mardi, octobre 15, 2024
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COVID-19 : Pourquoi le virus qui passe par le vison est-il plus dangereux ?

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COVID-19 : Pourquoi le virus qui passe par le vison est-il plus dangereux ?

Premier producteur mondial de ferme de vison, le Danemark s’apprête à abattre la totalité des 17 millions d’animaux élevés sur son territoire. En cause, une nouvelle mutation de la covid-19 qui serait apparu chez l’animal et qui menace l’efficacité d’un futur vaccin chez l’humain. Mais pourquoi le passage du virus dans un réservoir animal est-il si dangereux ?

 

Ce ne sont plus les pangolins, mais les visons qui sont dans le collimateur, après que 6 pays, à savoir le Danemark, les Pays-Bas, l’Espagne, la Suède, l’Italie et les États-Unis, aient rapporté des cas de SRAS-CoV-2 dans des élevages de visons.

Mais le vrai problème n’est pas tant que les animaux deviennent infectés par les humains, plutôt qu’ils puissent réinfecter l’humain. Ce sont d’ailleurs les premiers cas rapportés de transmission de l’animal à l’homme. A ce titre, les visons deviennent une population réservoir du virus dans lequel il peut proliférer, et muter avec moins de contrôle encore que chez l’humain.

Les animaux sont élevés dans des espaces confinés, ce qui signifie que le virus s’y transmet rapidement. Cette réplication rapide chez l’animal et moins contrôlé que chez l’humain, en fait un terrain idéal pour l’apparition de nouvelles mutations qui peuvent ensuite être transmises aux humains. C’est ce qui s’est passé au Danemark récemment et risque de se répéter si l’infection n’est pas maitrisée dans les populations de vison.

On récence à ce jour sept mutations différentes de la protéine de pointe de SARS-CoV-2 chez le vison, dont quatre concernent un seul variant du SRAS-CoV-2. Et ces mutations sont différentes de celles générées par transmission / réplication d’homme à homme.

Pourtant, pas toutes les mutations du virus préoccupent. La mutation d’un virus est normale, et ne veut pas pour autant dire que le virus se comportera différemment. Ce qui alarme les autorités et les pousse à prendre des mesures aussi drastiques c’est qu’une des mutations identifiées se caractérise par une moindre efficacité des anticorps humains.

Cela ne se traduit pas par des effets plus graves chez l’humain, mais le virus muté via les visons peut créer le risque que le futur vaccin ne fonctionne pas comme il le doit a affirmé la Première ministre Mette Frederiksen lors d’une conférence de presse avec les responsables sanitaires danois. Le virus muté « ne réagit pas autant aux anticorps que le virus normal. Les anticorps ont toujours un effet, mais pas aussi efficace », a affirmé le responsable de l’Autorité danoise de contrôle des maladies infectieuses (SSI), Kåre Mølbak.

Selon le ministre de la santé Magnus Heunicke, « les recherches ont montré que les mutations pouvaient affecter les actuels candidats pour un vaccin contre le Covid-19. C’est une menace pour le développement de vaccins contre le coronavirus, c’est pour ça que nous devons mener une campagne nationale », a-t-il insisté.

Ce qui frustre les scientifiques qui suivent l’évolution du virus, cependant, est le manque de transparence sur les données. Les séquences d’ADN du variant du SRAS-CoV-2 en question n’ont pas encore été publiées, impossible à ce stade donc que les chercheurs puissent commenter la décision politique.

Déterminer les conséquences concrètes d’une mutation est de base complexe. Les changements dans la protéine de pointe n’ayant pas encore été évalués par la communauté scientifique internationale, les implications ne sont pas encore claires, a déclaré James Wood, chef du département de médecine vétérinaire de l’Université de Cambridge. « Il est trop tôt pour dire que les changements entraîneront l’échec des vaccins ou de l’immunité », a-t-il déclaré.

A l’heure actuelle, il n’y a pas de preuves que les animaux, y compris le vison ne jouent un rôle important dans la propagation du virus aux humains, d’après les autorités en charge. Il est plus probable que la transmission virale dans les populations humaines soit d’origine humaine. « L’abattage de visons ne peut pas en soi faire disparaître la souche, mais peut empêcher d’autres souches mutantes de se développer chez le vison,» selon Wood.

Et malheureusement, les autorités sanitaires du Danemark ne veulent pas prendre le risque. Elles expliquent qu’il n’y a actuellement aucun signe que l’infection dans les fermes de vison diminue avec le temps. En l’absence de vaccins, de traitements viables ou de moyen de distanciation sociale entre les animaux, la seule solution efficace, bien que radicale, et connue à ce jour est de tuer les animaux avant que le risque ne devienne trop important.

L’abattage des animaux est pratique courante pour limiter la propagation d’épidémie chez l’animal. En Europe, on ne se rappelle que trop bien des millions d’animaux tués pour limiter la propagation de la vache folle par exemple. Plus récemment ce sont des millions de cochons qui ont été tués en Asie pour lutter contre la peste porcine africaine. Les visons ne sont que les plus récentes victimes du manque de moyens de lutte contre certaines pathologies. Les humains ne seraient pas les seuls à bénéficier d’un vaccin ou d’un traitement efficace contre la COVID-19.

 

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