La pathogénicité du virus Ebola Reston chez le porc se précise, avec une nouvelle étude qui établit une transmission viable intra-espèce. Les autorités sanitaires s’inquiètent du potentiel rôle zoonotique des populations porcines dans la propagation du virus à l’homme.
Le virus Reston (RESTV) est l’un des six virus connus du genre Ebolavirus. Il provoque une maladie clinique chez les macaques et autres primates non humains, mais contrairement aux cinq autres ebolavirus, il n’est à l’origine que de rares infections asymptomatiques chez l’homme.
Décrit pour la première fois en 1989 chez le singe, le virus inquiète notamment depuis qu’en janvier 2008, il fait son apparition chez des porcs aux Philippines. Les premières transmissions interespèces du RESTV entre le porc et l’homme sont alors constatées, ce qui incite l’Organisation mondiale de la santé à émettre une alerte mondiale.
L’infection à virus Ebola Reston affiche ainsi un potentiel zoonotique qui induit des préoccupations sanitaires, particulièrement en matière de sécurité alimentaire. De nombreuses questions sur les risques pour l’homme se posent alors. Jusqu’à présent, la pathogénicité chez les porcs naturellement infectés demeurait incertaine, avec seulement une seule étude expérimentale démontrant leur sensibilité et leur pouvoir d’excrétion du virus, mais sans développer cliniquement la maladie.
Une nouvelle étude renseigne davantage sur la pathogénicité du RESTV dans l’espèce porcine. Les travaux récents établissent une virulence importante chez les populations porcines. Des porcelets croisés du Yorkshire, fréquemment utilisés en élevage, infectés expérimentalement par le virus Ebola Reston, ont en effet développé une maladie respiratoire grave, voire mortelle, quel que soit leur âge (trois à sept semaines), et ont excrété le virus par voie aérienne.
D’autres études complémentaires permettront d’établir si des coïnfections avec d’autres virus porcins affectent la virulence du RESTV et si les porcs jouent un rôle important dans la propagation des Ebolavirus. En attendant, le virus Reston devrait être considéré comme un agent pathogène des animaux de rente avec un potentiel zoonotique, susceptible d’infecter d’autres mammifères dont l’homme. « L’émergence du RESTV chez les porcs est un signal d’alarme, car la transmission à l’homme par contact direct avec les porcs ou la chaîne alimentaire est une possibilité », estiment les scientifiques du National Institute of Health. Ils redoutent que les porcs ne servent « d’hôtes intermédiaires ou d’amplificateurs des Ebolavirus ».
Pour le moment, le virus Ebola Reston n’a pas été isolé chez les porcs destinés à la consommation humaine aux États-Unis, seulement en Chine et aux Philippines. Une surveillance accrue dans toute l’Asie du Sud-Est est toutefois assurée par les autorités sanitaires concernées.