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Animaux exotiques : le gecko tokay abrite des bactéries résistantes à plusieurs antibiotiques

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Animaux exotiques : le gecko tokay abrite des bactéries résistantes à plusieurs antibiotiques

Selon une étude* réalisée par des chercheurs de l’université de Géorgie aux États-Unis, les geckos tokay (Gekko gecko) sont porteurs de bactéries entériques qui se sont révélées résistantes à un certain nombre d’antibiotiques. Une antibiorésistance qui a des implications en termes de santé pour les propriétaires de ces reptiles, mais aussi pour les vétérinaires qui les manipulent et pour les autres animaux en contact.

 

Gekko_geckoContrairement à de nombreux animaux exotiques qui sont élevés en captivité, la plupart des geckos tokay vendus comme nouveaux animaux de compagnie outre-Atlantique sont capturés dans la nature et importés d’Indonésie. Or il existe peu de données sur la sensibilité aux antibiotiques des bactéries entériques des reptiles prélevés dans la faune sauvage d’Asie du Sud-Est, notamment pour les espèces commercialisées comme animaux de compagnie. Pourtant, il est urgent de cerner leur rôle dans la diffusion des bactéries résistantes et leur capacité à agir comme des réservoirs de germes résistants, en raison des contacts étroits que les propriétaires ont avec ces animaux et du risque induit de contracter une infection.
L’étude américaine montre ainsi que les geckos importés peuvent introduire de nouvelles bactéries jusque dans le foyer de leur propriétaire.

Les chercheurs, pour étudier les réactions aux antibiotiques de ces reptiles, ont recueilli des échantillons de fèces de geckos importés et les ont testés vis-à-vis des molécules communes. Ils ont constaté que les bactéries entériques commensales des animaux étaient résistantes à des antibiotiques courants en Asie du Sud-Est, tels que le chloramphénicol, les aminopénicillines et les tétracyclines. Ils ont également constaté des taux élevés de résistance parmi les antibiotiques couramment utilisés aux États-Unis, comme les céphalosporines et les pénicillines.

Ces résultats entraînent des implications pour la santé humaine liées à une potentielle propagation de ces bactéries. Il est notamment recommandé aux propriétaires, en particulier les enfants, de toujours bien se laver les mains après chaque contact, direct ou indirect, avec un gecko. En effet, les médecins pourraient être dans l’impossibilité de combattre une infection contractée via l’un de ces reptiles avec certains antibiotiques.

Un autre risque potentiel pour la santé publique, encore peu étudié, est lié à la remise en liberté des geckos tokay. Leur comportement agressif naturel conduit parfois leurs propriétaires à les relâcher dans la nature pour s’en débarrasser, rendant alors possible la transmission des bactéries résistantes à d’autres animaux de la faune sauvage. Ils sont même considérés comme une espèce invasive dans plusieurs États américains et certaines zones des Caraïbes (Belize, Martinique), susceptible d’introduire des bactéries résistantes en provenance d’Asie du Sud-Est dans de nouvelles régions et hôtes.

La prochaine étape consistera à expliquer comment les geckos acquièrent ces entérobactéries résistantes et quels gènes sont responsables des profils de résistance observés, pour mieux connaître la prévalence de la résistance aux antimicrobiens de la flore entérique commensale des reptiles de compagnie communs.

 

Le commerce des animaux outre-Atlantique

Tokay_Gecko_(Gekko_gecko)Les États-Unis ont importé plus de 1,4 milliard d’animaux vivants entre 2000 et 2006, et environ 80 % de ces animaux étaient originaires des populations sauvages. Parmi eux, 69 % provenaient d’Asie du Sud-Est, une zone où les cultures d’isolats bactériens humains présentent des taux élevés de résistance aux antibiotiques et où ces molécules sont facilement disponibles, souvent mal utilisées, et appartiennent généralement à d’anciennes générations de médicaments dont l’usage a été abandonné dans les pays développés en raison du potentiel de résistance.

En outre, les animaux sauvages importés aux États-Unis en provenance d’Asie du Sud-Est doivent souvent endurer des conditions de transport difficiles. Or si la surpopulation, les températures extrêmes, les maigres rations alimentaires et la mauvaise ventilation sont source de stress pour le bétail, ces conditions de voyage sont peut-être encore plus stressantes pour les animaux sauvages qui, contrairement aux animaux domestiques, ne sont pas acclimatés à ces nouveaux stimuli. Cela se traduit souvent par des changements physiologiques chez ces animaux, tels qu’une immunosuppression, une augmentation des mutations et des échanges de résistance aux antibiotiques au sein de leur flore entérique, et une hausse du taux d’excrétion de germes pathogènes.

 

* Christine L. Casey et coll. : The carriage of antibiotic resistance by enteric bacteria from imported tokay geckos (Gekko gecko) destined for the pet trade, Science of the Total Environment, 2015, vol. 505, pp. 299-305.

 

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