Une étude* finlandaise montre que l’âge du sevrage chez le chat a un impact direct sur le comportement futur de l’animal. Ainsi, un sevrage précoce augmente significativement le risque de développement, chez l’adulte, de troubles du caractère et de la socialisation tels que l’agression et les comportements stéréotypés. Le Pr Hannes Lohi et son équipe, de l’université d’Helsinki, ont étudié les effets du sevrage avant 12 semaines d’âge sur le comportement de 5 726 chats de 40 races différentes. Face à la fréquence des troubles comportementaux rapportés par les propriétaires, l’étude suggère qu’un sevrage retardé de deux semaines constitue une solution simple pour améliorer le bien-être de millions de chats domestiques.
Chez le chat, l’animal de compagnie le plus populaire dans le monde, les troubles du comportement sont finalement assez courants, et peuvent être le signe d’un stress aigu ou chronique. Pour évaluer les effets du sevrage précoce (avant 12 semaines) sur le comportement félin, une enquête par questionnaire a permis de recueillir de multiples données sur la santé, les conditions de vie et le comportement de près de 6 000 chats vivant à l’intérieur. Leurs propriétaires ont défini le niveau d’activité de leur animal, la tendance à rechercher le contact avec l’homme, l’agressivité envers les membres de la famille, les étrangers et les autres chats, ainsi que la crainte manifestée envers les inconnus et les nouveaux stimuli, le tout sur une échelle à cinq niveaux. Les problèmes de comportement sont apparus plus fréquents que prévu. Ainsi, des troubles légers ont été signalés chez plus de 80 % des chats, alors que 25 % présentaient des problèmes plus sévères.
Les résultats montrent que le sevrage avant l’âge de 8 semaines entraîne une augmentation de l’agressivité et des stéréotypies chez le chat adulte. À l’opposé, les chats sevrés à 14 ou 15 semaines présentent un risque significativement plus faible de manifester un comportement agressif envers les autres chats, les étrangers ou les membres de la famille que les chats sevrés précocement, ainsi qu’une probabilité plus faible d’exprimer un comportement anormal (toilettage excessif, succion de laine, etc.) que les chats sevrés à 12 semaines.
La faible probabilité d’un comportement stéréotypé chez les chats sevrés tardivement s’explique en partie par une plus faible probabilité d’agressivité, qui à son tour est corrélée à un comportement stéréotypé. Ces troubles sont liés, constate l’étude. Une agressivité accrue est ainsi corrélée à l’augmentation des stéréotypies. Selon les auteurs, les effets du sevrage précoce se manifestent spécifiquement par de l’agression, souvent induite par l’anxiété, et des comportements stéréotypés, ce qui suggère des dysfonctionnements au niveau des neurotransmetteurs des ganglions de la base du cerveau.
L’âge auquel les chatons peuvent être séparés de leur mère et de leurs frères et sœurs, pour intégrer un nouveau foyer, fait débat un peu partout dans le monde. En Finlande, l’âge minimal recommandé du sevrage est de 12 semaines, mais dans de nombreux autres pays, comme en France ou aux États-Unis, le sevrage à 8 semaines est couramment admis.
Sur la base de l’étude, les chercheurs finlandais concluent que le sevrage précoce a un effet néfaste sur le comportement de l’animal adulte. L’âge de sevrage recommandé devrait être prolongé d’au moins deux semaines, pour le porter à 14 ou 15 semaines d’âge. Ils affirment que ce report constitue un moyen facile et efficace de réduire les problèmes de comportement, donc d’améliorer la santé et le bien-être de millions de chats domestiques. Adopter la pratique d’un sevrage retardé de deux semaines pourrait ainsi avoir un impact positif global sur la qualité de vie des chats et de leurs propriétaires à l’échelle mondiale.
Bien que les effets néfastes du sevrage précoce aient été évalués chez plusieurs espèces animales, aucune étude n’avait encore été menée chez le chat. Par exemple, chez les rongeurs, les singes et les visons, la séparation précoce avec la mère conduit à une prévalence plus élevée des comportements stéréotypés et agressifs. Un phénomène similaire a été observé chez le chien.
* M.K. Ahola, K. Vapalahti, H. Lohi : Early weaning increases aggression and stereotypic behaviour in cats. Scientific Reports, 2017, 7 (1)