mardi, septembre 2, 2025
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Virus d’Usutu : une propagation silencieuse qui inquiète les experts

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Virus d’Usutu : une propagation silencieuse qui inquiète les experts

Le virus d’Usutu, un flavivirus transmis par les moustiques du genre Culex, est l’objet d’une attention croissante en Europe. Initialement identifié en Afrique, il est aujourd’hui bien implanté dans plusieurs pays européens. Chez les oiseaux, il provoque une mortalité massive, notamment chez le merle noir (Turdus merula), alors que chez l’humain, la majorité des infections passent inaperçues. Cependant, des cas neurologiques graves ont été signalés, en particulier chez les personnes immunodéprimées.

Le changement climatique et l’évolution des écosystèmes favorisent l’expansion géographique du virus d’Usutu, qui progresse vers le nord de l’Europe. La circulation parallèle du virus West Nile complique encore les enjeux de surveillance et de santé publique.

 

Une étude “One Health” majeure aux Pays-Bas

Une étude publiée le 23 août dans Nature Communications révèle une circulation active des virus d’Usutu et West Nile aux Pays-Bas. Les chercheurs ont adopté une approche “One Health” combinant la surveillance des oiseaux sauvages et des équidés, l’observation des zones humides et des routes migratoires, et des analyses génomiques avancées pour retracer l’évolution et la diffusion des souches virales. Cette approche intégrée a permis de cartographier précisément les foyers d’infection et de démontrer que ces virus ne circulent pas uniquement dans les zones naturelles isolées, mais également à proximité des zones habitées. Les conclusions pointent vers un risque zoonotique accru qui appelle un renforcement urgent des programmes de biosurveillance.

 

Une alerte confirmée au Danemark

En parallèle, le Statens Serum Institut a confirmé en août 2025 la détection du virus d’Usutu chez deux jeunes merles trouvés morts dans la région de Copenhague. Il s’agit du deuxième épisode consécutif documenté au Danemark, après 59 cas confirmés en 2024. Selon l’Outbreak News Today, ces nouveaux cas ont été détectés grâce à un programme de biosurveillance systématique des oiseaux morts mené par cet institut et l’université de Copenhague. La répétition de ces détections dans les pays nordiques témoigne d’une installation durable du virus dans la région et d’une progression géographique préoccupante.

 

Un flavivirus à surveiller dans une logique “One Health

Le virus d’Usutu appartient au même complexe que le virus du Nil occidental et le virus de l’encéphalite japonaise. Chez les oiseaux, il entraîne des taux de mortalité élevés, particulièrement chez le merle et certaines espèces migratrices. Les moustiques Culex pipiens, vecteurs principaux, se développent dans les zones humides, les espaces périurbains et profitent des saisons chaudes plus longues liées au changement climatique pour coloniser de nouvelles régions.

Chez l’humain, la majorité des infections sont asymptomatiques, mais les cas graves touchant le système nerveux central restent préoccupants. La cocirculation avec le virus West Nile, transmis par les mêmes moustiques, complique la détection précoce et impose un renforcement des capacités diagnostiques et de surveillance.

 

Des détections inquiétantes

L’établissement progressif du virus d’Usutu en Europe du Nord est lié à une combinaison de facteurs. Le changement climatique favorise des étés plus longs et plus humides, augmentant la densité et la durée d’activité des moustiques. Les zones humides et les couloirs migratoires concentrent les oiseaux réservoirs et facilitent la diffusion virale. L’adaptation écologique des moustiques aux zones urbaines accroît le risque d’exposition humaine. Enfin, la cocirculation d’autres flavivirus, comme le virus West Nile, accentue les pressions épidémiologiques et rend les plans d’action plus complexes.

Ces dynamiques imposent une intensification des programmes de biosurveillance intégrée reliant santé humaine, santé animale et surveillance environnementale pour prévenir de futures flambées.

 

Un modèle de surveillance pour l’Europe du Nord

L’approche “One Health” déployée aux Pays-Bas illustre l’efficacité des systèmes intégrés qui combinent les analyses génomiques fines, l’intégration des données environnementales et la coopération multisectorielle entre laboratoires vétérinaires, santé publique et observatoires écologiques. Les experts recommandent d’étendre ce modèle à l’ensemble de l’Europe du Nord afin d’anticiper la diffusion future du virus d’Usutu, de limiter les impacts potentiels sur les populations d’oiseaux et de réduire le risque de transmission à l’humain.

 

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