jeudi, novembre 21, 2024
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Vers une gestion “One Health” du stress pour mieux gérer les épidémies

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Vers une gestion “One Health” du stress pour mieux gérer les épidémies

La pandémie de Covid-19 constitue un exemple particulièrement pertinent de l’impact du stress dans nos sociétés. Si les humains ont subi l’offensive du virus, le risque pathologique, le confinement et l’isolement social, les animaux vivant à leurs côtés n’y ont pas échappé. Outre l’impact de la maladie sur chaque individu, le stress est aussi à l’origine de déficiences immunitaires chez l’animal, susceptibles de participer à la propagation virale. Ce stress partagé a affaibli tout un écosystème et a pu influencer l’issue de la pandémie. Il est donc à prendre en compte, pas seulement pour la santé physique et mentale des populations, mais dans la gestion épidémique.

 

À l’origine, le stress n’est pas forcément néfaste. Ce stimulus qui perturbe l’homéostasie pour obtenir une réaction nous pousse à l’action, que ce soit pour entreprendre une activité physique, éviter un danger quelconque ou encore aller travailler le matin. L’absence de stress n’est donc pas nécessairement une bonne chose, car elle peut conduire à l’ennui et à la frustration. L’enjeu consiste donc à déterminer si un stress relève d’une expérience naturelle, souvent inévitable et avec des effets positifs, ou s’il s’agit plutôt d’une détresse entraînant des effets délétères.

Il existe bien entendu des expériences intrinsèquement négatives. Les animaux peuvent subir un stress psychologique, par la manipulation, le transport, le sevrage, ou encore un stress physique provoqué par la faim, la soif, la fatigue, une blessure, des températures extrêmes ou une surdensité de population. À titre d’exemple, l’élevage intensif, qui cumule plusieurs de ces situations, fait partie des principaux facteurs de stress. Mais la différence entre un stress bénéfique et préjudiciable est parfois plus subtile. Elle peut simplement se jouer sur l’intensité ou la durée de l’expérience. Lorsque le stress devient chronique, par exemple, cela modifie le taux hormonal, influence le système nerveux central et inhibe le système immunitaire, ce qui rend les humains et les animaux plus vulnérables face aux maladies.

Le stress peut ainsi fragiliser le corps soumis aux agents pathogènes. Il est donc à prendre au sérieux dans le contexte d’une pandémie mondiale, pas seulement pour la santé physique et mentale des populations, mais également dans la gestion épidémique. Le stress peut augmenter la charge et l’excrétion virales chez l’animal, ce qui peut avoir pour conséquences des niveaux élevés de contamination des produits de l’élevage, une réduction de la production, de la fertilité et de l’immunité globale des animaux, accroissant ainsi le risque de transmission de maladies. Des animaux de rente ou de compagnie en bonne santé, c’est donc des propriétaires plus sains et plus heureux et des moyens de subsistance plus rentables pour les éleveurs, sans compter que le bien-être des animaux réduit les besoins en antibiotiques.

Une gestion préventive des maladies, fondée sur le bien-être animal en complément d’une utilisation raisonnée des antibiotiques, permettrait notamment de lutter de manière plus efficace contre l’antibiorésistance, un problème croissant qui affecte les humains et les animaux dans le monde entier. La résistance des bactéries aux antibiotiques illustre bien la nécessité d’une gestion partagée des maladies entre les populations humaines et animales. Il faut désormais regarder au-delà de la simple réponse thérapeutique à des états physiologiques ou pathologiques de l’animal. La surveillance active des maladies, l’augmentation du bien-être et la réduction du stress peuvent améliorer, ensemble, la santé globale des animaux. C’est un problème qui nous concerne tous, mais les propriétaires ont un rôle particulièrement important à jouer en veillant à la santé et au bien-être de leurs propres animaux. Une prise de conscience accrue de la façon dont nous élevons, nourrissons et gérons les animaux peut aider à réduire les facteurs de stress qui les affectent et les répercussions négatives qui en découlent.

Le bien-être animal est également à rechercher pour ses effets sur l’homme. La santé partagée et la surveillance des potentiels agents pathogènes, capables de franchir la barrière des espèces, font de la santé animale une sentinelle de la santé humaine, physiologique et mentale. Ces derniers temps, le rapprochement avec les animaux au sein de nos foyers a su soulager les moments de solitude et de stress provoqués par l’isolement social dû à la pandémie. De la même manière que chez l’animal, notre santé mentale peut avoir un impact non négligeable sur notre niveau de stress, donc notre santé immunitaire et notre vulnérabilité aux maladies. À son tour, l’état psychologique de l’homme peut impacter les autres espèces qui l’entourent. Les humains stressés portent souvent préjudice au bien-être animal. Les animaux sont connus pour leur capacité à ressentir les émotions négatives, et le stress humain peut facilement déclencher à son tour du stress et de l’inconfort chez l’animal.

La santé humaine, la santé animale et celle de l’environnement sont interdépendantes, et le stress est un facteur à prendre en compte dans l’équation “une seule santé”. C’est un cercle vertueux : adopter des conditions de vie moins stressantes pour les animaux aura des effets positifs sur les humains. Ces effets sont particulièrement recherchés et pertinents dans un monde où les zoonoses sont plus fréquentes et peuvent être à l’origine de crises pandémiques. Il devient crucial de prendre des mesures proactives dès maintenant pour prédire, détecter et gérer les menaces pour la santé mentale de tous les êtres vivants, dont le stress. Être pleinement conscients de l’impact du stress sur nos sociétés, et optimiser certains des points de contrôle clés, pourrait faire la différence dans le futur.

 

 

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