L’utilisation du cobalt chez les chevaux de courses semble se propager. Cet oligo-élément est censé augmenter la performance des chevaux supplémentés. Pourtant, ses effets, négatifs ou positifs, sont actuellement mal connus.
Depuis l’an dernier, les commissaires de courses hippiques du monde entier s’intéressent à une substance apparemment inoffensive : le cobalt. Cet oligo-élément, qui entre dans la composition de la vitamine B12 (cobalamine), est indispensable au bon fonctionnement de l’organisme, tant humain qu’équin. Mais pour certains propriétaires, une supplémentation en cobalt confère à leurs chevaux un avantage sur leurs concurrents. Et l’usage se répand dans les hippodromes.
Jusqu’à récemment, les chercheurs n’avaient pas évalué les effets bénéfiques ou néfastes de cette supplémentation en cobalt chez les chevaux. Cependant, depuis que cette pratique interpelle les instances des courses, les recherches sur le sujet connaissent un regain d’intérêt.
Ainsi, en 2014, Heather Knych (université de Californie, Davis) et ses collaborateurs ont mené une étude afin d’évaluer la façon dont le cobalt se diffuse et agit au sein de l’organisme des chevaux, après l’injection par voie intraveineuse d’une dose unique, comparable à celle utilisée sur les pistes. Ils ont obtenu quelques résultats clés :
- le niveau du cobalt sérique est très faible, à moins de 1 ppb (partie par milliard) ;
- les concentrations sériques maximales après l’administration du cobalt sont extrêmement élevées ;
- la demi-vie de la substance est d’environ six jours et demi, permettant la réalisation des tests antidopage ;
- les concentrations sériques dix jours après l’administration demeurent élevées, entre 20 et 50 ppb, ce qui permet aussi d’effectuer les tests ;
- aucun effet sur les niveaux d’érythropoïétine ou de globules rouges dans le sang n’est rapporté, ni aucun effet indésirable à la dose injectée.
En 2014 également, Emmie Ho (Racing Laboratory du Hong Kong Jockey Club, Chine) et ses collaborateurs ont travaillé sur le développement de seuils de détection du cobalt. L’équipe de recherche a proposé un seuil de 2 ppb le jour de la course et de 10 ppb lors des contrôles hors compétition.
Plusieurs études complémentaires sont en cours, notamment pour évaluer les effets indésirables du cobalt, les conséquences de l’administration de suppléments contenant du cobalt, les différentes méthodes de détection, etc. En attendant, l’usage “illicite” du cobalt s’accroît, alors que son action, tant négative que positive, reste mal appréhendée. Personne n’a encore documenté scientifiquement ses bénéfices chez le cheval.
Chez l’homme, les médecins ont utilisé le cobalt pendant des décennies pour traiter l’anémie. Cependant, associé à de nombreux effets indésirables (gastro-intestinaux, neurologiques, cardio-vasculaires, troubles de la thyroïde), il a finalement été délaissé. Seuls certains athlètes continuent d’y avoir recours… comme agent dopant.