Après l’identification d’un premier foyer de fièvre catarrhale ovine (FCO) dans l’Allier, le 11 septembre, la confirmation par le laboratoire de l’Anses de l’infection de cinq autres cheptels a conduit le ministère à étendre la zone réglementée autour des nouveaux foyers. Un arrêté* place ainsi intégralement en zone de protection les départements de l’Allier, de la Creuse, de l’Indre et du Puy-de-Dôme, et liste les communes classées en zone de protection ou de surveillance dans les départements alentours. Dans ce périmètre élargi, la vaccination contre le sérotype 8 est autorisée.
La stratégie de lutte contre cette maladie virale, classée danger sanitaire de première catégorie, a en outre été dévoilée par le ministre de l’Agriculture hier, à l’issue d’une réunion avec les professionnels des filières d’élevage de ruminants. Elle prévoit une vaccination obligatoire et des tests PCR pour les animaux destinés à l’exportation.
Ainsi, tous les bovins, ovins et caprins destinés aux échanges européens et à l’export vers les pays tiers (engraissement ou reproduction) devront être vaccinés d’ici à la fin de l’année, à la charge de l’État, a annoncé Stéphane Le Foll. Selon le ministère, les doses de vaccin contre le BTV-8 disponibles (1,3 million) devraient suffire pour protéger les quelque 450 000 animaux destinés à l’exportation. Plusieurs organisations agricoles jugent toutefois ce stock insuffisant pour faire face à la propagation de la maladie. Près de 900 000 doses supplémentaires devraient venir le compléter prochainement, selon Marc-Henri Cassagne, directeur de GDS France. Une extension nationale de la vaccination, sous réserve de la disponibilité du vaccin, sera évaluée selon les résultats de la surveillance.
Le coût de la dose et de l’acte vaccinal, réalisé obligatoirement par un vétérinaire, reviendra à 4 € par bovin et à 2 € par ovin ou caprin, intégralement pris en charge par l’État. En outre, des discussions sont en cours avec la Commission européenne et le Fonds de mutualisation sanitaire et environnemental (FMSE) pour financer les frais supplémentaires des éleveurs liés à la mortalité (18 % chez les ovins infectés) et à l’immobilisation des animaux dans les exploitations touchées durant les périodes de dépistage et d’immunisation. Cette compensation des pertes de production engendrées par la maladie sera prise en charge par des cellules d’urgence locales pour accélérer le traitement des dossiers.
Les ruminants français destinés à l’engraissement ou à la reproduction sont essentiellement exportés vers l’Espagne et l’Italie, ainsi qu’en Turquie, en Tunisie, en Algérie et au Liban. Si officiellement le délai d’immunisation par le vaccin est de 60 jours, certains pays acceptent de le raccourcir à 35 jours avec une PCR négative. Reste à convaincre les autres importateurs d’adopter le même protocole de certification sanitaire que celui mis en place lors de la précédente épizootie. Pour sortir de la zone réglementée, les animaux vivants exportés, ainsi que les moyens de transport utilisés pour leur transport, doivent systématiquement subir une désinsectisation.
La surveillance de la maladie concerne désormais toute la France. Dans chaque région, 30 bovins issus de 60 élevages choisis de façon aléatoire (soit 1 260 troupeaux) feront l’objet d’un dépistage virologique par polymerase chain reaction (PCR), ce qui représente près de 38 000 tests. Le zonage sera revu en fonction des résultats de ce dispositif national de surveillance et des cas positifs recensés. En zone réglementée, les mesures appliquées prévoient notamment l’interdiction des mouvements d’animaux (sauf vers les pâturages et l’abattoir, avec désinsectisation des camions), les regroupements (foires, marchés), la surveillance active, etc. Ainsi, le Sommet de l’élevage de Cournon (Puy-de-Dôme), programmé début octobre, pourrait bien avoir lieu « sans rassemblement de ruminants ».
* Arrêté du 17 septembre 2015 modifiant celui du 22 juillet 2011 fixant les mesures techniques et administratives relatives à la lutte contre la fièvre catarrhale du mouton sur le territoire métropolitain, paru au JO du 18 septembre 2015. L’arrêté du 11 septembre 2015 définissant les zones réglementées est abrogé.
Tableau clinique de la FCO chez les ovins et les bovins
> Ovins
- cavité buccale : ulcères sur les gencives et la face interne des lèvres, hypersalivation importante, cyanose et œdème de la langue ;
- face : œdème des lèvres, de l’auge, des paupières, des oreilles ;
- membres : boiterie, œdème, congestion des bourrelets coronaires, myosite ;
- état général : hyperthermie (42 °C), abattement, anorexie, amaigrissement.
> Bovins
- cavité buccale : ulcères sur la langue, les gencives, parfois hypersalivation ;
- mufle : lésions ulcéreuses, nécrotiques, croûtes ;
- naseaux : lésions ulcéreuses sur et à l’entrée des narines, jetage muco-purulent ;
- membres : œdème au niveau du bas des antérieurs ou des postérieurs, faiblesse musculaire, boiterie.