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Abeilles sauvages : près d’une espèce sur dix est menacée d’extinction en Europe

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Abeilles sauvages : près d’une espèce sur dix est menacée d’extinction en Europe

 

La première évaluation de l’ensemble des espèces européennes d’abeilles sauvages vient d’être publiée par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Selon ce rapport, 9,2 % sont menacées d’extinction, tandis que 5,2 % le seront dans un avenir proche. Le statut de plus d’un millier d’espèces (56,7 %) reste inconnu et rend impossible l’évaluation du risque d’extinction de ces data deficient species, par manque de données scientifiques.

 

Cette évaluation fournit des informations inédites sur les quelque 1 960 espèces d’abeilles sauvages en Europe, y compris leur statut, leur répartition, les menaces qui pèsent sur les populations, etc. Publiée le 19 mars 2015, elle s’inscrit dans le cadre de la Liste rouge européenne des abeilles de l’UICN et du projet européen Status and Trends of European Pollinators (Step), tous deux financés par la Commission européenne.

 

Abeille-pollinisateurLe rapport montre que 7,7 % (150 espèces) sont en déclin, 12,6 % (244 espèces) restent plus ou moins stables et seulement 0,7 % (13 espèces) sont en augmentation. La tendance démographique des 1 535 espèces restantes (79 %), principalement concentrées dans la zone méditerranéenne, demeure inconnue.

Par comparaison, toujours en Europe, 59 % des mollusques et 40 % des poissons d’eau douce, 23 % des amphibiens, 20 % des reptiles, 17 % des mammifères, 16 % des libellules, 13 % des oiseaux et 9 % des papillons sont également menacés de disparition.

 

Près de 30 % de toutes les espèces d’abeilles menacées (en danger critique, en danger, vulnérables) au niveau européen sont endémiques à l’Europe. Il en va donc de la responsabilité des pays membres de protéger les populations mondiales de ces espèces. Sur les quelque 20 000 espèces d’abeilles dans le monde, l’Europe en accueille environ 10 %, bien que le continent ne représente que 7 % des habitats terrestres mondiaux.

 

La principale menace qui pèse sur les abeilles européennes, c’est la perte et la dégradation de leur habitat, essentiellement en raison de l’intensification de l’agriculture. Ainsi, l’évolution des pratiques agricoles (avec son cortège de pesticides, d’herbicides et d’engrais), le développement urbain, la pollution, l’augmentation de la fréquence des incendies dans la zone méditerranéenne, les changements climatiques (en particulier pour les bourdons) et les espèces exotiques envahissantes ont entraîné des pertes à grande échelle.

 

PszczołaLes abeilles sont essentielles à la fois aux écosystèmes naturels et à l’agriculture. 35 % des productions agricoles mondiales proviennent de plantes qui dépendent, à un degré plus ou moins important, des pollinisateurs, principalement des insectes (soit un tiers des plantes destinées à l’alimentation humaine). Sur les 124 plantes cultivées pour la consommation humaine mondiale, 87 (70 %) nécessitent une pollinisation par les insectes pour la production de semences (comme les carottes, les oignons, l’ail) ou pour améliorer la qualité et les rendements (par exemple, le café, les noix, les fruits).

 

Via la pollinisation des cultures, les abeilles fournissent gratuitement un service estimé à 153 milliards d’euros par an à l’échelle planétaire et 22 milliards en Europe. En outre, des études récentes montrent que les abeilles sauvages assurent une plus grande part de la pollinisation, auparavant attribuée aux abeilles domestiques (Apis mellifera). Comme de nombreuses plantes, sauvages ou cultivées, ne sont pollinisées que par certaines abeilles, le déclin de la biodiversité peut conduire à une perte de diversité végétale.

 

Ainsi, parce que les abeilles sauvages jouent un rôle essentiel dans la pollinisation des cultures, les auteurs du rapport soulignent la nécessité d’investir davantage dans la recherche, afin d’entreprendre une politique de conservation efficace et d’identifier de toute urgence les moyens d’inverser leur déclin. Ils préconisent aussi de tenir compte de ces espèces dans la gestion des aires protégées et dans les politiques agricoles en Europe.

 

Enfin, les résultats de cette évaluation s’inscrivent dans le cadre plus vaste de la stratégie mise en œuvre par l’Union européenne pour stopper la perte de biodiversité et la dégradation de ses écosystèmes d’ici à 2020.

 

 

Trois initiatives françaises

> Le programme national “l’abeille, sentinelle de l’environnement”, lancé par l’Union nationale de l’apiculture française (Unaf) en décembre 2005, fêtera cette année ses dix ans, du 18 au 20 juin 2015, dans plus de 70 villes en France. Fort d’une soixantaine de partenaires (régions, départements, communautés d’agglomérations, villes, entreprises privées), ses objectifs répondent aux problématiques actuelles : la disparition massive des abeilles et des insectes pollinisateurs en France et dans le monde, l’urgente nécessité de sauvegarder la biodiversité végétale et l’environnement, l’indispensable évolution vers une agriculture durable et raisonnable, la préservation du lien homme-nature et l’information du public.

> Cette année également, la “Semaine pour les alternatives aux pesticides” fête ses dix ans d’existence dans un tour de France qui se déroulera du 20 au 30 mars 2015. Organisé chaque année par Générations futures, cet événement vise à mobiliser le grand public sur les enjeux de la réduction de l’utilisation des pesticides et sur les solutions alternatives.

> Sous le slogan “Les pesticides, ça tue !”, Agronomes et vétérinaires sans frontières (AVSF) lance une pétition visant à interdire les produits les plus dangereux dans les pays en développement (http://www.petition-pesticides.org). Les signatures recueillies seront envoyées au secrétariat du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) qui est à l’initiative, avec la FAO, de la convention de Rotterdam, afin de soutenir le processus de ratification en cours et l’application effective de la convention.

bee

2 Commentaires

  1. Il n’y a pas d’erreur : on a longtemps attribué une place importante aux abeilles domestiques, à tord. Même si le nombre d’abeilles sauvage est fortement en déclin

  2. « En outre, des études récentes montrent que les abeilles sauvages assurent une plus grande part de la pollinisation, auparavant attribuée aux abeilles domestiques (Apis mellifera) »

    ce n’est pas plutôt le contraire vu que les abeilles sauvage disparaissent?

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