Une mutation génétique expliquerait que les chiens atteints d’hypothyroïdie sont moins susceptibles de développer un lymphome de la zone T (TZL) d’après une étude pangénomique (GWAS) avec séquençage ciblé.
Tous les chiens ne sont pas égaux face aux cancers. Certaines races vont être plus susceptibles de développer la pathologie que d’autres. Une des raisons : leur génétique. En effet, la sélection des animaux selon des critères esthétiques et les croisements répétés ont malheureusement eu pour effet de faire ressortir des prédispositions génétiques.
En particulier, le golden retriever est sujet à de nombreux cancers, notamment le lymphome de la zone T. Cette forme lentement évolutive du cancer est beaucoup plus répandue chez les goldens retrievers que les autres races. Ils représentent 40% des cas signalés. Des chercheurs de l’Université d’État du Colorado ont donc voulu mieux comprendre les associations.
En 2019, ils publient ainsi une étude qui établit des liens entre l’environnement et la santé de ces chiens atteints de TZL. L’équipe constate que l’hypothyroïdie et la supplémentation en oméga-3 sont associées à une diminution du risque de TZL. Ils suggèrent alors une prédisposition génétique à ce cancer, qu’ils viennent de confirmer avec une nouvelle étude.
Le génotypage de l’ADN de chiens atteint à différents stades de la maladie a permis d’identifier une région génétique d’intérêt sur le chromosome 8 en lien avec le développement de la TZL. Et il s’avère que cette région est également associée à la régulation des hormones thyroïdiennes.
La double découverte, de l’étude environnementale puis de l’étude génétique, qui associe la fonction thyroïdienne à la TZL, souligne l’importance de cette partie du génome du chien dans cette maladie.
Le professeur Anne Avery du département de microbiologie, d’immunologie et de pathologie à la Colorado State University explique : « Les gènes pertinents peuvent être les gènes de la fonction thyroïdienne eux-mêmes ou d’autres gènes de la région. Mais ces découvertes combinées qui ciblent cette région génétique nous ont convaincus de l’importance de cette zone, et que son étude plus poussée aboutira. »
D’autres zones ont pu également être signalées. Les chercheurs ont identifié quatre autres variants sur le chromosome 14 qui étaient associées à un risque accru de développer un TZL mais également des tumeurs à mastocytes chez les goldens retrievers. Ils suggèrent un mécanisme partagé sous-jacent au développement des deux cancers.
Cette étude illustre la valeur de l’analyse combinée de facteurs de risque génétiques et environnementaux en faveur d’une meilleure prise en charge des cancers chez le chien. Les chercheurs espèrent que la suite de leurs travaux permettra de développer des mesures préventives, un diagnostic plus précoce et des traitements efficaces, pour tous les chiens à risque de TZL, pas seulement les goldens retrievers.