À l’échelle mondiale, les rongeurs sont porteurs de nombreux agents pathogènes zoonotiques. Afin de limiter l’exposition humaine et la transmission de ces zoonoses, il est donc particulièrement important de déterminer leur prévalence et leur circulation chez ces animaux, qui hébergent jusqu’à 85 agents pathogènes différents. Le mélange, dans les zoos, de populations humaines et animales, et en particulier de rongeurs, place ces parcs à l’avant-garde de la détection et de l’identification précoces des zones géographiques exposées, ainsi que des nouveaux hôtes et agents pathogènes à risque, selon une approche “One Health”.
Les rongeurs représentent plus de 40 % des espèces de mammifères. C’est également l’un des taxons les plus susceptibles d’héberger et de transmettre des maladies zoonotiques. Ils sont capables de transmettre directement ou indirectement un large éventail d’agents pathogènes microbiens. Leur potentiel de transmission en fait une menace pour la santé publique et il est important de mieux caractériser le risque réel de ces réservoirs pour limiter les expositions à l’interface entre l’humain et l’animal.
Bien que le rôle des rongeurs dans la transmission des maladies zoonotiques ait été caractérisé en milieu urbain, l’environnement des parcs zoologiques se prête particulièrement à une telle étude. Les zoos sont en effet un milieu où se regroupent et se croisent à la fois des populations humaines et animales. Dans les zoos, l’impact potentiel des rongeurs sur la dynamique des infections est multiforme, car ils sont présents en tant qu’animaux captifs, mais aussi à l’état sauvage ou sous la forme de nourriture pour les autres espèces. En ajoutant à ces paramètres la cohabitation de différentes espèces dans des espaces rapprochés et l’interaction avec les visiteurs et le personnel, les zoos sont des terrains propices à la transmission zoonotique, en particulier par les rongeurs. Malgré ce risque, aucune étude n’a pour le moment évalué l’ampleur de l’exposition aux zoonoses transmises par les rongeurs dans les zoos.
Pour combler cette lacune, des chercheurs américains ont analysé la littérature pour quantifier et qualifier la présence et l’exposition potentielle aux agents zoonotiques via les rongeurs dans les institutions zoologiques du monde entier. Au total, 207 publications ayant démontré la présence ou l’exposition à des agents pathogènes hébergés par des rongeurs, provenant de 43 pays et plus de 140 zoos, ont été incluses dans l’analyse. Parmi elles, 143 types d’agents infectieux ont été identifiés, dont 14 virus, 31 bactéries, 83 parasites et 15 champignons. De surcroît, 75 % de ces agents pathogènes avaient un potentiel zoonotique.
L’étendue des espèces de rongeurs et des agents pathogènes identifiés dans les zoos met en évidence le rôle majeur que ces parcs pourraient jouer dans la détection et l’identification précoces des régions géographiques à risque, des nouveaux hôtes ou des agents pathogènes zoonotiques hébergés dans les populations de rongeurs ayant un fort impact sur les espèces menacées ou l’homme. En effet, la pandémie de Covid-19 nous a appris qu’il est particulièrement crucial de mieux informer et hiérarchiser les stratégies de surveillance, les programmes de contrôle, la biosécurité, ou encore la médecine préventive, afin de réduire l’exposition, l’infection et la transmission des agents pathogènes zoonotiques. Le mélange et les interactions entre les animaux et les humains dans les zoos illustrent l’importance d’adopter une approche “One Health” pour mieux cibler la surveillance et réduire ainsi les risques de transmission de maladies par les rongeurs.