jeudi, décembre 5, 2024
banner
Accueil Sanitaire Zoonoses : les virus West Nile et Usutu circulent dans les populations d’oiseaux

Zoonoses : les virus West Nile et Usutu circulent dans les populations d’oiseaux

4
Zoonoses : les virus West Nile et Usutu circulent dans les populations d’oiseaux

Pour la première fois, les anticorps neutralisants de deux flavivirus zoonotiques, West Nile et Usutu, ont été prélevés chez des passereaux dans l’ouest de l’Espagne. La découverte de la circulation de ces virus chez des espèces d’oiseaux locales et migratrices a des implications à la fois pour la santé animale et la santé publique. De futures épidémies chez les hôtes réservoirs aviaires peuvent en effet survenir et les passereaux doivent désormais être considérés comme des espèces cibles prioritaires dans les programmes de surveillance des flavivirus.

 

West Nile et Usutu sont des arbovirus zoonotiques émergents à transmission vectorielle dont l’incidence et la distribution s’élargissent. Le virus West Nile est régulièrement isolé, tant chez l’homme que chez les équidés, généralement dans le sud-est de l’Europe, dans une zone allant de la Camargue à l’Europe centrale. L’Italie est le pays le plus touché en Europe de l’Ouest. De son côté, le virus Usutu est endémique dans plusieurs régions européennes. La surveillance exercée par le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) intègre les animaux, car non seulement ils sont considérés comme des réservoirs de ces virus, mais ce sont aussi des sentinelles pour la circulation des flavivirus au cours de la saison épidémique.

 

Le fait que 82 oiseaux sauvages, répartis dans 8 espèces différentes (soit 12,7 % de l’échantillon), aient été exposés montre l’urgence d’inclure les passereaux dans les programmes de surveillance de routine des maladies zoonotiques. En effet, les virus West Nile et Usutu sont reconnus pour nécessiter, dans leur cycle de diffusion, une transmission moustique-oiseau, les humains et les mammifères n’étant que des hôtes opportunistes. Alors pourquoi cette nouvelle publication interpelle ? Il s’agit de la première étude sur l’exposition aux flavivirus des oiseaux sauvages en liberté dans leur habitat naturel, qui vient confirmer le rôle des passereaux en tant que réservoirs des virus West Nile et Usutu et hôtes amplificateurs potentiels de l’infection. En outre, ces oiseaux sont en contact avec l’homme, tant en milieu agricole qu’urbain, ce qui augmente les risques zoonotique et épidémique. En 2020, une autre étude avait déjà conclu à la sous-estimation des porteurs sains au sein des populations aviaires.

 

Au niveau des résultats, sur les 645 échantillons prélevés sur les oiseaux capturés dans une seule région, 75 se sont révélés positifs par un test Elisa (soit 11,6 %) et 51 étaient douteux (7,9 %). Seuls 104 échantillons (71 positifs et 33 douteux) ont pu être analysés via un test de séroneutralisation virale. Au total, 19,23 % des oiseaux testés positifs présentaient des anticorps spécifiques au virus West Nile, 0,96 % au virus Usutu et 58,65 % à un flavivirus indéterminé. Les 82 oiseaux positifs ont été confirmés comme ayant été infectés par des flavivirus. La séroprévalence est donc de 12,7 %, similaire à celle de 10 % rapportée chez les volailles et les oiseaux sauvages du nord-est de l’Espagne en 2021.

 

Reste maintenant à analyser les souches virales incriminées chez ces passereaux pour déterminer leur origine, leur pathogénicité potentielle et le risque pour la santé humaine. D’où l’importance de développer des stratégies systématiques de surveillance de la faune sauvage, intégrées dans de vastes systèmes d’analyses de données avec une approche “One Health”.

 

Le virus West Nile, provenant d’Afrique de l’Est, est aujourd’hui endémique sur le pourtour méditerranéen, en Europe centrale et en Amérique du Nord. Tous les ans, il est responsable de décès humains. Il est transmis par la piqûre du moustique Culex : « Après avoir piqué des oiseaux infectés, les femelles moustiques assurent la multiplication puis la transmission du virus aux humains lors d’un repas sanguin. » Chez le cheval, il peut provoquer des encéphalites. Il fait actuellement l’objet d’une surveillance permanente par le Réseau d’épidémiosurveillance en pathologie équine (Respe). C’est une maladie de première catégorie, donc à déclaration obligatoire et gestion par l’État.

Le virus Usutu provient également d’Afrique, et il est scientifiquement reconnu que ses cibles principales sont les passereaux. D’ailleurs, les cas d’animaux domestiques infectés (poulets compris) sont extrêmement rares. Le virus fait l’objet de toute l’attention depuis que son impact sur la faune sauvage est passé à quelques cas de mortalité isolés à des hécatombes de groupes d’oiseaux dès les années 2000. L’infection chez l’homme constitue une impasse épidémiologique, mais nécessite un suivi chez les patients immunodéprimés (risques de méningite ou de méningo-encéphalite). En France, le virage épidémiologique a été franchi en 2018.

 

 

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici