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Menaces sanitaires : le Premier ministre avertit d’un risque d’attentat à l’aide d’armes chimiques ou bactériologiques, voire biologiques

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Menaces sanitaires : le Premier ministre avertit d’un risque d’attentat à l’aide d’armes chimiques ou bactériologiques, voire biologiques

Manuels Valls a pris la parole ce matin devant les députés lors de l’examen de la prolongation de l’état d’urgence. À cette occasion, il a évoqué de nouveaux modes opératoires, des façons de meurtrir, de tuer, qui évoluent perpétuellement dans cette guerre qui frappe au cœur même de notre vie quotidienne. Aujourd’hui, face à l’imagination morbide des terroristes, il est impossible de rien exclure, et surtout pas le recours aux armes chimiques et bactériologiques, a dû admettre le Premier ministre. La menace semble bien réelle, puisqu’un arrêté*, discrètement publié le lendemain des attentats de Paris, autorise la fabrication en urgence d’un antidote aux agents neurotoxiques organophosphorés.

 

La France fait face à « une guerre nouvelle, extérieure et intérieure, où la terreur est le premier but et la première arme », a déclaré le chef du gouvernement. Dans ce contexte, l’État se prépare notamment à l’éventualité d’une attaque chimique ou bactériologique. Et il faut prendre des mesures rapides, dans des délais compatibles avec l’organisation de la Conférence sur le climat à Paris (COP21), qui commence dans une dizaine de jours.

bioterrorismeAinsi, un arrêté du ministère de la Santé, paru le 15 novembre 2015, autorise à titre dérogatoire la fabrication dans l’urgence d’ampoules de sulfate d’atropine par la Pharmacie centrale des armées. Cet antidote spécifique des intoxications aiguës par les agents anticholinestérasiques (insecticides organophosphorés, neurotoxiques de guerre et carbamates) ou par les médicaments parasympathomimétiques et cholinomimétiques peut ainsi être acquis, stocké, distribué, prescrit, dispensé et administré par les professionnels de santé des services médicaux d’urgence pour traiter un nombre potentiellement important de personnes exposées. Le Service de santé des armées est chargé d’approvisionner l’Établissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires, lequel fournit ensuite les hôpitaux.

Lors d’attaque chimique, comme celle au gaz sarin qui a eu lieu en 1995 dans le métro de Tokyo au Japon, la diffusion des agents organophosphorés neurotoxiques, inodores et volatiles, provoque essentiellement une détresse respiratoire chez les victimes. Il faut alors agir rapidement, mettre en œuvre un traitement symptomatique avec de l’oxygène, mais aussi des procédures de décontamination précoce des patients afin de limiter le risque de contamination, et surtout disposer de l’antidote à base de sulfate d’atropine, aujourd’hui livré en quantité dans les hôpitaux.

Dans un tel cas de figure, le plan Piratox, un volet spécialisé du plan Vigipirate, vient s’ajouter au plan rouge. Il comprend une partie “prévention et vigilance” face à une menace terroriste de nature chimique, une partie “plan d’urgence” en cas d’intoxication chimique massive, ainsi qu’une partie judiciaire incluant la recherche, l’identification et la neutralisation des auteurs de l’attentat ou de l’acte malveillant. Élaboré à la fin des années 70, le plan Piratox a été remanié à trois reprises depuis afin d’intégrer des mesures d’intervention en cas d’attentat qui s’articulent autour de la prise en charge et de la décontamination des personnes exposées.

 

Le bioterrorisme également d’actualité

Bioterrorisme OIE
La conférence organisée par l’OIE en juillet 2015 sur le bioterrorisme a réuni le ban et l’arrière-ban des services du renseignement internationaux.

Contrairement aux armes bactériologiques et chimiques, qui provoquent une atteinte massive et immédiate chez les victimes, les armes biologiques sont sans doute encore plus sournoises. Invisibles, imprévisibles et difficiles à détecter en raison du délai d’incubation avant l’apparition des symptômes, les menaces biologiques ignorent en outre les frontières. Partout dans le monde, les agents pathogènes d’origine animale, y compris ceux transmissibles à l’homme, peuvent être utilisés comme des armes et sont, pour certains, facilement accessibles dans les zones endémiques (virus de la fièvre aphteuse ou de la peste porcine africaine, bacille du charbon, etc.).

Consciente de cette menace, l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE)** a organisé, sous la houlette de son directeur général Bernard Vallat, et en collaboration avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la première conférence internationale sur les risques biologiques, l’été dernier à Paris. Cet événement a réuni les principaux acteurs de l’OIE, de l’OMS, d’Interpol, du Bureau des affaires de désarmement des Nations unies, de la Food and Agriculture Organization (FAO), ainsi que les représentants des gouvernements et des institutions en charge de la défense, de la sécurité et de la santé de plus de 120 pays (CIA, NSA, DGSI, etc.).

Selon l’une des conclusions issues de cette conférence mondiale, il est apparu que les secteurs de la santé et de la sécurité publiques devaient améliorer leur collaboration et les systèmes nationaux se conformer aux mêmes normes intergouvernementales, deux conditions nécessaires à la détection précoce et à la prise en charge rapide de tout nouveau foyer de maladie infectieuse, que la cause soit naturelle, accidentelle ou intentionnelle. Les participants ont en outre souligné l’urgence d’investir dans le renforcement des systèmes de surveillance en santé publique et animale autrement qu’en temps de crise… Aujourd’hui, la difficulté pour de nombreux pays est de disposer à la fois de la volonté politique, des infrastructures, des ressources (notamment les capacités des services vétérinaires nationaux à prévenir, détecter et affronter les menaces biologiques) et des principes de gouvernance efficaces pour appliquer les normes internationales de l’OIE et de l’OMS, afin de préserver la sécurité sanitaire mondiale.
Vu le nombre d’agents pathogènes ou de toxines potentiellement disponibles, la réaction face à une infection délibérée ou accidentelle repose donc essentiellement sur une détection précoce et une réponse rapide afin de stopper la dissémination de l’agent en cause. Dans un tel scénario, le vétérinaire est un maillon essentiel des systèmes et dispositifs de surveillance, étant donné que 80 % des agents pathogènes utilisables à des fins de bioterrorisme sont d’origine animale.

 

* Arrêté du 14 novembre 2015 autorisant l’utilisation de sulfate d’atropine, solution injectable 40 mg/20 ml PCA antidote des neurotoxiques organophosphorés, paru au J0 du 15 novembre 2015.

** http://www.oie.int/fr/notre-expertise-scientifique/reduction-des-menaces-biologiques/

Stratégie de réduction des risques biologiques de l’OIE : http://www.oie.int/fileadmin/Home/fr/Our_scientific_expertise/docs/pdf/F_Biological_Threat-Reduction_Strategy_jan2012.pdf

Fiche d’information de l’OIE sur le bioterrorisme : http://www.oie.int/fileadmin/Home/fr/Current_Scientific_Issues/docs/pdf/BIOTE_FR_FS.pdf

 

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