samedi, décembre 7, 2024
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La pollution chimique touche plus les rapaces en milieu urbain que rural

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La pollution chimique touche plus les rapaces en milieu urbain que rural

Les rapaces, au sommet de la chaîne alimentaire aviaire, sont particulièrement sensibles aux polluants. Ce sont de véritables sentinelles de la pollution des réseaux trophiques. Or les chercheurs ont découvert que l’intensification des pratiques agricoles expose ces espèces à des produits chimiques en partie à l’origine du déclin des populations d’oiseaux en Europe. Mais en réalité, les rapaces en milieu urbain sont plus à risque d’être contaminés.

 

Au cours des 50 dernières années, l’intensification des pratiques agricoles a entraîné un déclin important des populations d’oiseaux qui habitent les terres cultivables en Europe. Outre les facteurs liés à l’urbanisation croissante, tels que la diminution de l’hétérogénéité du paysage et la fragmentation des habitats, l’utilisation exponentielle de produits chimiques dans l’agriculture a participé activement à cette décroissance. Parmi les populations les plus touchées, les rapaces sont en première ligne, car ils sont particulièrement sensibles à la bioaccumulation et à la bioamplification des composés toxiques dans l’environnement. Prédateurs au sommet de la chaîne alimentaire, les oiseaux de proie sont de véritables sentinelles de la santé des écosystèmes et de la contamination des réseaux trophiques.

Des chercheurs se sont donc intéressés aux niveaux de polluants chimiques retrouvés chez les rapaces, issus des produits utilisés à la fois dans les milieux agricole et urbain (rodenticides anticoagulants, médicaments et produits phytopharmaceutiques ; insecticides, herbicides ou fongicides). L’objectif était d’évaluer la menace que ces produits font peser actuellement sur les écosystèmes européens. Ils ont analysé les foies de plusieurs espèces de rapaces vivant en milieu rural ou urbain en Allemagne : le milan royal (Milvus milvus), l’autour des palombes (Accipiter gentilis) et l’épervier d’Europe (Accipiter nisus), ainsi que le pygargue à queue blanche (Haliaeetus albicilla) et le balbuzard pêcheur (Pandion haliaetus) afin de tenir compte de potentielles expositions aquatiques.

Il en ressort que la contamination par des rodenticides est une menace bien réelle chez les rapaces d’outre-Rhin. Cependant, ce ne sont pas les populations en milieu rural qui sont les plus à risque. L’exposition aux rodenticides semble plus importante dans les habitats urbains. Les milans royaux et les autours des palombes seraient les plus touchés par cette contamination, en raison notamment de particularités d’espèces. La détection de taux de rodenticides chez les pygargues à queue blanche suggère que l’exposition pourrait ne pas se limiter aux réseaux trophiques terrestres. Cependant, des études complémentaires, incluant des substituts alimentaires, sont nécessaires pour identifier les sources d’exposition exactes. De même, le lien observé entre la probabilité d’exposition aux rodenticides et le degré de couverture des sols urbains mérite de se pencher sur les transferts trophiques terrestres et les risques associés dans les écosystèmes urbains.

De l’ibuprofène (14,9 %) et des fluoroquinolones (2,3 %) ont également été détectés dans les échantillons prélevés sur des rapaces morts. Cette découverte met en évidence que leur utilisation à grande échelle et en grande quantité, en association avec la fertilisation du fumier et l’élimination incomplète des eaux usées, entraîne des émissions à l’origine de résidus dans l’environnement.

En revanche, la plupart des produits phytopharmaceutiques analysés et actuellement utilisés n’ont pas été décelés chez les rapaces, ce qui indique qu’une contamination généralisée dans la région d’étude est peu probable. Cependant, la métabolisation rapide de certains de ces produits dans les tissus biologiques suggère que d’autres analyses, à partir d’échantillons sanguins prélevés chez les oisillons par exemple, seraient plus pertinentes à l’avenir pour évaluer l’exposition spatio-temporelle.

Dans leur ensemble, les résultats démontrent que l’exposition aux rodenticides représente une menace pour certains oiseaux de proie, et en particulier pour les rapaces qui vivent dans les habitats urbains. Les chercheurs s’inquiètent notamment de l’étendue des contaminations, qui pourraient se propager bien au-delà des réseaux trophiques terrestres.

 

 

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