Un article de Frontiers in Veterinary Science synthétise les avancées récentes contre la peste porcine africaine (PPA) : diagnostics plus fins, biosécurité “matérielle”, risques liés aux aliments pour animaux, surveillance numérique et modélisation spatiale. Mais une solution unique ne suffira pas, seule une stratégie intégrant l’approche “One Health” peut contenir durablement la maladie.

La PPA demeure l’une des menaces économiques et sanitaires majeures pour la filière porcine mondiale. En rassemblant les résultats de laboratoire, les études de terrain et les analyses de risque, l’article trace une feuille de route opérationnelle : il s’agit de mieux détecter et surveiller, mais aussi de prévenir en articulant virologie, épidémiologie, comportement humain et politique publique.

Le socle scientifique qui change la donne

Les auteurs mettent en avant les tests diagnostiques de nouvelle génération, comme le test Elisa “triple protéine” qui gagne en sensibilité pour le dépistage sérologique, et une qPCR duplex qui se révèle capable de distinguer les génotypes I, II et les souches recombinantes circulant en Chine. En miroir, une étude de terrain précise quelles protocoles ou prélèvements optimisent la surveillance en élevage, afin d’augmenter le rendement diagnostique sans alourdir les coûts.

La biosécurité, du matériel à l’alimentation

Au-delà des procédures, des innovations “physiques” sont apparues : des surfaces plastiques en résine montrent ainsi des propriétés d’inactivation virale, ouvrant la voie à des équipements et des aménagements susceptibles de réduire la propagation de la PPA dans les environnements à haut risque (bâtiments, matériels).

La persistance virale a aussi été évaluée dans divers ingrédients d’aliments pour porcs. Il apparaît que la gestion du flux alimentaire (origine, stockage, traitement, logistique) est un maillon critique à intégrer dans les plans de biosécurité et de transport.

Surveiller autrement : données web et cartographie des risques

Côté surveillance, l’analyse de Google Trends génère un signal d’alerte précoce en Asie du Sud-Est, utile pour guider les investigations quand les ressources sont limitées. En parallèle, la modélisation spatiale permet d’identifier les foyers et les clusters de risque (par exemple la Corée), aidant à prioriser les inspections, les contrôles des mouvements d’animaux et les ressources vétérinaires.

Faune sauvage, génétique virale… et à l’avenir ?

Une vaste revue sur la maladie rappelle la complexité écologique de la PPA, avec ses réservoirs animaux, ses multiples voies de transmission et sa diversité génomique. Pour les autorités et la filière, la priorité est d’intégrer toutes ses composantes :

• diagnostic : l’objectif est de déployer des tests adaptés au contexte (sérologie sensible, qPCR différenciant les génotypes) et d’optimiser les protocoles d’échantillonnage ;
• biosécurité : il convient de combiner procédures et matériaux inactivants dans les zones à risque, sans oublier le facteur alimentaire ;
• veille : la surveillance officielle doit être enrichie par des indicateurs numériques et une cartographie des risques pour mieux cibler les moyens mis en œuvre ;
• “One Health” : cette approche permet de renforcer la coordination faune-élevage-santé publique et de prendre en compte le facteur humain.

Si l’article reste intéressant pour ses approches multiples de la maladie, il s’appuie cependant sur des travaux hétérogènes (laboratoire et terrain). Mais il met en avant les axes de progrès potentiels et les chaînons manquants utiles (standardisation des tests, évaluation coût-efficacité des surfaces inactivantes, validation des signaux numériques), qui passeront nécessairement par une volonté forte des politiques publiques pour favoriser l’innovation et la recherche dans ce domaine.