Le virus du Nil occidental n’a encore jamais été détecté au Liban. Pourtant, ce pays est situé sur la voie migratoire des oiseaux en provenance et au départ du Moyen-Orient. Un dépistage sérologique a été réalisé pour évaluer la circulation potentielle de cet arbovirus. Et pour la première fois, sa présence a été recherchée dans des sérums humains, équins et aviaires.
Le virus du Nil occidental se transmet aux vertébrés, notamment l’homme et le cheval, via la piqûre de moustiques, principalement du genre Culex. Les oiseaux sont les hôtes naturels, mais restent majoritairement asymptomatiques lorsqu’ils sont infectés, sauf aux États-Unis où une mortalité importante est observée. Comme l’infection n’est pas évidente à détecter chez les oiseaux, en particulier sauvages, les chercheurs se tournent souvent vers les autres animaux affectés. Chez l’homme, l’infection reste asymptomatique dans 80 % des cas. Toutefois, certaines personnes infectées développent des atteintes neurologiques dont la gravité varie d’un syndrome pseudo-grippal à une encéphalite, une méningo-encéphalite, une paralysie flasque ou un syndrome de Guillain-Barré potentiellement mortels. Il est donc important de surveiller la circulation du virus pour prévenir les contaminations zoonotiques.
Le virus du Nil occidental est présent dans toute l’Afrique et dans certains pays en Europe, au Moyen-Orient, en Asie occidentale et en Australie. Des épidémies apparaissent de manière récurrente dans certaines zones à risque qui se situent en particulier le long des routes migratoires des oiseaux comme la Grèce, l’Italie et la Russie. Cet agent pathogène est endémique dans la région du Moyen-Orient et plus globalement sur tout le pourtour méditerranéen. Des cas humains de fièvre du Nil occidental sont régulièrement recensés en Israël et en Turquie et ont même été signalés pour la première fois en Allemagne (2019 et 2020) et aux Pays-Bas (2020). Si des preuves sérologiques de la circulation du virus ont été documentées dans plusieurs pays de la région, dont la Jordanie et l’Égypte, il n’a jamais été signalé au Liban. Pourtant, comme tous ses voisins, ce pays se situe sur la route des oiseaux migrateurs.
Une étude s’est donc intéressée à caractériser la circulation du virus au Liban. Des chercheurs ont analysé les sérums d’humains, de chevaux et de poulets dans des zones géographiquement clés, à la recherche d’anticorps spécifiques du virus du Nil occidental. Les populations locales de moustiques ont également été testées pour rechercher la présence d’ARN du virus, en utilisant la RT-PCR conventionnelle. Si aucun moustique testé ne s’est révélé positif, le dépistage a montré un taux de séroprévalence de 1,86 % chez l’homme et de 2,47 % chez le cheval. Contre toute attente, les taux de séroprévalence relevés sont comparables à ceux rapportés dans des zones endémiques telles que New York (2,6 %) ou le nord de l’Italie (2,08 %). Les résultats sont cependant à moduler puisque les chercheurs ont également observé des réactions croisées par Elisa, ce qui suggère une circulation d’autres flavivirus liés au virus du Nil occidental, comme les virus Zika, Usutu et de la dengue. Les sérums avec de très faibles titres d’anticorps neutralisants doivent donc être interprétés avec prudence.
Il n’en reste pas moins que, pour la première fois, une circulation locale du virus West Nile a été détectée au Liban, chez l’homme et le cheval. Les données sérologiques ont également révélé une exposition à d’autres flavivirus, dont le virus de la dengue. D’autres études plus approfondies sont cependant nécessaires pour déterminer l’identité, le lignage et l’étendue de la propagation de ces virus.