Selon les derniers chiffres du Veterinary Poisons Information Service (VPIS), 56 491 chiens ont ingéré des substances toxiques au Royaume-Uni entre 2010 et 2014, et 470 en sont morts. Pour sensibiliser les propriétaires d’animaux de compagnie aux risques d’intoxication, le Kennel Club britannique a publié un guide de recommandations*.
Les recommandations du Kennel Club sont parues à la suite de la mort tragique de Jagger, le setter irlandais empoisonné aux pesticides en Belgique, une journée après sa participation au Crufts (voir ci-dessous). Cet incident a braqué les projecteurs sur la question des intoxications chez les animaux. Le Kennel Club espère ainsi aider à prévenir les empoisonnements, en encourageant tout propriétaire qui pense que son animal a avalé quelque chose de nocif à prendre immédiatement contact avec son vétérinaire.
Dans son rapport 2014, le VPIS a recensé 10 896 cas d’intoxication, chez 17 espèces animales différentes, même si les chiens prédominent nettement (83 %), suivis par les chats (14 %).
Chez le chien, les substances à l’origine des empoisonnements les plus fréquents sont les médicaments analgésiques humains, l’ibuprofène en tête (789 cas signalés), les rodenticides anticoagulants (635 cas), le chocolat (568 cas), les raisins frais ou secs (308 cas) et le xylitol, un ingrédient présent dans le chewing-gum (110 cas). Chez le chat, 5,6 % des empoisonnements sont dus aux plantes du genre Lilium (lis). Quant au lapin, il est surtout victime du bromadiolone, un pesticide anticoagulant utilisé contre les rongeurs.
De nombreux aliments en apparence inoffensifs, comme les fromages bleus, les raisins secs, les oignons et le chocolat, sont particulièrement dangereux pour le chien. De même, plusieurs produits ménagers et de jardinage courants sont nocifs, notamment les détergents, les plantes du genre Allium, les anti-limaces, les raticides et souricides, les bulbes de printemps, etc. Leurs effets peuvent aller de simples maux d’estomac jusqu’à la mort.
Dans son rapport annuel, le VPIS a ainsi enregistré 48 cas mortels chez le chien en 2014, dont 24 euthanasies. La substance en cause la plus fréquente est le métaldéhyde, un molluscicide utilisé contre les limaces et les escargots. Chez le chat, l’issue est fatale dans 43 cas, dont 29 euthanasies. L’agent le plus souvent en cause (44 %) est l’éthylène glycol, présent notamment dans l’antigel. Il est suivi par le paracétamol et la perméthrine.
Enfin, les cigarettes électroniques et l’huile de palme représentent une menace en augmentation chez le chien. Ainsi, les cas d’intoxication dus à des cigarettes électroniques sont passés de 17 en 2013 à 64 en 2014 (jusqu’à 276 %) et ceux causés par l’huile de palme de 6 en 2013 à 57 en 2014 (850 %).
* http://www.thekennelclub.org.uk/media/605397/poisons.pdf
Le Crufts mis hors de cause par les analyses toxicologiques
Jagger, un setter irlandais d’une valeur de 70 000 €, est mort empoisonné en Belgique le 6 mars 2015, à son retour du Crufts de Birmingham. Si l’hypothèse d’un empoisonnement dans le cadre de ce concours canin réputé a d’abord été envisagée, les analyses toxicologiques ont rassuré les cynophiles : les poisons (carbofuran et aldicarbe), dissimulés dans des morceaux de bœuf, ont été ingérés peu de temps avant la mort de Jagger, donc en Belgique et non en Angleterre. En effet, l’action de ces deux insecticides de la famille des carbamates est rapide et intervient au maximum dans les trois heures qui suivent l’ingestion. En outre, les morceaux de bœuf étaient encore dans l’estomac lors de l’autopsie, effectuée le 7 mars au matin, or les aliments sont généralement digérés par le chien dans les six heures qui suivent le repas. Il n’a donc pas pu absorber les poisons le 5 mars lors du Crufts.