Si beaucoup d’études se sont concentrées sur l’exposition au Sars-CoV-2 des animaux de compagnie et d’élevage, le risque pour les animaux errants est beaucoup moins évalué. Pourtant, des chercheurs montrent qu’ils sont tout aussi vulnérables à l’infection.
La pandémie de Covid-19 a fait couler beaucoup d’encre et suscité beaucoup d’intérêt scientifique. Si la maladie concerne principalement l’espèce humaine, elle reste une zoonose reconnue. Les vétérinaires et les chercheurs se sont donc intéressés à son potentiel d’infection et de transmission au sein de populations animales. Naturellement au contact rapproché de l’homme, les animaux de compagnie ont été au centre de nombreux travaux. Vivant dans le même environnement, ils sont fortement exposés aux agents pathogènes humains. Il a ainsi été démontré que les chats sont non seulement sensibles à l’infection par le Sars-CoV-2, développent une réponse immunitaire efficace, mais peuvent également transmettre le virus à d’autres félins. Les chiens, en revanche, semblent moins sensibles à l’infection par le nouveau coronavirus. Ils présentent une séroprévalence plus faible et une capacité de transmission virale limitée.
Ce n’est donc pas étonnant que des ARN ou des anticorps spécifiques au Sars-CoV-2 soient rapportés chez les chiens et les chats dans de nombreux pays. Cependant, la plupart des études se sont concentrées sur les animaux domestiques vivant au sein de familles avec au moins un cas humain positif. L’exposition des animaux dans des foyers non contaminés ou des animaux errants n’est pas encore vraiment caractérisée. Pourtant, ces animaux peuvent être exposés à un environnement contaminé en dehors de leur foyer. L’ARN du Sars-CoV-2 a déjà été détecté sur des surfaces publiques et dans le réseau d’égouts des grandes villes brésiliennes, par exemple.
Des chercheurs brésiliens ont donc voulu étudier la prévalence du nouveau coronavirus chez les animaux domestiques du pays. Le Brésil, particulièrement touché par la crise sanitaire, compte en effet un grand nombre d’animaux errants, ainsi qu’une importante population d’animaux de compagnie dont une partie est en situation de vulnérabilité. Ces animaux représentent une préoccupation importante en termes de santé publique et de bien-être animal.
Durant l’été 2020, 96 animaux ont été testés, dont 49 chats (40 dans un foyer et 9 errants) et 47 chiens (42 dans un foyer et 5 errants). Au même moment, 100 000 cas humains étaient confirmés dans la ville de Rio de Janeiro. Ainsi, parmi les animaux testés chez leurs propriétaires, 75,6 % (62 sur 82) appartenaient à des ménages sans cas de Covid-19. Tous les écouvillons sont revenus négatifs à l’ARN du Sars-CoV-2 par RT-PCR, mais un chat errant et un chien errant ont présenté des anticorps neutralisants pour le virus, soulignant la potentielle vulnérabilité des animaux livrés à eux-mêmes pendant la pandémie de Covid-19.
Même si les animaux errants testés n’étaient pas infectés sur le moment, ils avaient été exposés au virus pendant l’épidémie de Covid-19 en cours à Rio de Janeiro. Malgré un échantillonnage faible sur une petite zone géographique, les résultats corroborent l’idée qu’au-delà des animaux de compagnie, les animaux errants sont aussi exposés au Sars-CoV-2. Cependant, l’absence d’une recherche pour les coronavirus félins et canins sur les échantillons prélevés n’a pas permis d’exclure une réactivité sérologique croisée, qui aurait pu fausser les résultats. L’inclusion d’animaux errants a cependant révélé un aspect important pour la surveillance du coronavirus dans les centres urbains, et pourrait être considérée comme un indicateur de contamination de l’environnement. Pour cette raison, l’investigation du Sars-CoV-2 dans les populations animales par une approche “One Health” est nécessaire et mérite d’être encouragée, selon les chercheurs. En attendant, il est important de rappeler que les personnes positives à la Covid-19 doivent garder des mesures de distanciation préventives avec les animaux de compagnie.