mercredi, octobre 1, 2025
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Influenza aviaire H5N1 : la mort de deux chats relance le débat sanitaire autour des aliments crus

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Influenza aviaire H5N1 : la mort de deux chats relance le débat sanitaire autour des aliments crus

Le département de santé de Los Angeles a émis une alerte après l’infection grave et la mort de deux chats nourris avec un aliment cru du commerce. L’un d’eux a été confirmé infecté par le virus H5N1 clade 2.3.4.4b (génotype B3.13), la lignée qui circule aussi chez les bovins laitiers et les volailles aux États-Unis. Les autorités locales suivent les expositions humaines (famille, équipe soignante), mais aucun cas humain n’est signalé à ce stade.

L’épisode fait suite à un avertissement de la Food and Drug Administration (FDA) plus tôt ce mois-ci, reliant un cas félin d’infection à H5N1 à une marque d’aliments crus à base de poulet. Le message des vétérinaires est clair : il ne faut ne pas donner de lait cru, de viande crue, ni d’aliments crus aux animaux de compagnie. La pasteurisation et la cuisson restent des barrières efficaces tant pour l’alimentation humaine qu’animale.

En outre, une équipe de l’université Cornell a mis en évidence des bactéries potentiellement dangereuses dans de la nourriture crue pour chat, y compris certaines souches présentant des résistances aux antibiotiques. La découverte ne se limite pas aux produits réfrigérés ou surgelés : des références lyophilisées, souvent perçues comme plus sûres, sont également concernées.

 

De la gamelle du chat à la table familiale ?

Les auteurs ont comparé des produits cuits à des aliments crus achetés en animalerie et en ligne. Les cultures positives proviennent exclusivement de la nourriture crue. Les bactéries identifiées incluent Salmonella, Cronobacter, Escherichia coli, Klebsiella et Pseudomonas, avec des facteurs génétiques compatibles avec des mécanismes de résistance. Plusieurs isolats se rapprochent, sur le plan génomique, de souches impliquées dans des infections humaines répertoriées dans des bases de données américaines. Cette proximité ne prouve pas une transmission directe, mais elle fait peser un doute sérieux sur un passage possible entre la gamelle du chat et la cuisine familiale. Par ailleurs, Clostridium perfringens a été isolée dans des friandises lyophilisées, rappelant qu’un produit “sec” n’est pas nécessairement stérilisé : l’absence d’eau limite la croissance bactérienne, elle ne neutralise pas tout risque.

 

Un enjeu de santé publique

Dans la cuisine, la préparation des rations crues se fait souvent à proximité des aliments destinés aux humains. Une planche mal lavée, un couteau utilisé indifféremment, un essuyage sommaire du plan de travail suffisent pour qu’un agent pathogène franchisse le pas. Les enfants, les personnes âgées, les femmes enceintes et les patients immunodéprimés sont les premiers menacés par cette contamination croisée. L’année 2025 a ajouté une inquiétude d’un autre ordre avec plusieurs signalements américains de cas félins d’influenza aviaire H5N1 liés à des aliments crus. La contamination bactérienne se double alors d’une infection virale, ce qui change l’échelle de risque.

 

Risque sanitaire, rappels et contrôles

Les partisans de la raw food évoquent l’appétence, la meilleure digestibilité et le côté naturel de l’alimentation crue. Ces arguments se heurtent aux lois de la microbiologie et à la réalité d’une filière plus difficile à sécuriser sans cuisson. En alimentation crue, chaque maillon de la chaîne doit être maîtrisé, de l’abattoir au réfrigérateur domestique. Sans règles d’hygiène comparables à celles en vigueur pour la chaîne alimentaire humaine, les bénéfices revendiqués sont contrebalancés par un risque sanitaire non négligeable.

Aux États-Unis, la FDA considère Salmonella comme un danger prioritaire dans l’alimentation animale, ce qui entraîne de nombreuses inspections et des retraits de lots du marché. Les rappels récurrents observés ces dernières années confirment que la maîtrise du risque reste difficile pour une partie du marché cru. L’étude de Cornell élargit le champ en documentant l’isolement de bactéries moins ciblées par la réglementation. Ainsi, l’étiquetage “cru” appelle plus que des promesses marketing : il exige des preuves, des audits et une traçabilité capable d’identifier rapidement les lots mis en cause.

 

Normes de biosécurité

En pratique, un chat nourri à base d’aliments crus peut excréter des bactéries sans présenter de signes cliniques pendant plusieurs semaines, transformant la gamelle et la litière en sources d’exposition pour l’humain. Dans les refuges, les pensions et les foyers où vivent des personnes vulnérables, l’alimentation crue est déconseillée. Lorsqu’elle est choisie malgré tout, elle impose un protocole strict : surfaces dédiées, ustensiles séparés, lavage soigneux des mains, réfrigération maîtrisée, nettoyage quotidien des contenants et gestion rigoureuse de la litière. Une anamnèse de l’alimentation distribuée à l’animal, la sensibilisation des propriétaires au risque zoonotique et la proposition alternative de régimes cuits complets et équilibrés font partie des conseils à prodiguer par les vétérinaires. En cas de troubles digestifs chez l’animal ou de gastro-entérite inexpliquée au sein du foyer, le signalement du lot suspect et une consultation médicale s’imposent.

 

L’étude de Cornell ne condamne pas un mode d’alimentation par principe, elle documente un risque et remet au centre du débat les mesures préventives à adopter au quotidien. Plus on manipule des produits crus, plus les mesures d’hygiène doivent être élevées. Sans fermer la porte à la raw food, elle pose des conditions qui, pour être respectées, demandent une discipline difficile à imposer aux propriétaires. Entre préférence alimentaire pour l’animal et risque sanitaire avéré, il ne faudrait pas pouvoir choisir…

 

 

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