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Bien-être des poules pondeuses : un nouvel enjeu pour les vétérinaires

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Bien-être des poules pondeuses : un nouvel enjeu pour les vétérinaires

Les vétérinaires à l’avant-garde de la transition vers des élevages plus durables et respectueux du bien-être des poules pondeuses, telle est la volonté de la Fédération des vétérinaires européenne. La FVE demande ainsi aux praticiens de prendre position dans le débat actuel et d’encourager les éleveurs à adopter un système alternatif capable de répondre aux besoins des animaux. Leur rôle est aussi de les conseiller en matière d’amélioration du bien-être des poules pondeuses et de contribuer au développement de solutions viables pour tous les acteurs.

 

Les poules pondeuses sont des êtres doués de sensibilité. Ce sont des animaux grégaires qui développent de nombreuses interactions sociales élaborées et structurées. D’après les standards de bien-être animal, elles devraient pouvoir développer ces comportements et ne pas souffrir de frustration, de picage et de cannibalisme dans l’environnement dans lequel elles sont maintenues. Ce qui est loin d’être le cas dans la plupart des élevages.

L’environnement doit être conçu pour répondre aux besoins des animaux, et non l’inverse. À l’encontre de ce principe, les cages d’élevage ont, à l’origine, été créées pour améliorer la productivité et l’efficacité de la production d’œufs, avec l’objectif d’obtenir une meilleure hygiène et de diminuer l’apparition de maladies. Avec l’émergence des préoccupations de bien-être animal, ces systèmes de cages non enrichies ont, depuis 2012, été interdits en Europe, remplacés par des cages enrichies, avec des perchoirs par exemple, sensiblement mieux adaptées aux poules. Cependant, les mentalités et les connaissances ont évolué et ces standards sont de nouveau à revoir.

Le bien-être animal, y compris la santé physique, est désormais un aspect essentiel des systèmes de production animale durables. Et le concept même de bien-être animal s’enrichit au fur et à mesure des études sur le sujet, et ne se concentre plus uniquement sur l’absence d’expériences négatives. Il ne suffit plus que les animaux survivent dans leur environnement, ils doivent bénéficier d’une certaine qualité de vie, en termes de confort et de plaisir. Ainsi, les cages, même avec de maigres enrichissements, sont de plus en plus critiquées, car elles limitent la capacité des poules pondeuses à adopter des comportements propres à l’espèce et à profiter d’expériences positives.

Ces dernières années, plusieurs pays (la France, mais aussi l’Autriche, la République tchèque ou l’Allemagne) ainsi que de nombreuses entreprises se sont ainsi engagés en faveur d’un élevage en plein air, sans cage, pour les poules pondeuses d’ici à 2025 (rapport EggTrack 2020).

Outre la responsabilité éthique envers les animaux, cela va de pair avec les attentes accrues des consommateurs et la pression exercée par les associations de protection des animaux pour la défense du bien-être animal, qui a entraîné une chute du marché des produits provenant de l’élevage en cages.

Pour la Fédération des vétérinaires européens (FVE), les praticiens, dont l’objectif est d’améliorer, protéger et sécuriser la santé et le bien-être des animaux, se doivent d’être à l’avant-garde de cette transition. En tant que défenseurs du bien-être animal, la profession vétérinaire doit être exemplaire et montrer la voie en informant et en sensibilisant le grand public. Elle doit inspirer, faciliter et diriger les réflexions sur le sujet en apportant ses connaissances scientifiques, son raisonnement éthique et en prodiguant des conseils pratiques. Les vétérinaires devraient ainsi se positionner et s’engager activement, afin de faciliter la collaboration entre les chercheurs, l’industrie agroalimentaire, les autorités et les autres parties prenantes concernées pour favoriser une transition économiquement viable vers des systèmes d’élevage qui prennent en compte et améliorent le bien-être animal.

Les vétérinaires peuvent directement contribuer à cette évolution en fournissant des conseils personnalisés aux éleveurs. Ils peuvent aussi faire progresser les connaissances afin de minimiser les potentiels impacts de la transition vers des systèmes d’élevage alternatifs, notamment en menant des recherches en éthologie afin de mieux comprendre les besoins des poules pondeuses. Rares sont en effet les études dans ce domaine. Pourtant, elles devraient être une priorité afin de disposer d’une base essentielle pour mettre à jour les recommandations destinées aux futurs systèmes d’élevage.

La FVE est en faveur d’une transition douce et progressive, mais dans un délai raisonnable, vers les nouveaux systèmes d’élevage. Il convient de veiller à ce que les systèmes alternatifs recommandés soient à même d’assurer la satisfaction des besoins physiques, mentaux et comportementaux des animaux, mais aussi qu’ils garantissent la sécurité sanitaire par des mesures préventives et soient viables d’un point de vue socio-économique et environnemental. L’enjeu est donc de taille.

 

 

 

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