jeudi, septembre 18, 2025
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Campylobactériose, salmonellose, cryptosporidiose : des maladies humaines souvent d’origine animale

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Une nouvelle analyse des Centers for Disease Control and Prevention (CDC) confirme que de nombreuses infections gastro-intestinales humaines aux États-Unis ont une origine animale directe. Ces données récentes illustrent l’incidence majeure des zoonoses alimentaires, notamment via des agents pathogènes comme Campylobacter, Salmonella ou Cryptosporidium.

 

Une enquête épidémiologique à grande échelle

Publiée dans le Morbidity and Mortality Weekly Report, cette vaste étude des CDC repose sur l’analyse de plus de 15 000 cas de gastro-entérite déclarés dans 24 États américains entre 2009 et 2021. L’objectif était de mieux comprendre les origines animales et environnementales des infections intestinales humaines.

Les résultats sont sans appel : la plupart des cas documentés sont attribuables à l’exposition à des aliments d’origine animale ou à des contacts avec des animaux. La manipulation de viande de volaille crue, le contact avec des ruminants ou l’entretien de reptiles domestiques comptent parmi les facteurs les plus fréquemment rapportés.

 

Campylobacter responsable d’une zoonose alimentaire bien implantée

Campylobacter jejuni se distingue parmi les agents pathogènes les plus répandus. Il s’agit de l’une des principales causes de gastro-entérite bactérienne dans les pays industrialisés. Cette bactérie est naturellement présente dans les intestins des volailles et des bovins, où elle ne provoque généralement aucun symptôme. En revanche, chez l’humain, elle entraîne de fortes diarrhées, parfois sanglantes, associées à de la fièvre et à des douleurs abdominales.

La consommation de viande mal cuite, le contact avec du bétail ou la contamination croisée dans les cuisines sont les principaux modes de transmission identifiés. Dans les cas les plus sévères, des complications neurologiques (syndrome de Guillain-Barré) ou articulaires (arthrite réactionnelle) peuvent survenir, en particulier chez les personnes porteuses du gène HLA-B27.

 

Salmonella et tortues : un risque souvent ignoré

L’autre responsable de ces infections est Salmonella spp., bien connue pour sa présence dans les œufs, les volailles, mais aussi chez les reptiles domestiques. L’étude souligne la recrudescence des cas liés à des tortues de compagnie, notamment chez les enfants. Ces animaux, même sains en apparence, excrètent la bactérie de manière intermittente. Leur manipulation, combinée à un manque d’hygiène (absence de lavage des mains, bac d’eau mal nettoyé), favorise la transmission.

Cette voie d’exposition est d’autant plus préoccupante qu’elle est peu connue du grand public. Le lien entre reptiles et salmonellose est pourtant suffisamment documenté pour que la vente de tortues de petite taille soit désormais interdite dans plusieurs États américains !

 

Cryptosporidium : un parasite opportuniste au contact des ruminants

Enfin, le parasite Cryptosporidium est lui aussi pointé du doigt, notamment dans les régions rurales où le contact avec les veaux ou l’eau contaminée est fréquent. Ce protozoaire pathogène est capable de survivre longtemps dans l’environnement, en particulier dans les milieux humides. Il est à l’origine de diarrhées aiguës qui peuvent être graves chez les enfants, les personnes âgées ou immunodéprimées.

Les cas humains sont souvent liés à des activités agricoles, des visites de fermes pédagogiques, ou à la consommation d’eau non traitée dans les zones rurales.

 

L’antibiorésistance, un facteur aggravant

Au-delà de leur fréquence, ces infections représentent un autre défi : la résistance croissante aux antibiotiques. Campylobacter, en particulier, montre une résistance marquée aux fluoroquinolones et aux macrolides, deux classes largement utilisées en médecine humaine. Cette tendance s’explique en grande partie par l’usage vétérinaire massif d’antibiotiques dans les élevages intensifs qui favorise une pression de sélection dangereuse pour la santé publique. Face à cette situation, les experts recommandent une surveillance renforcée, une régulation plus stricte de l’usage des antimicrobiens en élevage, et la mise en œuvre de bonnes pratiques de biosécurité.

