jeudi, novembre 21, 2024
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L’organisation sociale de populations équines sauvages sous l’œil des drones

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L’organisation sociale de populations équines sauvages sous l’œil des drones

À l’aide de drones, des chercheurs des universités de Kyoto et de Strasbourg ont observé et suivi des hordes de chevaux sauvages au Portugal afin d’étudier leurs interactions et la structuration des différents groupes sociaux.

 

Les sociétés humaines sont dites complexes, car à plusieurs niveaux. L’organisation sociale est structurée en plusieurs groupes et sous-groupes stables, qui peuvent s’associer pour former des niveaux d’organisation plus importants. Ainsi, des populations peuvent se regrouper en communauté, en ville, en pays, etc.

L’étude et la comparaison avec les sociétés complexes animales apportent un éclairage sur le fonctionnement des différents groupes, notamment leur façon de se maintenir au sein d’un système social. Mais les mécanismes en jeu restent mal compris et les données quantitatives manquent.

Jusqu’à présent, seules des méthodes numériques permettaient d’évaluer les modèles de structures sociales, en mesurant le temps que des groupes passent ensemble avec des techniques et des algorithmes de clustering non spécifiques, visant à révéler les différentes stratifications et associations. Cependant, la distance entre les individus ne doit pas être le seul paramètre à prendre en compte pour affirmer qu’ils sont “ensemble”, car cela occulte les relations interspécifiques des animaux. Cette méthodologie ne permet donc pas de modéliser l’ensemble des interactions sociales, ce qui peut fausser les méta-analyses.

Des chercheurs ont ainsi voulu aller au-delà de la mesure des distances entre les individus pour développer une méthode plus rigoureuse d’étude de la structuration des groupes de chevaux. Pour cela, ils sont partis des données spatiales sur la constitution des populations équines sauvages au Portugal, récoltées à l’aide de drones, pour identifier les associations sociales individuelles au sein de ces groupes.

Cette identification individuelle n’a été réalisée que dans quelques études et uniquement sur des groupes de petite taille. Ainsi, la plupart de celles qui ont utilisé des drones se sont concentrées sur les interactions sociales temporaires ou les comportements collectifs en écologie comportementale. Cette fois-ci, les chercheurs ont voulu ajouter des informations individuelles aux données de positionnement. Ils ont ainsi identifié, parmi 121 chevaux sauvages, 23 unités composées de harems (groupe mixte avec un ou deux étalons adultes) ou de groupes de célibataires (entièrement composés de mâles). Mais les unités peuvent parfois s’associer. Elles forment alors une organisation sociale de niveau supérieur, un troupeau, probablement dans le but d’offrir une protection plus efficace à ses membres.

L’observation aérienne grâce aux drones montre cependant qu’au sein des troupeaux, les unités gardent une certaine cohérence. Les plus grands harems ont tendance à occuper une place centrale, tandis que les plus petits et les groupes de célibataires gravitent à la périphérie. Cette construction n’est pas inhabituelle. Il est courant de retrouver des individus dominants au centre des structurations sociales. Cette relation hiérarchique semble donc s’étendre également à des groupes d’individus dont la dominance est en corrélation avec leur nombre.

Les chercheurs ont pu mettre en évidence l’existence d’unités de plusieurs individus, des associations de plusieurs unités en troupeaux et des positionnements stables entre les unités au sein des troupeaux. Ces éléments ont permis d’identifier une société complexe, à plusieurs niveaux, chez les chevaux sauvages. Les scientifiques espèrent que leur méthodologie, qui allie la position spatiale au suivi à long terme des associations sociales individualisées, sera appliquée à d’autres équidés, voire à d’autres espèces animales, dans le but d’établir des comparaisons entre populations et entre espèces.

 

https://www.nature.com/articles/s41598-020-79790-1

 

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