Une nouvelle souche du virus de la maladie hémorragique du lapin se répand dans le Sud-Ouest des Etat Unis. Mortelle, la maladie fait des ravages sur les populations de lagomorphes, communes et menacées d’extinction.
Le virus de la maladie hémorragique du lapin fit son apparition dans les années 1980, dévastant les populations de lapins domestiques en Chine et en Europe puis en Australie. Alors que les populations commencent à se rétablir, une nouvelle souche, le virus de la maladie hémorragique du lapin 2 (RHDV2, également appelé L. europaeus / GI.2), apparait en France en 2010 menaçant de nouveau les populations domestiques, mais également sauvages.
La nouvelle souche, moins mortelle chez les lapins adultes, touche également les lapereaux et les espèces sauvages, contrairement à son prédécesseur. Toutes les espèces nord-américaines de lagomorphes – qui incluent les lapins, les lièvres et les parents éloignés appelés pikas – pourraient être sensibles. Cette particularité pourrait être expliquée par le fait que le virus est plus sujet à recombinaison.
Les deux types de RHDV sont extrêmement infectieux. Ils persistent dans l’environnement, survivant chez les animaux morts pendant au moins 3 mois et peuvent être propagés dans les excréments des prédateurs et insectes.
Détecté pour la première fois en Amérique du Nord en 2018, le virus ne fait que progresser sur le territoire depuis. Et malheureusement les solutions de lutte ne sont pas toujours adaptées.
Les vaccins commerciaux pour lapins domestiques, disponibles en Europe, ne peuvent pas être utilisés chez les espèces sauvages car ils doivent être injectés. Et le stress induit par la capture et la manipulation des animaux est souvent mortel. Des laboratoires travaillent sur un vaccin oral, mais les études sont encore en cours et couteuses. Des premiers résultats sont attendus pour fin 2021, mais il faudrait encore deux à trois ans de plus pour homologuer le vaccin.
En attendant, il faudra empêcher la transmission du virus dans les populations au maximum afin de protéger au mieux les écosystèmes. Les biologistes craignent que le virus puisse avoir un impact particulièrement négatif sur certaines espèces qui sont déjà en difficulté et sur les prédateurs. En effet, après que la population ibérique de lagomorphes ait été réduite de 60 à 70%, deux prédateurs du lapin ont également vu leurs populations chuter : l’aigle impérial espagnol de 45% et le lynx ibérique de 65%.
En attendant, l’étude des souches, et de leur virulence, pourrait aider les biologistes à anticiper l’impact sur les populations sauvages.