Désormais présente dans 76 pays, soit six de plus qu’il y a un an, la peste des petits ruminants continue de se propager et décime des milliers de moutons et de chèvres chaque année à travers le monde. L’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) et la Food and Agriculture Organization (FAO) ont développé une stratégie mondiale de contrôle et d’éradication de la maladie sur quinze ans, lancée début avril 2015. Mais face à la progression de la maladie, les experts veulent intensifier les efforts.
La peste des petits ruminants a gagné la Géorgie, à proximité des frontières avec l’Arménie et l’Azerbaïdjan : ce nouveau pays atteint a enregistré son premier cas récemment. Dans le même temps, une nouvelle épidémie a touché les Maldives, démontrant que même l’insularité ne met pas à l’abri de cette maladie virale très contagieuse, qui se propage depuis une vingtaine d’années dans des régions parmi les plus pauvres du monde, principalement en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie. De même, des infestations ont eu lieu dans l’ouest de la Turquie et en Chine continentale, consécutives à des cas similaires.
Dans les cheptels non vaccinés, le virus peut tuer en quelques jours jusqu’à 90 % des chèvres et des moutons infectés. Le programme de contrôle et d’éradication mondial élaboré par l’OIE et la FAO, fondé sur la stratégie définie en avril 2015, recommande la mise en œuvre de plusieurs mesures, dont la vaccination de quelque 800 000 ovins et caprins, jusqu’à la phase de l’éradication finale. Les deux organisations, qui ont établi un secrétariat commun, ont conclu la phase d’évaluation du programme (consultations, comptabilisation et localisation des troupeaux et des zones à risque).
La campagne vaccinale, prévue sur quinze ans, devrait en outre permettre de contrôler d’autres maladies du bétail, comme la brucellose ou la fièvre aphteuse. Des zones de quarantaine ont été délimitées et la surveillance des animaux situés dans les régions voisines des territoires touchés a été renforcée. Des feuilles de route régionales sont en cours d’élaboration et des outils techniques sont d’ores et déjà à la disposition des services vétérinaires, des épidémiologistes et des autres experts dans les pays touchés pour les aider à élaborer leurs campagnes nationales.
Possible sur le plan technique, notamment grâce à l’efficacité des vaccins actuels, l’éradication mondiale de la peste des petits ruminants exige néanmoins d’établir des systèmes de livraison pour les populations agropastorales qui vivent dans les zones rurales éloignées. Le développement de nouveaux vaccins, ou d’un vaccin marqueur, pourrait en outre réduire les coûts. Les compétences des laboratoires dans le diagnostic de la maladie sont également à renforcer.
Le passage de la phase de contrôle et de gestion du risque à celle de l’éradication de la maladie (aucun cas rapporté depuis au moins 24 mois) nécessite une action continue et coordonnée des pays concernés, mais aussi des programmes de vaccination intensifs et ciblés visant à protéger 80 % de l’ensemble des cheptels, donc tous les animaux âgés de plus de trois mois. Puis viendra, à l’horizon 2030, la phase d’évaluation postvaccination, indispensable à la reconnaissance du statut indemne.
La peste des petits ruminants provoque chaque année des pertes estimées à 1,8 milliard d’euros. Au-delà du préjudice économique, les animaux malades représentent un risque supplémentaire pour la sécurité alimentaire et l’état nutritionnel des quelque 300 millions de foyers pauvres qui dépendent de l’élevage des ovins et des caprins dans les régions affectées.
Voir aussi notre article : Peste des petits ruminants : 70 pays s’engagent à l’éradiquer d’ici à 2030