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PIF : des avancées dans le traitement de la péritonite infectieuse féline

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PIF : des avancées dans le traitement de la péritonite infectieuse féline

Contrôler les facteurs de risque de la péritonite infectieuse féline (PIF) n’est pas chose facile. Due à la mutation du coronavirus entérique du chat, très répandu au sein de la population féline mondiale, cette maladie mortelle se révèle difficile à diagnostiquer et à combattre. Toutefois, de nouveaux médicaments antiviraux testés aux États-Unis, très prometteurs, pourraient enfin permettre de traiter efficacement les deux formes de cette affection virale complexe.

 

L’issue de la péritonite infectieuse féline, une maladie virale contagieuse qui touche généralement les chatons, est presque toujours fatale. Selon la Morris Animal Foundation, la PIF est l’une des principales causes de mortalité chez les chatons et les jeunes chats, avec une incidence cinq à dix fois plus élevée au sein des collectivités (chatteries, refuges, élevages). Face aux difficultés de prévention et de traitement de la péritonite infectieuse féline, la fondation Morris a engagé 1,2 million de dollars sur trois ans (2015-2017) pour financer la recherche afin de faire progresser la compréhension de la maladie et de tester de nouveaux médicaments antiviraux qui ont conduit à une rémission chez certains chats atteints de PIF.

Outre-Atlantique, le Dr Niels C. Pedersen étudie la nature complexe de la maladie depuis 1964. À l’époque, la PIF allait de pair avec la leucose féline. Si la fréquence des deux affections a chuté après la mise au point d’un vaccin contre le virus de la leucose féline, aujourd’hui l’incidence de la PIF est en augmentation. Difficile à diagnostiquer, les deux formes de la maladie (humide ou sèche) commencent toutefois à être mieux identifiées par les vétérinaires, en particulier certains cas chroniques de PIF non exsudative.

Le coronavirus impliqué, un virus à ARN présent dans le monde entier, se transmet par voie oro-fécale.

Dans les collectivités, jusqu’à 60 % des chats excrètent le coronavirus félin à un moment donné

Selon une étude, le développement d’une PIF chez les chats porteurs du virus entérique se produirait dans environ 20 % des infections. Pourtant, l’incidence de la PIF n’est que de 0,3 à 1,3 % de la population féline dans l’ensemble des études réalisées en Amérique du Nord et en Europe. Ainsi, la maladie apparaît relativement rare par rapport au taux de mutations observé. Chez la plupart des chats atteints, la réponse immunitaire induite se révèle efficace. La question est de savoir pourquoi, chez certains chats, cette réponse immune est inopérante.

Selon le Dr Pedersen, le diagnostic de certitude peut être établi par le vétérinaire sur la base du signalement du cas, des symptômes observés, de l’examen clinique et des résultats d’analyses, incluant numération cellulaire et mesure de la concentration protéique. Mais en l’absence d’effet curatif des immunostimulants et des immunosuppresseurs, mais aussi d’un vaccin efficace, le seul espoir thérapeutique réside dans les médicaments antiviraux.

Dans ce cadre, la médecine vétérinaire a beaucoup à apprendre de la recherche sur les virus à ARN humains, tels que les virus du sida, de l’hépatite C, de la grippe ou encore d’Ebola. L’objectif commun aux deux médecines est de mettre au point des médicaments qui interfèrent avec les processus de réplication spécifiques des coronavirus, humains et animaux.

Pour traiter certaines formes de PIF, les résultats des études préliminaires menées sur le terrain avec un inhibiteur de la protéase (GC376) et un inhibiteur nucléosidique (EV0984) sont apparus très prometteurs. Pour le premier candidat, le GC376, les chercheurs ont étudié son action chez huit chats atteints d’une PIF induite expérimentalement. Ils ont constaté une rémission complète après 14 à 20 jours de traitement antiviral, initié à un stade avancé de la maladie qui, sinon, aurait inévitablement entraîné la mort des animaux. L’inhibition directe de la réplication virale par un inhibiteur de la protéase est ainsi considérée comme une option thérapeutique valable dans le cadre d’une infection à coronavirus, et le GC376 comme un traitement efficace contre la PIF.

Une avancée encourageante qui ouvre la voie à un traitement antiviral ciblé. Dans un récent essai de terrain, publié le 13 septembre 2017 dans le Journal of Feline Medicine and Surgery, le Dr Pedersen a testé l’innocuité et l’efficacité de l’inhibiteur GC376 sur 20 chats naturellement infectés par plusieurs formes de PIF. Le GC376 a été administré par voie sous-cutanée toutes les 12 heures à la dose de 15 mg/kg. Au final, 19 chats ont répondu au traitement en deux semaines seulement, mais 13 d’entre eux ont fait une rechute fatale. Chez sept chats, une rémission de la maladie a été observée.

Les résultats des travaux de recherche sur l’inhibiteur nucléosidique EV0984 ne sont pas encore publiés. Les chercheurs ont testé ce médicament contre la PIF induite de façon expérimentale, puis ont mené un essai de terrain incluant 30 chats. Quatre sont morts de complications en une à deux semaines, mais 26 chats ont bénéficié d’une rémission complète des signes de la maladie. Les deux tiers sont actuellement en rémission à long terme, voire permanente, après environ 12 semaines de traitement.

À terme, ces antiviraux spécifiques devraient devenir le traitement de choix de la péritonite infectieuse féline. La mise au point d’un traitement a été lente, mais désormais les scientifiques du monde entier disposent d’une solide base de données sur la PIF, source de progrès notables en particulier dans le domaine de la pharmacothérapie antivirale.

 

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