Le projet Callisto*, qui vient d’aboutir à un rapport, a été coordonné par la Fédération des vétérinaires européens (FVE). Cette publication présente les conclusions et les recommandations de ce groupe de réflexion sur les zoonoses. Ses experts ont mené une enquête de trois ans sur les maladies infectieuses zoonotiques transmises par les animaux de compagnie à l’homme et aux animaux de rente. Tous les champs sont explorés, la santé animale est réinventée.
Fin 2014, le projet Callisto, financé par le septième programme-cadre de l’Union européenne, a mis un point final à ses recherches. Pendant trois années, ses experts ont travaillé à l’élaboration de recommandations visant à une meilleure compréhension du rôle des animaux de compagnie dans la transmission de quinze maladies infectieuses à l’homme et aux espèces de production.
La brochure “Callisto : healthy and safe human-animal relationships in Europe” fournit des informations sur la mission, les objectifs, les intervenants, la méthodologie et le contexte du projet, avant de présenter ses résultats généraux qui découlent de trois cycles d’activité : l’analyse de la situation, l’évaluation des risques et les actions ciblées. Sans priorités, sans hiérarchie au niveau des préconisations, Callisto englobe tous les champs, toutes les facettes de la santé des animaux de compagnie, de la recherche au traitement, de l’identification au traçage des mouvements.
Le rapport final est destiné à un large public d’acteurs potentiellement intéressés par les thèmes de recherche de Callisto. Ses recommandations s’adressent ainsi à la Commission européenne, aux services vétérinaires des États membres, aux vétérinaires et à leur personnel, aux autres professionnels en contact avec des animaux de compagnie, à la communauté des chercheurs universitaires, à l’industrie des aliments pour animaux, aux agences de santé publique et vétérinaire, aux médecins, aux agriculteurs, à l’industrie agro-alimentaire, aux organisations mondiales de la santé humaine et animale, aux laboratoires de diagnostic, aux propriétaires, à l’industrie pharmaceutique, à la police et aux forces armées, aux animaleries, etc. En espérant n’avoir oublié aucune partie prenante !
Afin de réduire les risques associés à l’intégration étroite des animaux de compagnie au sein de la société, les recommandations finales de Callisto sont regroupées en cinq domaines.
> Démographie et traçabilité des mouvements d’animaux de compagnie : développer les systèmes d’identification et enregistrer les animaux dans une base de données transfrontalière, enquêter sur la réapparition de la rage vulpine en Europe orientale, surveiller plus rigoureusement les animaux importés dans l’Union et mettre en œuvre des évaluations de la mortalité pendant leur transport, contrôler les mouvements intracommunautaires entre les zones où certaines zoonoses sont endémiques (comme l’échinococcose, la leishmaniose, la dirofilariose) et celles où elles ne le sont pas, etc.
> Éducation et communication : délivrer un message bénéfices-risques équilibré aux détenteurs d’animaux de compagnie, faire la promotion du concept de propriétaire responsable, former les médecins au diagnostic des zoonoses dans l’optique “One Health” et plus largement les professionnels concernés et les propriétaires, etc.
> Établissement de programmes de surveillance et de contrôle des infections : mettre en place un réseau européen pour suivre la prévalence des agents zoonotiques connus et détecter précocement toute nouvelle maladie infectieuse zoonotique en utilisant les animaux de compagnie comme sentinelles, suivre la propagation des nouveaux agents pathogènes par-delà les frontières, inclure les animaux de compagnie (chiens, chats et chevaux notamment) dans les programmes nationaux de surveillance de l’antibiorésistance, cibler la recherche scientifique sur les agents pathogènes spécifiques, créer des programmes de suivi des animaux qui voyagent hors de l’Union puis y reviennent, instaurer un dispositif de signalement ou de déclaration des cas de maladie infectieuse chez les animaux de compagnie, etc.
> Évaluation des risques : lancer des études cas-témoins multicentriques pour cerner le rôle des animaux de compagnie en tant que source d’infection pour l’homme, identifier les facteurs de risque d’infection des animaux de compagnie, évaluer la pathogénicité potentielle chez l’homme d’un groupe d’agents pathogènes pour lesquels le risque zoonotique est peu étudié (Bartonella, Campylobacter, Chlamydophila, Giardia et Cryptosporidium), caractériser la dynamique de transmission des infections entre les animaux de compagnie, l’homme et les espèces de rente dans le cadre des élevages, etc.
> Nouveaux outils de diagnostic, de prévention et de traitement : réguler l’usage des antibiotiques critiques chez les animaux de compagnie et développer des stratégies thérapeutiques alternatives, produire des tests de diagnostic rapide pour les vétérinaires, mettre au point de nouveaux vaccins contre les infections transmises par les animaux de compagnie (comme Toxoplasma gondii, Leishmania infantum ou la rage), instaurer des systèmes de régulation et de certification des laboratoires de diagnostic et définir des exigences minimales de contrôle qualité, etc.
L’Union européenne compte aujourd’hui quelque 66 millions de chats, 61 millions de chiens, 39 millions d’oiseaux d’ornement, 6 millions de chevaux et 9 millions d’aquariums.
En fin de compte, ce travail reste très généraliste, s’apparentant à une compilation de recommandations déjà émises depuis des années par nombre de structures institutionnelles ou d’experts. Il a l’avantage de faire figurer la santé animale dans le septième programme-cadre de la recherche et du développement technologique (PCRDT) de l’Union européenne, dont le budget est de 45 milliards d’euros.
* Callisto : Companion Animal multisectoriaL interprofessionaL and Interdisciplinary Strategic Think tank On zoonoses.
http://www.fve.org/uploads/publications/docs/callisto_for_web_f.pdf