Précédemment classée “pays à risque maîtrisé”, la France vient de passer au stade inférieur de “pays à risque négligeable” vis-à-vis de l’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB), comme nous l’avions annoncé hier sur Twitter (@Vetitude). Ce statut sanitaire, sur l’échelle de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE), est réservé aux pays qui ont maîtrisé la maladie et dont le dernier cas avéré remonte à plus de dix ans.
Depuis avril 2004, date de naissance de la dernière “vache folle”, la France est indemne d’ESB. La maîtrise de cette maladie sur son territoire a nécessité la mise en place de mesures radicales, comme l’interdiction des farines animales dans l’alimentation des bovins, l’abattage des troupeaux atteints, les programmes de surveillance à l’abattoir et à l’équarrissage, le retrait des matériels à risques spécifiés des carcasses, etc.
À l’annonce de la résolution de l’OIE, le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, s’est félicité « de cette reconnaissance mondiale de la sécurité sanitaire des produits issus de la filière bovine française ». Il demande en conséquence « aux pays qui maintiennent encore un embargo sur les exportations de cette filière d’y renoncer désormais rapidement ». En effet, cette reconnaissance officielle revêt une importance majeure pour le commerce international, via l’accord entre l’OIE et l’Organisation mondiale du commerce (OMC) sur l’application de mesures sanitaires et phytosanitaires, entré en vigueur en 1995. Cet accord SPS confirme la mission de l’OIE en matière de reconnaissance des zones indemnes de maladies et de parasites dans le monde.
L’an passé, le marché américain, après 20 ans de boycott des viandes bovines en provenance d’Europe, s’est enfin entrouvert, laissant les acteurs européens espérer que ce feu vert de Washington les aidera à rouvrir d’autres marchés jugés plus intéressants, comme l’Asie et le Moyen-Orient. C’est chose faite tout récemment pour le Vietnam, qui a levé partiellement l’embargo sur la viande bovine française mis en place lors de la crise de l’ESB. Cette décision, applicable au 1er mai 2015, ne concerne toutefois que la viande désossée, dépourvue de matériels à risques spécifiés, issue de bovins âgés de moins de 30 mois et abattus sans étourdissement au pistolet à tige perforante. Les producteurs français peuvent également exporter leurs viandes en Arabie saoudite depuis septembre 2014 et au Japon depuis février 2013. Pour la Chine, les dernières réticences devraient être levées avec le nouveau statut de la France.
D’autres pays sont concernés par ce changement de statut ESB. Ainsi, Chypre, la République Tchèque, l’Irlande, la Suisse et le Liechtenstein accèdent également au niveau de “pays à risque négligeable”. L’Allemagne et le Royaume-Uni restent des “pays à risque maîtrisé”. Toutefois, si l’OIE réforme son code relatif à l’ESB atypique, l’Allemagne pourrait accéder au même statut que la France l’an prochain.
Au cours de la session de l’OIE, la France a également été reconnue officiellement indemne de peste porcine classique. Le dernier cas français de PPC remonte à 2002 chez le porc et à 2007 dans la faune sauvage.
Toutes les résolutions discutées dans le cadre de la 83e session générale de l’assemblée mondiale des délégués de l’OIE, qui s’est tenue cette semaine, seront adoptées demain 29 mai en séance plénière. Le statut indemne de la France vis-à-vis de l’ESB et de la PPC sera donc effectif le 30 mai 2015.