapia burtoni. Ils ont comparé l’influence des mâles dominants et subordonnés lors d’interactions sociales normales et lors d’une tâche nécessitant un consensus de groupe plus complexe.
Ainsi, les mâles phénotypiquement dominants sont agressifs, socialement centraux. Ils ont une forte influence sur les mouvements normaux du groupe alors que les mâles subordonnés sont passifs, socialement périphériques et ont peu d’influence sur les mouvements normaux.
Cependant, les mâles subordonnés ont une plus grande influence lorsqu’un consensus du groupe est demandé. A ce moment-là, les mâles dominants se tiennent éloignés du groupe, démontrant moins de comportements informatifs envers le groupe, à l’inverse des poissons mâles plus subordonnés.
Ces données suggèrent que la dominance sociale et l’influence sociale dépendent fortement du contexte. Les indications du mâle dominant permettent des décisions unilatérales et non de consensus, en opposition aux mâles subordonnés.
Ainsi, l’ascension hiérarchique qui valorise les individus les plus agressifs, compétitifs ou coercitifs peut s’avérer contre-productive dans des contextes où la performance du groupe est prioritaire.
Les comportements qui définissent une influence sociale effective sont donc très spécifiques au contexte et doivent être dissociés de la domination sociale.