Ce n’est pas une nouvelle, les cas de covid-19 chez l’humain remontent de manière stable depuis maintenant quelques semaines en France. Alors que les mesures contre le virus restent strictes, des questions se posent sur l’effet de cette seconde vague de l’épidémie sur nos compagnons à quatre pattes et les risques qu’ils encourent.
Et les scientifiques sont les premiers. On ne sait toujours pas, par exemple, à quelle fréquence les chats et les chiens sont infectés par le virus, quels sont leurs symptômes ou encore dans quelle mesure ils sont susceptibles de transmettre le virus à d’autres animaux, dont nous. Cependant, les vétérinaires travaillent d’arrache-pied et sont en mesure d’apporter quelques indices. Il ressort de leurs travaux quelques renseignements.
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Les animaux de compagnie ne présentent pas un risque important pour l’humain
Le premier c’est que s’il n’est pas impossible que le virus soit transmis à l’humain par son animal de compagnie, le contraire est beaucoup plus probable.
Depuis le début de la pandémie, les agences fédérales de santé et les experts vétérinaires s’accordent à dire que les animaux domestiques ne présentent, au mieux des connaissances actuelles, pas de risque important pour les humains.
Quelques études ont montré que les chats peuvent transmettre SRAS-CoV-2 à d’autres chats, mais toutes ont été menées en laboratoire avec des charges virales importantes et de nombreuses restent pour le moment à un stade pré-print sans review par les pairs. En contrepartie, plusieurs rapports font état de foyers dans lesquels un animal a été testé positif et d’autres en contact non.
Tout indique donc que la transmission au sein des populations d’animaux domestiques est peu probable.
Mais des études contrôlées manquent encore à l’appel pour étayer définitivement ces faits. Les tests ont été limités. La plupart des animaux qui ont été évalués l’ont été parce qu’ils vivaient avec des humains qui avaient déjà été testés positifs.
Malgré ça, jusqu’à présent, rien de ce que les scientifiques ont pu observer n’a contredit ces propos. Au contraire, tout suggère que les chats et les chiens sont très peu susceptibles de transmettre le SRAS-CoV-2 aux humains.
«Le risque de contracter la maladie est beaucoup plus grand en allant à l’épicerie que de passer du temps avec son propre animal», déclare Scott Weese, vétérinaire au Collège vétérinaire de l’Ontario de l’Université de Guelph et spécialiste dans les maladies infectieuses émergentes. Il faut donc être plus préoccupé des humains aux alentours que des animaux.
Les humains sont un plus grand risque pour les animaux que le contraire
La réalité montre que ce sont les animaux de compagnie sont beaucoup plus susceptibles de contracter le virus des humains que l’inverse. « Presque tous les animaux qui ont été testés positifs ont été en contact avec des humains infectés », déclare Jane Sykes, vétérinaire en chef à l’Université de Californie à Davis et fondatrice de l’International Society for Companion Animal Infectious Diseases.
Et des données génétiques sur les souches virales prélevées chez les deux premiers chiens connus infectés par SARS-CoV-2, montrent qu’ils auraient attrapé la Covid-19 de leurs propriétaires. Même les tigres et les lions infectés au zoo du Bronx à New York en avril semblent avoir contracté le virus des humains.
C’est donc aux propriétaires de prendre des mesures en cas de contact avec un animal. Port du masque, lavage régulier des mains et distanciations sont également valables pour les animaux, sans quoi vous mettez en danger votre animal et vous.
Les symptômes du COVID-19 chez les animaux de compagnie sont probablement légers
On ne connaît pas le nombre exact de chiens et de chats qui ont été infectés par le SARS-CoV-2. Les tests sur les animaux restent rares. Cependant, une étude sérologique estimerait que 3 à 4 % des chats et des chiens en Italie aurait été exposés au virus au plus fort de la pandémie là-bas, un taux comparable à celui des humains.
Des chiffres élevés, qui pourtant, n’ont pas été associés à une hausse de symptômes chez les animaux. Une compagnie qui fournit une assurance maladie à plus d’un demi-million de chiens et de chats en Amérique du Nord et en Australie, affirme n’avoir vu aucune augmentation des dossiers liés à une pathologie respiratoire – ou de tout autre type d’allégation santé – depuis le début de la pandémie.
Ces faits ont été étayés par quelques études qui montrent que les chats du moins sont peu susceptibles de présenter des symptômes. La pathologie serait beaucoup moins virulente que chez l’humain.
Malheureusement des preuves concrètes et fiables manquent encore à l’appui. Cela n’empêche cependant pas de constater que les animaux de compagnie pourraient donc être des vecteurs silencieux asymptomatiques ou peu-symptomatiques du virus.
Tester votre animal n’apporte pas forcément de réponses
Plusieurs tests pour les animaux de compagnie sont maintenant disponibles sur le marché. Cependant, les instances mettent en garde contre l’utilisation de tests de routine sur les chats et les chiens.
Le département américain de l’Agriculture (USDA) déconseille même leur utilisation. Et pour cause ; de nombreux experts s’inquiètent des répercussions de l’information d’un test positif sur le bien-être animal, surtout tant que la transmission intra espèce n’est pas établie.
En effet, même si votre animal est testé positif, qu’allez-vous faire de l’information ? Pour le moment, il n’existe aucune prescription pour l’animal. L’information apporte plus d’angoisse que de solutions. Et entre les mains d’une personne non éclairée, cette information pourrait susciter une peur injustifiée et un abandon en masse des animaux de compagnie, comme cela a déjà été le cas au début de la pandémie.
Il y a encore plus de questions que de réponses
La tendance est donc pour le moment à la quiétude. L’importance est de ne pas sur réagir à une information qui ne présente statistiquement, au vu des résultats actuels, aucun réel danger pour l’humain.
Cependant, un manque d’informations solides et standardisées se fait ressentir. Alors que les chercheurs commencent à mieux comprendre le virus chez l’humain, et tout juste comprendre le rôle des animaux dans la pandémie, les informations encore fractionnées sont à assembler et à confirmer.
En effet, les résultats qui ont été publiés pour la plupart sont encore préliminaires et de nombreux pré-print sont encore incomplets et en procédure de reviewing par des pairs. La plupart font abstraction de tests rigoureux, d’échantillonnage adapté ou de données.
Cela ne les rend pas pour autant invalides, mais il faut se baser sur des études plus solides avant d’avancer des propos certains.
Des études épidémiologiques complètes permettraient d‘éliminer certains biais des études précédentes et permettrait d’obtenir une réalité plus juste des facteurs de risque de la maladie.
Si ce genre d’études est en cours à la fois chez l’animal domestique et sauvage, il faudra encore attendre pour avoir toutes les réponses nécessaires pour garantir la sécurité et la santé des populations d’animaux de compagnie, et par intermédiaire, celles de leurs propriétaires.