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Yersinia pestis : première transmission de la peste du chien à l’homme aux États-Unis

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Yersinia pestis : première transmission de la peste du chien à l’homme aux États-Unis

Quatre cas humains de peste pulmonaire, décelés dans le Colorado l’été dernier, ont pour origine un chien infecté par Yersinia pestis. Selon le récent rapport* des Centers for Disease Control and Prevention (CDC), c’est la première incidence d’une contamination de l’homme par un chien porteur de la bactérie aux États-Unis. Et c’est sans doute le premier cas de transmission interhumaine de la peste depuis 90 ans outre-Atlantique.

 

Le 8 juillet 2014, le laboratoire de santé publique du Colorado détecte Yersinia pestis, la bactérie responsable de la peste, dans un échantillon de sang prélevé chez un homme hospitalisé pour une pneumonie. L’hôpital avait initialement identifié Pseudomonas luteola comme origine de la maladie via un système de diagnostic automatisé.

Une enquête menée dans l’environnement du patient révèle alors que son chien a été euthanasié le 25 juin après avoir présenté une forte fièvre, une rigidité de la mâchoire, une ataxie des membres antérieurs et finalement une dyspnée et une hémoptysie. Son propriétaire a déclaré la maladie trois jours plus tard.

Yersinia_pestis_BacteriaDeux personnes entrées en contact avec le chien et une autre avec son maître ont présenté une hyperthermie et des troubles respiratoires, avec des signes radiologiques de pneumonie chez deux d’entre elles. L’analyse des prélèvements effectués chez ces trois personnes et chez le chien ont confirmé l’infection par Y. pestis.

La peste pulmonaire est rare aux États-Unis, avec seulement 74 cas signalés entre 1900 et 2012. Cet épisode est ainsi le plus important depuis l’épidémie de peste de 1924 à Los Angeles et son origine est atypique. En effet, jusqu’à présent, les chiens infectés par Yersinia pestis, généralement asymptomatiques, n’étaient pas considérés comme une source directe de l’infection humaine. La peste est en effet principalement véhiculée par le rat, et transmise à l’homme par les piqûres de puces de rongeurs infectés. Elle peut également se propager par contact avec les sécrétions ou les tissus d’un animal contaminé.

Selon le récent rapport des CDC, la peste devrait désormais être incluse dans le diagnostic différentiel des affections respiratoires canines dans les zones où la maladie est endémique. De même, il convient de prendre en compte les limites des systèmes de diagnostic automatisés pour identifier des bactéries rares telles que Y. pestis.
Par ailleurs, les patients suspectés d’être atteints de peste pulmonaire doivent être isolés avant la confirmation du laboratoire et traités avec les antibiotiques appropriés. C’est en effet la seule forme de peste qui peut se transmettre d’homme à homme, par voie respiratoire. Tout retard dans son diagnostic, en raison de résultats de tests erronés ou de présentations cliniques atypiques, peut conduire à un nombre élevé d’expositions potentielles à la bactérie (personnel médical, vétérinaire, de laboratoire, etc.).

Bien que la peste humaine soit rare en Amérique du Nord, elle pose un problème de santé publique dans l’ouest des États-Unis où Y. pestis circule parmi les populations de rongeurs sauvages (notamment les chiens de prairie) via leurs puces. La reconnaissance précoce de la maladie, en particulier la forme pneumonique, est essentielle pour la traiter efficacement et prévenir toute transmission supplémentaire. Non traitée, la peste pulmonaire affiche un taux de mortalité supérieur à 93 %.

 

* Outbreak of human pneumonic plague with dog-to-human and possible human-to-human transmission, Colorado, june–july 2014. Weekly, 2015, 64 (16) ; 429-434. http://www.cdc.gov/mmwr/preview/mmwrhtml/mm6416a1.htm?s_cid=mm6416a1_w

 

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