Une interaction génétique faisant obstacle au développement du diabète chez les bergers belges vient d’être découverte par des chercheurs suédois. Ils ont mis au jour, dans cette race, un nouveau mécanisme de régulation du taux de glucose dans le sang via une interaction des gènes situés sur deux chromosomes différents.
Certaines races canines présentent un risque accru de développer un diabète, caractérisé par un excès chronique de glucose dans le sang, tandis que d’autres sont très rarement touchées. La meilleure façon de diagnostiquer et de surveiller la maladie est de mesurer la concentration en fructosamine sérique, qui reflète le taux de glucose sanguin sur une période donnée.
Dans leur étude*, les scientifiques de l’université suédoise des sciences agricoles et de l’université d’Uppsala** ont analysé l’ADN de plus de 500 chiens sains appartenant à neuf races canines différentes et issus de cinq pays européens. Leur objectif était de savoir s’il existe des facteurs génétiques susceptibles d’influer sur les variations naturelles de la concentration en fructosamine sérique.
Dans leur analyse globale de toutes les races, ils n’ont trouvé aucune association pangénomique significative de la concentration en fructosamine dans le sang. Cependant, lorsque les races ont été étudiées séparément, les chercheurs ont constaté des variations dans une région du chromosome 3 associées à la concentration en fructosamine chez les bergers belges de type malinois. Et tout près de cette région, ils ont observé des gènes candidats intéressants, impliqués en amont dans le métabolisme du glucose.
Pour mieux comprendre ce que cette association avait de spécifique aux bergers belges, ils ont ensuite recherché quelles zones du génome étaient effectivement différentes par rapport aux autres races canines. Au cours de cette enquête, l’équipe a trouvé une région sur le chromosome 5 qui interagit avec celle précédemment identifiée sur le chromosome 3. Cette zone active de liaison héberge également des gènes candidats intéressants et des régions régulatrices, mais les mécanismes sous-jacents de l’interaction restent inconnus. Néanmoins, cela pourrait expliquer la spécificité raciale de la découverte initiale.
Le berger belge présente un faible risque de développer un diabète. Les résultats obtenus chez cette race pourraient donc être reliés à un mécanisme de protection contre la maladie. Ce nouvel éclairage sur la régulation du métabolisme du glucose est en outre susceptible d’améliorer les méthodes de diagnostic et de traitement du diabète sucré.
En définitive, le berger belge (malinois dans l’étude) est un chien de travail, comme le berger allemand, une autre race qui souffre rarement de diabète. Ces chiens ont besoin de taux élevés d’oxygène et de sucre pour assurer de bonnes performances. L’hypothèse des chercheurs est alors que les chiens qui montrent un bon contrôle de la glycémie, comme les bergers belges, ont été sélectionnés par l’élevage, créant ainsi une race avec un caractère de protection contre le développement du diabète.
* Simon K.G. Forsberg et coll. : The Shepherds’ tale: a genome-wide study across 9 dog breeds implicates two loci in the regulation of fructosamine serum concentration in Belgian Shepherds, PloSOne, 13/5/2015, http://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0123173
** Depuis une dizaine d’années, l’université suédoise des sciences agricoles, l’université d’Uppsala et le Broad Institut utilisent le chien comme modèle animal pour la recherche sur les maladies héréditaires qui touchent aussi l’homme. Les projets en cours concernent une vingtaine de maladies, dont le diabète, le cancer, les maladies auto-immunes, les troubles du comportement, les affections oculaires et les cardiomyopathies chez plusieurs races canines.