Les boxers sont sujets à une maladie cardiaque héréditaire fulgurante, souvent diagnostiquée trop tardivement pour être traitée convenablement. Mais la découverte d’un biomarqueur physiologique de cette affection pourrait révolutionner sa prise en charge, voire permettre son éradication chez cette race canine.
Le boxer est une race de chiens génétiquement prédisposée à développer une maladie cardiaque appelée la cardiomyopathie arythmogène du ventricule droit. Cette maladie dégénérative du myocarde, à l’évolution lente, est à l’origine de troubles du rythme cardiaque, chez le chien mais aussi chez l’homme ou encore le chat. Mais dans la race boxer, plus de 3 % des individus sont atteints et développent en outre une forme particulière, souvent silencieuse.
La cardiomyopathie arythmogène a longtemps été classée dans le groupe des myocardiopathies dilatées mais, chez le boxer, l’affection présente des caractéristiques spécifiques telles qu’une absence de dilatation ventriculaire marquée, la présence d’extrasystoles ventriculaires, une fibrillation atriale (rare) et des particularités histologiques qui ont conduit à séparer cette affection pour en faire une entité à part entière.
Malheureusement, il n’est pas rare que la cardiomyopathie arythmogène du ventricule droit passe inaperçue avant l’issue fatale. Les premiers signes cliniques apparaissent souvent tardivement, entraînant des troubles du rythme cardiaque, une hypertrophie du cœur, voire une mort subite et inattendue. Ainsi, la maladie touche les jonctions cellulaires du muscle cardiaque appelées desmosomes. Ces derniers s’affaiblissent graduellement, ce qui provoque une séparation des cellules cardiaques qui génère à son tour du tissu cicatriciel. Fréquemment, cette défaillance n’est décelée que lorsque la maladie est déjà bien avancée… ou à la mort de l’animal.
Pour espérer traiter cette maladie, il est donc impératif de la détecter bien en amont. Mais pour le moment, son dépistage demeure très basique (recherche d’antécédents familiaux, échocardiogramme, données enregistrées via un moniteur cardiaque portatif), ce qui veut dire que dans la plupart des cas, la cardiomyopathie arythmogène du ventricule droit n’est détectée que lorsque les animaux ont 5 ou 6 ans, ce qui est très tardif. À cet âge-là, les chiens sont généralement déjà mis à la reproduction et ont transmis cette anomalie à leur descendance. Tant que la cause génétique ou un marqueur spécifique de la maladie ne seront pas identifiés, il sera difficile d’éliminer cette maladie héréditaire des lignées du boxer, et elle continuera à sévir.
C’est chez l’homme que les chercheurs ont trouvé des réponses. En 2018, un cardiologue canadien spécialisé dans la dysplasie ventriculaire droite arythmogène identifie un anticorps spécifique de la maladie. L’anticorps anti-DSG2 est détecté chez la quasi-totalité de ses patients, mais est absent chez les personnes saines. Et cette corrélation se retrouve chez le chien de race boxer. Selon les vétérinaires, l’étude menée chez le boxer est encore préliminaire et trop restreinte pour permettre des généralisations concrètes. Mais un essai clinique, financé par l’American College of Veterinary Internal Medicine (Acvim), est en cours. Son objectif est de confirmer le rôle de l’anticorps anti-DSG2 en tant que biomarqueur potentiel de la cardiomyopathie arythmogène du ventricule droit chez le boxer.
Un dépistage plus précoce de la maladie permettrait de réduire sa prévalence chez cette race, voire de l’éliminer complètement en sélectionnant des reproducteurs indemnes dès leur plus jeune âge. Pour les chiens malades, cela permettrait une surveillance accrue des signes cliniques et un traitement plus précoce et adapté. Les enjeux sont donc importants.