Un article de la revue Nature décrit le mode de transmission de l’influenza A (H5N1) et la façon dont le virus se propage dans l’air. Les chercheurs ont utilisé des dispositifs de prélèvement des particules virales dans l’air pour échantillonner continuellement les virus de l’influenza excrétés par des furets infectés expérimentalement. Ils ont constaté que la charge virale dans l’air correspondait à la dynamique de transmission du virus par contact d’un animal à l’autre.
Une augmentation des cas de transmission de virus hautement pathogènes de la grippe aviaire H5N1 aux mammifères suggère l’existence d’une mutation virale qui facilite l’infection entre ces animaux. Les scientifiques ont voulu comprendre comment le virus de l’influenza H5N1 se propageait sous la forme de particules virales présentes dans l’air, en particulier entre des furets qui sont souvent utilisés comme modèle pour les infections humaines par la grippe. La quantité de virus infectieux excrétée dans l’air était directement liée à la capacité de transmission du virus d’un furet à l’autre. Plus il y a de virus dans l’air, plus la transmission est efficace. La configuration génétique du virus influence aussi l’efficacité de transmission par voie aérienne.
Cette étude a des implications importantes pour la surveillance et le contrôle des épidémies de grippe aviaire. Comprendre les mécanismes de transmission aérienne peut aider à développer des stratégies pour limiter la propagation du virus, comme des mesures de biosécurité plus strictes en élevage. Ces résultats soulèvent en outre des inquiétudes quant à l’évolution de l’influenza A (virus H5N1) vers une adaptation aux mammifères, et peut-être à l’humain. L’étude permet également de comprendre l’absence de transmission via l’air dans les études antérieures, plutôt due à un faible niveau d’excrétion du virus infectieux qu’à l’absence de mutation adaptative nécessaire pour déclencher une infection chez un nouvel hôte.
Les virus zoonotiques infectieux A (H5N1) de 2005 et bovins A (H5N1) de 2024 n’ont pas été détectés dans l’air. En revanche, l’excrétion a été observée chez un furet sur quatre infectés par un virus A (H5N1) du putois européen de 2022 et un virus A (H5N1) de 2024 isolé chez un employé d’une ferme laitière. Autrement dit, les virus récemment apparus présentent un niveau plus élevé d’excrétion virale infectieuse dans l’air par rapport aux virus plus anciens. Compte tenu de l’épizootie en cours chez les bovins et du risque élevé d’exposition des agriculteurs ou des éleveurs laitiers et des mammifères domestiques ou sauvages aux vaches infectées et au lait contaminé, il est essentiel pour un contrôle efficace de l’épidémie et la sécurité de la santé publique de comprendre comment ce virus se propage parmi les bovins, son potentiel d’adaptation aux mammifères et sa capacité de transmission par voie aérienne.