L’agressivité chez le chien, bien que normale et naturelle, est un comportement considéré comme indésirable, en particulier s’il est dirigé vers les humains. Une nouvelle étude montre que le tempérament, l’âge, la race, l’éducation et l’expérience du propriétaire sont autant de facteurs qui entrent en jeu lors de problèmes d’agression, envers l’homme ou des congénères, et nuisent au bien-être canin.
L’agressivité est un comportement courant chez le chien domestique. Si les grognements, les aboiements ou les postures menaçantes sont des signaux qui font partie de la communication canine normale, ils ne sont pas perçus positivement par les humains. Un comportement agressif peut en outre devenir excessif et conduire à la morsure, faisant du chien une menace pour l’homme et les autres animaux. Cette attitude indésirable conduit souvent à l’abandon, voire à l’euthanasie du chien à l’origine d’une agression, alors que le problème peut souvent se résoudre par un traitement médical et/ou comportemental. Dans certains pays, des races canines sont même interdites ou soumises à des restrictions spécifiques afin de minimiser le risque potentiel de morsure ou d’agressivité. La plupart du temps, ces comportements problématiques sont le signe d’une peur, d’une douleur ou d’une frustration qui compromettent le bien-être du chien.
De ce fait, il est important de comprendre les facteurs et les circonstances qui sous-tendent un comportement agressif chez le chien. Un groupe de recherche à l’université d’Helsinki a étudié les liens entre le comportement de quelque 9 000 chiens de race, dont 1 791 ont été classés comme agressifs, et plusieurs facteurs de risque potentiels. Ces travaux se sont particulièrement intéressés à l’agressivité envers les humains, propriétaires ou inconnus. Les chiens ont été classés comme agressifs s’ils grognaient souvent et/ou avaient tenté de mordre une personne, au moins occasionnellement. Les auteurs ont ainsi identifié des facteurs liés au développement comportemental et à l’environnement du chien qui sont susceptibles d’induire un comportement agressif envers l’homme.
Ainsi, les chercheurs ont montré que la peur, l’âge, la race, les interactions avec des congénères et l’expérience du propriétaire avaient une influence sur le tempérament agressif des chiens envers les humains. Les chiens vieillissants ou craintifs sont davantage susceptibles de se comporter de manière agressive. Chez les chiens âgés, ces réactions d’agression peuvent être causées par la douleur ou par la baisse d’acuité de certains sens comme la vision, qui influence la façon dont ils perçoivent leur environnement. Les petits chiens sont également souvent plus agressifs ou mordeurs, mais leur comportement n’est pas nécessairement considéré comme menaçant vu leur petite taille, ce qui veut dire qu’il est plus rarement corrigé que chez les chiens de moyen ou grand gabarit.
En outre, l’étude confirme que les chiens mâles sont plus agressifs que les femelles. En revanche, contrairement aux idées reçues, la stérilisation n’a pas d’effet sur ce comportement d’agression. Le premier et le seul chien de la famille semble également plus sujet à l’agressivité. À l’inverse, les chiens qui passent plus de temps en compagnie de leurs congénères vont se comporter moins agressivement que les individus isolés et peureux. Le lien de causalité reste cependant incertain. Enfin, la race joue un rôle non négligeable sur le tempérament agressif, ce qui suggère l’existence d’une base génétique à ce comportement. Le colley, le caniche (toy, miniature ou moyen) et le schnauzer nain arrivent en tête des races considérées comme les plus agressives. À l’autre extrémité de la courbe, des races populaires comme le labrador ou le golden retriever sont associées à une probabilité d’agressivité beaucoup plus faible.
Dans l’ensemble, plusieurs critères sont à retenir pour améliorer les relations entre le chien et l’homme et réduire l’agressivité canine. Les facteurs génétiques à l’origine d’une prévalence élevée de comportements d’agression pourraient faire l’objet d’une sélection plus ciblée des reproducteurs en élevage, afin de privilégier les animaux les moins agressifs et les moins craintifs. Les autres facteurs qui entrent en jeu concernent le rôle du propriétaire (choix de la race adapté au mode de vie, plusieurs chiens au lieu d’un seul, etc.), ainsi que les conditions de vie et de développement du chien (socialisation et interaction avec d’autres chiens et avec l’homme, prise en charge de la douleur chez le chien âgé, etc.).