Dans une lettre commune adressée à Bruxelles, les trois principales organisations vétérinaires européennes tirent le signal d’alarme face aux dérives du commerce d’animaux de compagnie sur Internet, peu ou pas réglementé. L’association de protection animale Four Paws fait également partie des signataires de cette lettre, qui contient un certain nombre de préconisations pour améliorer la réglementation et responsabiliser davantage les acteurs de ce marché très lucratif.
Signée par la Fédération des vétérinaires d’Europe (FVE), l’Union des praticiens vétérinaires européens (UEVP) et la Fédération des associations de vétérinaires pour animaux de compagnie (Fecava), la lettre est adressée aux commissaires européens Andrus Ansip (marché numérique unique) et Vytenis Andriukaitis (santé et sécurité alimentaire). Elle identifie plusieurs « préoccupations concernant les problèmes croissants posés par le commerce non réglementé d’animaux sur Internet ».
Depuis quelques années, le nombre de publicités en ligne publiées par des éleveurs et des vendeurs de chats et de chiens a considérablement augmenté au sein de l’Union européenne. Certains sites web dépassent désormais les 200 000 petites annonces mettant en vente des animaux domestiques. Or « Internet est le canal préféré des vendeurs frauduleux qui entrent directement en contact avec des clients peu méfiants », souligne Wolfgang Dohne, le président de la Fecava. « Le commerce illégal de chiots est en plein essor. Il génère de gros profits, offrant des marges bénéficiaires énormes : un chiot acheté en Pologne 50 € peut être revendu en Allemagne pour 1 000 €. La perspective de gains aussi élevés fait de ce trafic un marché de plusieurs millions d’euros. »
Actuellement, le commerce en ligne d’animaux de compagnie n’est pas réglementé dans la plupart des pays européens. « Cela augmente non seulement la propagation des infections, dont les zoonoses, mais provoque également un traumatisme émotionnel et financier pour les familles européennes qui sont confrontées à des animaux malades, voire mourants, achetés en ligne », ajoute Wolfgang Dohne. Pour les signataires, « le profit ne doit jamais primer sur la santé et le bien-être des animaux ou la santé publique. Afin de faciliter l’application des lois et de protéger les consommateurs, la santé humaine ainsi que la santé et le bien-être des animaux, nous demandons en outre de rendre obligatoire l’identification et l’enregistrement des chiens dans toute l’Europe ».
La lettre énumère un certain nombre de recommandations visant à améliorer la réglementation du commerce en ligne d’animaux au niveau de l’Union, notamment par la vérification et l’enregistrement des vendeurs, la mention d’informations obligatoires sur les animaux (y compris leur numéro d’identification), l’interdiction des annonces publicitaires de “pet wanted” et la possibilité de signaler toute violation de la réglementation sanitaire ou de bien-être animal.
La FVE, l’UEVP et la Fecava ont en outre publié un rapport conjoint intitulé “Vers un commerce responsable des chiens”, qui préconise également une meilleure réglementation sur Internet. Les trois organisations comptent aussi interpeller les éleveurs ou revendeurs présents sur les sites web de commerce d’animaux, qui contribuent au problème. « Certains fournisseurs des sites de vente et d’achat d’animaux de compagnie en ligne, comme Gumtree en Australie, ont déjà mis en place une politique de protection des animaux. C’est clairement un pas dans la bonne direction ».