Le virus du Nil occidental se maintient au sein des populations de moustiques Culex par les excréments infectieux qu’ils produisent, sans qu’il leur soit nécessaire d’infecter des hôtes vertébrés intermédiaires. La découverte de ce nouveau mode de transmission “diagonal” pourrait bouleverser la stratégie de lutte des épidémiologistes visant à prédire et à contrôler la propagation de la maladie de West Nile via son principal vecteur.
L’infection par le virus West Nile est la maladie transmise par les moustiques la plus courante aux États-Unis. Elle affecte des milliers de personnes chaque année et on recense déjà plus de 2 750 personnes décédées depuis son apparition dans le pays en 1999. Le virus est aujourd’hui également bien présent en Europe et notamment en France.
Les auteurs d’une nouvelle publication ont découvert une voie de transmission du virus inédite, qui pourrait expliquer pourquoi cet agent pathogène est si “coriace” ! Au départ, les travaux scientifiques devaient déterminer s’il était pertinent de suivre la prolifération du virus dans la nature en utilisant les excréments de moustiques. En laboratoire, le virus a ainsi été inoculé à des moustiques Culex quinquefasciatus en les nourrissant avec du sang infecté.
Détecter du matériel viral dans les excréments de moustiques n’est pas nouveau. En revanche, pour la première fois, la transmission par les excréments du virus West Nile vivant, donc infectieux, a été démontrée. Pour cela, les auteurs de l’étude ont placé des pupes de moustiques dans de l’eau contenant des excréments de moustiques infectés par le virus, pour reproduire le mode de ponte dans la nature. Résultat : 17 % des moustiques adultes qui ont finalement émergé de ce cycle de développement étaient porteurs du virus !
Toutefois, une modélisation mathématique suggère qu’il est peu probable que la contamination entre moustiques via leurs déjections augmente la transmission aux humains. Mais cette découverte expliquerait comment ce nouveau mode de transmission, appelé diagonal, peut favoriser le maintien de l’agent pathogène dans les populations de moustiques en l’absence d’hôtes à sang chaud ! De quoi nécessiter une révision des calculs prédictifs des épidémies couramment utilisés jusqu’à présent.
Reste toutefois à déterminer si la quantité d’excréments de moustiques qui se retrouve dans l’eau, où a lieu leur reproduction et où le virus West Nile peut survivre, est suffisante pour entretenir un réservoir viral infectieux.
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