Les instabilités écologiques qui touchent le monde actuel vont façonner l’évolution des relations entre espèces. Pour les parasites de ponte, cela se traduit par une diversification du choix de ses hôtes.
Changement climatique, compétitions territoriales et présence humaines ne font que participer à une incertitude écologique grandissante. En réponse, les animaux s’adaptent, mais ces ajustements peuvent affecter la dynamique des interactions entre espèces et façonner le cours de l’évolution. Et ce, particulièrement pour les espèces symbiotiques, qui dépendent des relations aux autres.
En toute logique, plus l’environnement écologique est instable, variable et imprévisible, moins une espèce parasitaire se doit de dépendre d’une espèce hôte unique. La diversification des partenaires ouvre les portes à plus d’option de vie.
Bien que cohérente, cette relation a jusqu’à présent été difficilement déterminé empiriquement du fait que les facteurs environnementaux ne sont pas seuls à influencer la co-adaptation des espèces.
Cependant, des chercheurs américains se sont intéressés au modèle du parasitisme aviaire de ponte pour fournir un modèle particulièrement pertinent pour comprendre comment l’incertitude, induite par la variabilité environnementale et la phénologie des symbiotes, influence l’évolution des interactions entre les espèces.
Les parasites de ponte sont des oiseaux qui pondent leurs œufs dans les nids d’autres espèces et laisse leur éducation à leurs parents hôtes. Ils ont évolué de manière indépendante plusieurs fois dans la phylogénie aviaire et selon les espèces ciblent des hôtes plus ou moins spécifiquement. Certains sont plus généralistes, comme le vacher à tête brune qui parasite quelques 300 espèces hôtes, tandis que d’autres sont plus sélectifs, comme le coucou à gorge jaune qui n’en parasite qu’une seule.
Sur le plan évolutif, les espèces ayant divergé plus récemment se spécialisent généralement sur moins d’espèces hôtes, ce qui suggère que de nouvelles lignées parasitaires surviennent grâce à des interactions spécialisées avec un seul ou quelques hôtes.
La virulence parasitaire, le degré de co-adaptation (mimétisme des œufs), la stratégie de reproduction de l’hôte et la capacité reproductive sont autant de facteurs à prendre en compte pour comprendre ces choix.
La caractérisation des facteurs qui déterminent la diversité des hôtes chez les parasites de ponte a permis aux chercheurs de mieux comprendre l’utilisation des ressources – et donc l’effet de leur instabilité – associé à la coévolution hôte-parasite dans les systèmes aviaires.
Des données phylogénétiques, comportementales et géographiques ont ainsi permis de montrer que l’incertitude croissante dans la thermorégulation et l’investissement parental des jeunes parasites sont positivement associés à la richesse et à la diversité des hôtes.
L’incertitude écologique façonne donc activement la spécialisation des relations inter-espèces complexes. Dans un contexte actuel de changement global, et de modèles climatiques qui deviennent de plus en plus variables et imprévisibles, il devient important de comprendre l’impact sur les systèmes co-évolutifs. De nombreux parasites, prédateurs et symbiotes, déjà menacés d’extinction, sont d’ores et déjà confrontés aux variabilités écologiques.