Les bactéries intestinales communiquent avec les mitochondries pour booster les performances sportives du cheval, selon une nouvelle étude. Certains microorganismes permettent ainsi une production d’énergie plus efficace, ouvrant la voie à une complémentation alimentaire ciblée afin d’améliorer et d’entretenir la condition physique du cheval athlète.
Notre tube digestif abrite des milliards de microorganismes, soit deux à dix fois plus de cellules que celles qui constituent notre corps. Leur présence dans l’intestin est connue depuis plus d’un siècle, mais jusqu’à récemment, les méthodes permettant d’étudier les détails de leurs interactions étaient limitées. La mise au point des techniques de séquençage à haut débit a donné un nouvel élan à la recherche et permis de réelles avancées des connaissances sur la nature des échanges entre l’hôte et son microbiote, les microorganismes entre eux, et leur incidence.
Depuis quelques années, de nombreuses études s’intéressent au sujet et les chercheurs tentent aujourd’hui de mieux comprendre les liens entre les déséquilibres du microbiote et certaines affections, en particulier les maladies auto-immunes et inflammatoires. Chez l’homme, nombre d’entre elles dues à un dysfonctionnement mitochondrial, comme les maladies de Parkinson et de Crohn, seraient notamment associées à des modifications du microbiome intestinal.
Chez le cheval, ce lien entre le microbiote intestinal et les mitochondries existerait également, selon une nouvelle étude. Des chercheurs français, principalement de l’Inrae, ont prélevé des échantillons sanguins et fécaux chez 20 chevaux d’endurance sains, d’âge et de niveau de performance similaires, au départ et à l’arrivée du concours international d’endurance de Fontainebleau, sur une épreuve d’environ 8 heures. Ces échantillons ont fourni des informations sur la composition du microbiote équin, sur les métabolites et les signaux chimiques produits par les bactéries, et sur l’expression de gènes spécifiques.
Les chercheurs ont découvert que certains types de bactéries intestinales équines sont capables de produire des signaux chimiques afin de communiquer avec les cellules de l’organisme, en particulier les mitochondries, véritables centrales énergétiques des cellules qui régulent et génèrent de l’énergie, et que cela influencerait leur expression génétique. Les gènes ainsi exprimés ou activés aideraient les cellules à s’adapter au métabolisme énergétique, lors d’une course par exemple. Les métabolites produits par les bactéries intestinales auraient pour effet de retarder l’hypoglycémie et l’inflammation dans les cellules de l’organisme du cheval, augmentant sa production d’énergie et prolongeant ses performances sportives. Les mitochondries, qui ont une origine bactérienne, auraient ainsi conservé leur capacité de communiquer et d’interagir, ou du moins d’intercepter des messages provenant du microbiote intestinal.
D’après les chercheurs, l’étude chez le cheval est un bon moyen d’évaluer l’interdépendance entre les bactéries intestinales et les mitochondries, car le niveau d’exercice atteint par un cheval lors d’une course d’endurance est similaire à celui d’un marathonien humain. Une meilleure compréhension de la communication entre la fonction mitochondriale et le microbiome intestinal pourrait également aider à améliorer les performances individuelles des chevaux. Ces découvertes ouvrent la voie à de nouveaux protocoles d’entraînement, incluant notamment une ration alimentaire supplémentée. Une complémentation, associant des probiotiques contenant des bactéries bénéfiques à des prébiotiques qui servent à alimenter ces bonnes bactéries, pourrait être un moyen efficace d’améliorer la santé et l’équilibre du microbiome chez le cheval athlète, dans le but d’accroître les performances sportives.
Les résultats de l’étude suggèrent également que les acides gras libres circulants peuvent agir non seulement comme carburant, mais aussi entraîner des réponses inflammatoires mitochondriales déclenchées par la translocation de polysaccharides bactériens intestinaux après l’effort. Cibler l’axe intestin-mitochondries semble donc être une stratégie gagnante pour améliorer la performance.