Alors que les évènements infectieux sont globalement sous étudiés chez les mammifères marins comparés à leurs homologues terrestres, une nouvelle étude inculpe certains facteurs environnementaux dans les évènements de mortalité de masse. Alors que le changement climatique amplifie ces facteurs, il devient crucial de mieux surveiller nos océans.
Alors que la pandémie de COVID-19 se propage à travers le monde, la réalité sur l’ampleur des maladies infectieuses sur Terre commence à transparaitre aux yeux de tous. Mais il ne suffit pas de regarder sur terre, il faut aussi anticiper ce genre d’évènements sous l’eau.
Les maladies infectieuses sont responsables de vagues pandémiques mortelles qui peuvent ravager autant les invertébrés, que les oiseaux, les mammifères et les poissons. Cependant, ce genre d’évènement est globalement sous étudié chez les mammifères aquatiques comparé à leurs homologues terrestres.
Dans un effort de combler ces lacunes, des chercheurs du CARACAL (Centre for African Resources: Animals, Communities, and Land Use) ont voulu évaluer les facteurs de survenue des évènements infectieux de masse chez les mammifères marins.
Ainsi, des événements de mortalité massive d’origines infectieuses se sont produits chez 14% des espèces de mammifères marins entre 1955 et 2018. Les virus sont majoritairement en cause. Ils représentent 72% de ces événements et ont causé 20 fois plus de décès que les bactéries. Des foyers de morbillivirus et de grippe A tout particulièrement, en raison de leur cycle de vie qui leur permet de traverser la barrière des espèces et infecter plusieurs types d’hôtes.
Cependant, il s’avère que la sociabilité et le trophisme (la place dans la chaine alimentaire) des mammifères marins ne semblent pas être des facteurs aggravants d’évènements infectieux de masse. En revanche, la taille et les fluctuations de l’habitat le sont.
Plus de la moitié des espèces ayant connu un épisode de mortalité massive en peu de temps sont des pinnipèdes, soit de la famille des phoques, des otaries et des morses.
En 2000, par exemple, plus de 10.000 phoques caspiens en voie de disparition mouraient en moins de quatre mois d’une infection par le virus de la maladie de Carré.
Ces animaux semi-aquatiques qui relient la terre et la mer semblent être plus exposés aux agents pathogènes des deux mondes.
De plus, les variables environnementales – telles que les anomalies saisonnières et de température sont également associées aux épidémies de maladies chez les mammifères marins.
61% des événements de mortalité de masse chez les mammifères marins se sont produits pendant des périodes où des anomalies régionales de la température de la surface de la mer ont été rapportées. Ainsi, le taux d’incidence d’un événement infectieux de masse augmente de près de 12% pour chaque anomalie de température.
L’équilibre chimique des océans est également en train de changer et la fonte des glaces et la salinité des mers ont des implications sur la propagation des maladies.
Alors que le changement climatique s’intensifie et que le climat se réchauffe, des chaînes complexes d’évènements seront perturbées, ce qui aura pour conséquence de fragiliser les équilibres fragiles des écosystèmes des environnements marins. C’est d’autant plus vrai que 37% des mammifères marins ayant subi un événement infectieux de mortalité de masse sont en voie de disparition ou vulnérables.
Les mammifères marins sont des sentinelles de la santé aquatique. Ils fournissent des informations essentielles pour gérer les menaces pesant sur ces écosystèmes vulnérables. Ce travail souligne la menace critique que les maladies infectieuses peuvent représenter pour les espèces marines et l’importance potentielle du changement climatique en tant que moteur de grande envergure de ce processus.