L’Union européenne a mis en œuvre, le 5 février, de nouvelles règles plus strictes pour interdire les importations de trophées de chasse de six espèces en voie de disparition : le lion et l’éléphant d’Afrique, l’ours polaire, le rhinocéros blanc, l’hippopotame et le mouton argali. Il était temps, notamment pour le lion africain dont la population est en fort déclin.
Désormais, les importations de trophées de chasse de lion sont interdites dans l’Union en provenance de plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, comme le Burkina Faso, le Bénin et le Cameroun. Ces pays faisaient déjà l’objet d’un « avis négatif » émis par le Groupe scientifique de l’UE sur le commerce des espèces sauvages. Les autres États africains devront maintenant prouver que la chasse au trophée sur leur territoire n’est pas préjudiciable à la conservation de l’espèce concernée. Parmi eux, la Tanzanie et le Mozambique auront sans doute du mal à conserver leur permis d’importation pour les trophées d’éléphant…
Au final, l’Union européenne est désormais en mesure d’évaluer la chasse au trophée de façon plus critique et scientifique, à l’aune des mesures de conservation prises et du comptage des populations pour les six espèces listées, voire d’allonger cette liste.
Jusqu’à présent, les règlements relatifs au commerce des parties du corps des espèces protégées ne s’appliquaient pas aux trophées de chasse, considérés comme des « effets mobiliers et personnels ».Cette dérogation a permis le commerce illicite de parties d’animaux via l’Union, utilisées par exemple dans la fabrication de “médicaments”, et a notamment contribué à l’extinction des lions d’Afrique de l’Ouest dont la population sauvage n’est plus que de 400 individus.
L’eurodéputée Catherine Bearder a activement contribué à convaincre l’Union qu’une réglementation beaucoup plus sévère que celle de la Cites* était nécessaire, épaulée entre autres par l’association britannique LionAid. Si elle se félicite de cette étape franchie, il convient selon elle de rester vigilant sur le terrain, en maintenant la pression sur les trafiquants qui alimentent le commerce illégal d’espèces sauvages, et de s’assurer que les nouvelles règles sont effectivement appliquées.
De 2008 à 2012, 1 438 trophées de lions ont été importés en Europe. Si un millier d’entre eux provenaient d’Afrique du Sud, où la plupart des lions chassés sont élevés en captivité, 395 trophées étaient ceux de lions sauvages, dont 63 abattus au sein de populations d’Afrique de l’Ouest fortement menacées d’extinction… et importés à 80 % en France.
* Cites : Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction, ou Convention de Washington.
Sources : Parlement européen, bearder.eu, LionAid.org.