Une équipe de l’université de médecine vétérinaire autrichienne (Vetmeduni Vienna) s’est penchée sur les bénéfices, pour les chiens âgés, d’un entraînement cognitif interactif. Car l’apprentissage tout au long de la vie, c’est aussi bon pour le chien. Comme chez la personne âgée, le recours à des exercices éducatifs sur ordinateur permet de stimuler les fonctions cognitives du vieux chien et de ralentir les effets du vieillissement. L’objectif est maintenant, afin d’améliorer le bien-être des chiens âgés au quotidien, de développer une méthode et des logiciels faciles à mettre en œuvre par les propriétaires à domicile.
Les chiens seniors souffrent notamment d’une mobilité et d’une motivation réduites qui affectent leur qualité de vie. Au fur et à mesure qu’ils vieillissent, leurs propriétaires, s’ils pardonnent souvent désobéissance ou entêtement, réduisent de plus en plus, parfois inconsciemment, le niveau d’activité et les stimulations mentales et physiques quotidiennes. Or l’arrêt de toutes les activités telles que la promenade, le jeu et les apprentissages peut entraîner un vieillissement plus rapide chez le chien, avec un impact négatif sur son bien-être, voire un relâchement du lien qui unit le propriétaire à son animal.
Comme chez l’homme, la production de dopamine chez le chien diminue avec l’âge, entraînant un déclin de la mémoire et de la motivation. Mais selon une nouvelle étude menée par le Messerli Research Institute de Vetmeduni Vienna, les animaux âgés restent capables d’apprendre et cette détérioration mentale naturelle peut être contrée par un entraînement régulier des capacités cognitives, en l’occurrence via des casse-têtes informatiques.
Des jeux interactifs ont été testés expérimentalement sur des chiens âgés par le biais d’un écran tactile, couplé à un logiciel et à une méthode d’entraînement spécifiques. Tous ont répondu positivement à cet entraînement cognitif, se montrant même assidus. Pour les auteurs, il est ainsi possible de ralentir le vieillissement et d’améliorer la qualité de vie des vieux chiens via l’usage à domicile d’un ordinateur adapté. Reste à préciser, par de futurs développements, les effets de l’interaction tactile sur les composantes physiologiques, comportementales et cognitives du vieux chien, sur sa motivation et son bien-être, ainsi que sur la relation propriétaire-chien.
En tout cas, des exercices simples sur ordinateur, combinés à un système de récompense, peuvent remplacer avantageusement l’activité physique devenue inexistante, tout en gardant mentalement en forme les animaux seniors. Même les vieux chiens sont prêts à résoudre des casse-têtes et à apprendre, une fois sortis de leur apathie liée à leur âge avancé. Cependant, la méthode doit désormais être transposée du laboratoire de recherche au domicile des propriétaires.
À l’avenir, la collaboration entre les chercheurs en interaction animal-ordinateur, les vétérinaires et les éducateurs canins devrait permettre de développer le matériel et les logiciels nécessaires pour élargir le potentiel de cet outil de formation et d’enrichissement. L’équipe de recherche espère que son étude motivera non seulement les informaticiens et les développeurs de logiciels, mais aussi les propriétaires de chiens intéressés, à envisager une coopération future. Son approche pourrait déboucher sur des travaux visant à accroître la compréhension de l’importance de l’apprentissage tout au long de la vie chez les animaux.