jeudi, novembre 21, 2024
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Peaux d’ânes : un commerce mondial dénoncé comme inhumain et destructeur

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Peaux d’ânes : un commerce mondial dénoncé comme inhumain et destructeur

Plusieurs organisations vétérinaires, dont l’American Association of Equine Practitioners (AAEP) et l’American Veterinary Medical Association (Avma), condamnent le commerce mondial des peaux d’ânes, qui approvisionne essentiellement une industrie chinoise en plein essor, menaçant l’espèce asine dans le monde entier. Pour fabriquer l’ejiao, un remède traditionnel très en vogue à base de gélatine de peau d’âne, la Chine abat tous les ans des millions d’équidés. Les effectifs d’ânes dans le pays ayant radicalement chuté, les industriels chinois se sont tournés vers l’importation d’ânes d’Afrique, quitte à les décimer à leur tour.

 

Pendant des siècles, la médecine traditionnelle chinoise a traité les vertiges et autres troubles de santé avec l’ejiao, un remède soi-disant miracle à base de plantes dont l’ingrédient principal est une gélatine extraite de la cuisson de peaux d’ânes. La demande d’ejiao a considérablement augmenté au cours de la dernière décennie, à tel point que la Chine importe désormais des peaux d’ânes du monde entier, notamment du Brésil et du Mexique, et que le braconnage menace la survie de ces équidés. En Afrique, épicentre du commerce de la peau d’âne, des zones entières à l’ouest du continent déplorent des extinctions localisées d’espèces d’ânes, selon la World Veterinary Association (WVA).

La Food and Agriculture Organization (FAO) estime que la population d’ânes en Chine a diminué de moitié, passant d’environ 11 millions au cours des dernières années à 5,4 millions en 2016. Bien que l’industrie chinoise investisse dans des programmes d’élevage asinien, la forte demande en ejiao des consommateurs chinois n’est pas satisfaite. Les ânes sont peu adaptés aux pratiques d’élevage intensif en raison de leur longue période de gestation, de leur fécondité faible, d’un taux réduit de réussite en insémination artificielle et de leur forte propension aux avortements secondaires à un stress, indique le WVA.

 

 

L’Avma s’est ralliée à l’AAEP, l’Association américaine des praticiens équins, pour condamner le transport inhumain et le massacre d’ânes de par le monde afin de répondre à l’intensification du commerce mondial des peaux d’ânes. On estime qu’un minimum de 1,8 million de peaux d’ânes sont vendues chaque année pour approvisionner le marché lucratif de l’ejiao, utilisé dans les produits de beauté chinois et les remèdes de médecine traditionnelle.

En plus des préoccupations liées au bien-être animal, ce commerce est particulièrement dévastateur dans les pays en développement où les ânes sont essentiels à la subsistance de millions de personnes parmi les plus pauvres du monde. Confrontées au vol d’ânes, les familles perdent leurs revenus du jour au lendemain. Acheter un nouvel animal est souvent impossible compte tenu du coût élevé des ânes, lié au déclin des populations. La perte d’un âne compromet également le transport des enfants scolarisés et limite la croissance du rôle des femmes dans la communauté. Quant au braconnage, il augmente le risque de propagation des maladies et compromet gravement le bien-être de ces équidés en raison de techniques de manipulation, de transport et d’abattage inadaptées.

 

 

Ainsi, l’AAEP s’est engagée à sensibiliser la profession vétérinaire nord-américaine à ce problème. Pour son président sortant, Margo Macpherson, l’appui de l’Avma vient renforcer l’impact de sa prise de position sur le plan international. En outre, le braconnage et le commerce de la peau d’âne pourraient bien concerner directement les États-Unis d’ici peu. Cela est particulièrement préoccupant en raison de la population vulnérable de burros sauvages dans les États de l’ouest du pays.

La WVA a appelé à l’arrêt du commerce des peaux d’âne jusqu’à ce que son impact puisse être évalué au plan mondial, à la fois pour les populations d’ânes et pour les communautés humaines qui en dépendent. Car à ce rythme, si rien n’est fait, l’âne pourrait notamment disparaître du Kenya d’ici à 2024.

 

 

 

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