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Reproduction canine : première fécondation in vitro réussie aux États-Unis

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Reproduction canine : première fécondation in vitro réussie aux États-Unis

Pour la première fois, une portée de chiots, conçus par fécondation in vitro (FIV) à partir d’embryons préalablement congelés, est née cet automne au collège de médecine vétérinaire de l’université de Cornell. Depuis les années 70, les recherches sur cette technique n’étaient pas parvenues à un résultat. C’est chose faite aujourd’hui. Issus de cette avancée technologique, les sept chiots, trois femelles et quatre mâles, nés à J65 par césarienne, se portent bien.

 

Cette première mondiale en matière de reproduction canine, publiée en ligne le 9 décembre 2015 dans la revue PLoS One*, ouvre des horizons en termes de conservation des espèces de canidés en voie de disparition, d’éradication des maladies héréditaires canines, mais aussi d’étude des maladies génétiques. Les chiens partagent en effet plus de 350 anomalies héréditaires avec l’homme, soit presque deux fois plus que les autres espèces animales.

reproduction canine FIVPour parvenir au succès de cette fécondation in vitro, dix-neuf embryons fécondés ont été implantés chez la chienne receveuse, qui a donné naissance à sept chiots en bonne santé, issus des ovules et des spermatozoïdes de trois femelles et deux mâles biologiques, de race beagle et cocker spaniel.

Le premier défi a consisté à collecter des ovocytes matures à partir de l’oviducte des chiennes donneuses. Les chercheurs ont d’abord tenté de prélever des ovocytes au même stade de maturation que pour les autres animaux, mais comme le cycle de reproduction du chien diffère de celui des autres mammifères, cet essai a échoué. Jennifer Nagashima et son équipe ont alors constaté que si elles laissaient les ovocytes dans l’oviducte un jour supplémentaire (collecte à J6 plutôt que J5 après le pic de LH), ils atteignaient un stade de maturation qui améliorait significativement la fécondation.

Le deuxième défi est lié à la capacitation du sperme du chien dans l’oviducte de la femelle. Cette autre spécificité de l’espèce canine a obligé les chercheurs à simuler ce phénomène en laboratoire. Ils ont alors constaté que l’ajout de chlorure de magnésium au milieu de conservation rendait effective cette capacitation du sperme, comme pour la semence bovine. Les spermatozoïdes sont restés dans ce milieu de capacitation enrichi au magnésium pendant deux heures et demi à trois heures et demi. Les ovocytes et le sperme capacité ont ensuite été réunis dans un milieu contrôlé pendant quatorze heures.

Au final, grâce à la résolution de ces deux difficultés, l’étude fait état d’un taux de 80 à 90 % de fécondations in vitro réussies sur 146 ovocytes.

Le dernier défi pour les chercheurs a été de congeler les embryons obtenus, puis de les décongeler pour les implanter dans les cinq femelles receveuses au bon moment de leur cycle de reproduction (à J8 ou à J10). Les quatre premiers transferts embryonnaires, réalisés par ponction de la paroi de l’oviducte, ont échoué. Pour la cinquième tentative, la procédure de transfert a donc été modifiée : l’accès à l’infundibulum a été dégagé pour les deux trompes utérines afin d’y injecter naturellement les embryons par cette voie.

Demain, avec cette nouvelle technique de reproduction canine, il devient possible de manipuler l’embryon pour corriger son génome de ses anomalies génétiques. Les chercheurs pourraient alors, un jour, éradiquer des maladies génétiques et héréditaires canines. Lors de la sélection en élevage, la consanguinité a conduit à des excès préjudiciables. Certaines races canines sont ainsi prédisposées à plusieurs maladies (golden retriever et lymphome, dalmatien et calculs urinaires, etc.). En combinant les techniques de correction des gènes et de fécondation in vitro, il est potentiellement envisageable d’éradiquer une maladie génétique avant qu’elle ne se développe…

* Jennifer B. Nagashima et coll. : « Live births from domestic dog (Canis familiaris) embryos produced by in vitro fertilization », December 9, 2015.

http://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0143930

 

 

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