L’eurodéputé Jean Arthuis a organisé, le 20 octobre à Strasbourg, une conférence dédiée à l’évolution du monde du cheval à l’horizon 2030. Il a réuni des représentants de la filière équine européenne pour recenser les mesures à prendre afin de garantir aux activités équestres un développement à long terme. Au terme des débats, il a annoncé la création d’un groupe “cheval” au Parlement européen, qui pourrait s’appuyer sur l’expertise du Réseau européen du cheval*. Son objectif est de lister les failles, de travailler sur les bonnes pratiques à mettre en avant, et de comparer les divers modèles de financement du secteur. Avec d’autres parlementaires, il appelle également la filière équine à mieux communiquer sur sa diversité, ses apports et ses succès.
L’appel à la mobilisation récemment lancé par les cinq présidents de la filière équine française en faveur d’une politique européenne globale et ambitieuse, invitant les autorités publiques à mettre en place « une véritable politique européenne du cheval », semble avoir été entendu au niveau européen.
Partout en Europe, si la place du cheval dans la société reste importante, force est de constater qu’elle décline progressivement. Or la pérennité des activités liées aux équidés, qu’ils soient athlètes, de loisir ou de travail, sera proportionnelle à l’utilité que l’on pourra leur conférer, a souligné Jean Arthuis. Selon lui, « le cheval a besoin de plus d’Europe et peut aussi aider notre continent à avancer en rendant vivant ses territoires, en propageant des modes vies sains et en rétablissant des liens sociaux et populaires indispensables ».
Face à la perte de vitesse de l’élevage européen aujourd’hui, la filière équine reste malgré tout créatrice d’emplois et contribue à la mise en valeur et à la vivacité des zones rurales. Les activités équines dans l’Union répondent aux critères de la politique européenne de développement rural et l’élevage équin reste éligible aux aides de la politique agricole commune (PAC). Mais, trop souvent, les règles agricoles ne sont pas appliquées avec cohérence, la complexité administrative entrave le bon fonctionnement des exploitations et la fiscalité est inadaptée. Dominique de Bellaigue, président du Trot français, a notamment dénoncé la fragmentation de la fiscalité équine au sein du marché unique.
Pour Jean Arthuis, « l’instrument indispensable pour aider la filière équine à retrouver la place qu’elle mérite au sein du monde agricole est sans nul doute son retour dans la chaîne alimentaire ». Il ne faut pas « avoir peur de lever ce tabou et d’affirmer que l’exclusion à vie de la moitié du cheptel des chevaux européens est une aberration ». Il prône donc de combattre cette règle d’exclusion pour prévenir la survenue de nouveaux scandales de fraude ou de mauvais traitements.
Un autre aspect à aborder de front concerne les paris hippiques, qui représentent la source de financement de la filière la plus importante, mais sont confrontés à une forte dérégulation. L’adoption de règles comme celles de “retour filière” et de préservation de l’intégrité des courses hippiques et des compétitions équestres sont indispensables, selon l’eurodéputé, pour pérenniser ce financement. Le développement du Pari mutuel (PMU), confronté à une perte de vitesse, doit être remis en avant et débattu pour mieux promouvoir les courses hippiques.
Aujourd’hui, la filière équine européenne pèse quelque 100 millions d’euros, qu’en sera-t-il en 2030 ? Le nouveau groupe “cheval” du Parlement européen devra répondre à cette question. Rendez-vous est pris, dans six mois, pour étudier la soutenabilité financière de la filière, c’est-à-dire sa capacité à rester solvable et à assurer le financement de ses activités. Avec ses collègues députés, Jean Arthuis appelle aussi les filières équines nationales à se mobiliser et à se fédérer pour mieux communiquer sur leur diversité, leurs contributions et leurs réussites. Pour Françoise Clément, de l’Institut français du cheval et de l’équitation (IFCE), « le cheval aura un avenir radieux au sein de notre continent si et seulement si les pouvoirs publics croient en ses qualités, ses vertus et sa valeur ». « L’échelon européen est le seul capable de pérenniser la stabilité de notre activité », estime quant à lui Dominique de Bellaigue.
* Fondé en 2009 et basé à Bruxelles, l’European Horse Network (EHN) réunit 22 organismes européens et nationaux représentant les différents secteurs de la filière équine (courses, élevage, sport, loisirs, recherche, etc.).