Un nouveau type de bornavirus, isolé chez un écureuil multicolore, est potentiellement associé à trois cas mortels d’encéphalite chez des éleveurs de ces nouveaux animaux de compagnie en Allemagne. Ces cas atypiques soulèvent la question d’une éventuelle menace émergente dans l’Union européenne.
Trois cas mortels d’encéphalite aiguë sont rapportés chez trois éleveurs allemands d’écureuils multicolores (Sciurus variegatoides). Ces cas sont probablement liés à une infection par un nouveau type de bornavirus récemment identifié.
Pendant la phase prodromique, les trois hommes ont présenté une hyperthermie, des frissons, une fatigue et des difficultés à marcher. Face à l’augmentation de la confusion et des troubles psychomoteurs, ils ont été hospitalisés dans un service de neurologie où ils ont développé une parésie oculaire. Leur état s’est rapidement détérioré et ils sont morts après quelques jours en soins intensifs.
Aucune trace d’agents pathogènes connus n’a été décelée dans le liquide céphalorachidien et les échantillons de tissu cérébral des éleveurs décédés. L’Institut Friedrich Loeffler a étudié la carcasse d’un écureuil appartenant à l’un d’eux. L’analyse génétique, menée en utilisant une approche métagénomique, a produit des séquences d’un nouveau type de bornavirus. Les analyses moléculaire et immunohistochimique du tissu cérébral des trois patients décédés ont confirmé la présence de ce même virus chez les cas humains également.
Le virus identifié diffère de tous les bornavirus connus jusqu’à présent. Les cas d’encéphalite non résolus sont en cours de réévaluation à la lumière de la découverte de ce nouvel agent pathogène zoonotique. Les résultats des analyses effectuées chez un éleveur et dans un parc zoologique n’ont révélé aucun autre animal positif pour cette infection, mais d’autres tests sont en cours. Les collections de tissus et de liquide céphalorachidien des biobanques sont à l’étude pour l’identification de cas supplémentaires. Les éleveurs et les propriétaires d’écureuils multicolores seront interrogés sur leur état de santé et sur la survenue d’autres cas mortels à leur connaissance. En outre, il est demandé aux éleveurs d’envoyer leurs animaux morts pour analyse à l’Institut Friedrich Loeffler.
À l’heure actuelle, le risque d’infection zoonotique ne peut être évalué en raison du faible nombre de cas signalés, du manque d’informations sur le nouveau virus, sur sa voie de transmission, ses hôtes naturels, la prévalence de l’infection dans la population d’écureuils, dont on ne sait s’ils sont un réservoir ou un vecteur de la maladie. En attendant les résultats des enquêtes en cours pour caractériser les cas, il est toutefois conseillé d’éviter tout contact avec des écureuils multicolores, vivants ou morts, par mesure de précaution.
Les écureuils multicolores n’ont été introduits que récemment en Europe. Originaires d’Amérique centrale, soit ils ont été importés porteurs de l’infection, soit ils ont été infectés en Allemagne, via le contact avec d’autres animaux infectés. Si la voie de transmission, pour les trois cas humains, n’est pas encore déterminée, sans doute est-ce par morsures ou griffures. Toutefois, la transmission par voie aérienne, observée pour les hantavirus, ne peut être exclue.