Un renforcement des mesures de biosécurité est préconisé par l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) dans les élevages, afin d’enrayer la diffusion mondiale de la grippe aviaire. Depuis le début de l’an passé, le nombre de foyers détectés ne cesse de progresser et touche désormais plus de 35 pays, dans toutes les régions du globe.
La multiplication des foyers impliquant plusieurs souches du virus grippal a entraîné la mort ou l’abattage sanitaire de plusieurs dizaines de millions de volailles à l’échelle mondiale depuis début 2014. Cette situation exige, selon l’OIE, une meilleure application des normes adoptées par ses 180 pays membres en termes de surveillance, de détection précoce des cas, de réponse rapide à l’apparition de foyers, de prévention et de contrôle de la maladie. Cela passe notamment par des mesures de biosécurité dans le cadre des élevages et des échanges commerciaux, mais aussi, le cas échéant, par la vaccination des volailles.
Les mesures de biosécurité préconisées sont, pour l’OIE, de la plus haute importance pour prévenir la propagation de la maladie. Si le rôle des oiseaux sauvages comme réservoirs et vecteurs du virus grippal n’est pas négligeable, d’autres facteurs de transmission interviennent, notamment entre les exploitations aviaires, pour prendre le relais en l’absence de précautions appropriées.
Ainsi, face à l’augmentation récente des foyers d’influenza aviaire en Amérique du Nord, en Afrique et en Europe, mais aussi de leur persistance en Asie, les services vétérinaires des pays membres de l’OIE sont invités à mettre en œuvre l’ensemble des mesures de prévention prévues au niveau des élevages, adaptées à la situation locale.
Une accalmie de courte durée
Il y a dix ans, l’épizootie mondiale d’influenza aviaire H5N1 avait déjà entraîné la mort de dizaines de millions de volailles. Plusieurs centaines de cas humains avaient également été déplorés, mortels pour plus de la moitié d’entre eux. Cette épidémie, essentiellement chez l’animal, avait à l’époque fait craindre une mutation de la souche grippale vers une forme à forte capacité de contamination interhumaine, qui aurait pu mener à une diffusion mondiale de la maladie chez l’homme. Heureusement, la souche virale est restée stable et la pandémie redoutée n’a finalement pas eu lieu. Forts de cette expérience et de la mise en place des normes OIE dédiées, les services vétérinaires de nombreux pays ont appris à gérer les foyers de grippe aviaire et à les circonscrire rapidement. Toutefois, cette apparente accalmie a pris fin avec les épisodes survenus ces dernières années.
Ainsi, la souche faiblement pathogène H7N9, apparue début 2013 en Chine, s’est révélée capable, pour la première fois, d’infecter l’homme, provoquant une centaine de cas humains en quelques mois. La plupart des patients atteints ont rapidement développé une pneumonie sévère, souvent mortelle. Les mesures provisoires de fermeture des marchés de volailles vivantes ont permis de freiner cette transmission de l’animal à l’homme, sans pour autant y mettre un terme.
Face à un taux de mortalité de plus de 30 %, disposer d’un vaccin efficace est encore la meilleure façon de prévenir une épidémie. Dans une récente étude* américaine, des chercheurs ont utilisé le virus parainfluenza 5, couramment isolé chez le chien, comme vecteur d’un nouveau vaccin contre la grippe A H7N9. Le vaccin développé a protégé des souris et des cobayes contre une infection par le virus H7N9 et semble être un candidat prometteur pour de futurs tests de vaccination chez l’homme.
En 2014, une nouvelle souche aviaire hautement pathogène, H5N8, a été mise en évidence en Corée du Sud et en Chine, gagnant rapidement le Japon. Le virus s’est ensuite propagé, probablement par le biais de la migration des oiseaux sauvages, vers l’Inde, l’Europe, le Canada et les États-Unis. Fortement touchés, ces derniers font également face actuellement à une épizootie de grippe aviaire H5N2, responsable en quelques mois de la mort de plus de 30 millions de volailles sur leur territoire. Aucun cas humain, lié à ces deux dernières souches, n’est signalé pour le moment.
Ces derniers mois, de nombreux foyers d’influenza A H5N1 ont également été détectés dans de nombreux pays d’Afrique de l’Ouest. Le virus H5N1 continue à affecter l’Égypte de manière endémique, tandis que de nouveaux cas sont apparus en Israël et en Palestine.
* Zhuo Li et coll. : Efficacy of a parainfluenza virus 5 (PIV5)-based H7N9 vaccine in mice and guinea pigs: antibody titer towards HA was not a good indicator for protection, 2015, PloS ONE, http://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0120355.