 

Prévention : gestes simples, impact majeur

Si ces zoonoses sont largement évitables, elles continuent pourtant de circuler à grande échelle. Une meilleure hygiène alimentaire à domicile, comme la cuisson à cœur des viandes, la séparation des aliments crus et cuits, ou le lavage systématique des mains après tout contact avec un animal, peut réduire significativement le risque. La sensibilisation du public, notamment des familles avec de jeunes enfants ou en milieu rural, reste une priorité. En outre, les autorités sanitaires insistent sur la nécessité d’informer les propriétaires de reptiles domestiques et de renforcer les contrôles sur la vente d’animaux potentiellement porteurs d’agents pathogènes digestifs.

 

Toxoplasmose : une étude révèle une transmission du parasite largement environnementale

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Une enquête menée à Belgrade (Serbie) tente de reconstituer le puzzle de la toxoplasmose en milieu urbain. En croisant les analyses issues d’oiseaux sauvages, de poules de basse-cour, de rongeurs et d’eaux de rivière, elle montre que l’exposition à Toxoplasma gondii passe davantage par l’environnement (eaux et sols contaminés) que par le seul régime alimentaire des espèces affectées.

 

Toxoplasmose urbaine : intégrer l’analyse de l’eau et des sols

Si les chats restent les hôtes définitifs de Toxoplasma gondii, en milieu urbain la diffusion de ce protozoaire ne peut se comprendre qu’en prenant en compte la chaîne complète : oocystes excrétés, sporulation, stagnation et remise en suspension dans les plans d’eau, puis contacts répétés avec des oiseaux, des rongeurs, des volailles et des humains. Cette approche environnementale replace au cœur du risque les eaux de surface, les territoires inondables et les zones agricoles périurbaines.

 

Un dispositif d’étude multihôtes sur le terrain

Les auteurs ont analysé le tissu cardiaque de 224 oiseaux sauvages représentant 15 espèces capturées dans les zones urbaines, périurbaines et rurales de Belgrade, ainsi que des poules de basse-cour élevées localement. La détection moléculaire s’appuie sur une qPCR ciblant T. gondii, une méthode sensible et spécifique pour la détection d’ADN du parasite dans les tissus. En parallèle, des rongeurs ont été testés et des prélèvements d’eau de rivière réalisés à proximité des sites, à l’interface Sava-Danube.

 

Prévalence : forte chez les oiseaux, très élevée chez les poules

La prévalence moléculaire atteint 24,1 % chez les oiseaux sauvages et 41,4 % chez les poules. Chez les oiseaux, les taux sont comparables d’une zone à l’autre (22,4 % en ville, 27,3 % en site périurbain, 22,7 % en zone rurale), ce qui plaide pour une exposition diffuse et continue, moins dépendante du biotope immédiat que de la connectivité hydrologique et de l’utilisation des sols alentour.

 

Des corvidés sentinelles au sein de la faune citadine

Parmi les espèces animales qui fréquentent les zones urbaines, les corvidés sont le plus souvent infectés : corbeaux et corneilles dépassent 30 % de positivité, alors que celle du pigeon ramier s’établit autour de 15 à 16 %. Ce taux spécifique à l’avifaune positionne les corvidés comme des bio-indicateurs de la contamination environnementale, utiles pour orienter une surveillance ciblée.

 

Eaux de surface et rongeurs : les pièces manquantes du puzzle

Dans les mêmes secteurs, trois échantillons d’eau sur quatre contenaient de l’ADN de T. gondii et plus d’un rongeur sur deux était positif. La convergence oiseaux-rongeurs-eau dans un périmètre restreint signe un mécanisme de persistance environnementale : les oocystes infectants circulent et recontaminent le milieu, à l’origine d’une exposition répétée de la faune et, par extension, des élevages domestiques et des humains.

 

Approche “One Health” : cartographier le risque

Pris ensemble, ces résultats déplacent la lutte vers les microterritoires. Autour des plaines alluviales, des canaux, des bassins de rétention et des friches irriguées, l’eau de surface devient le vecteur qui peut lancer l’alerte. Associer les oiseaux urbains (surtout les corvidés), les rongeurs et l’analyse de l’eau contribue à cartographier le risque plus précisément et se révèle plus utile aux collectivités que des moyennes à l’échelle d’une ville.

 

Surveillance intégrée et messages de prévention ciblés

En pratique, la surveillance gagne à combiner des captures périodiques d’oiseaux, un piégeage raisonné des rongeurs et un dépistage régulier de l’eau en sortie des bassins et des zones humides urbaines. Côté prévention, l’accent est mis sur le lavage soigneux des fruits et des légumes, la cuisson complète des viandes issues des circuits courts, le stockage protégé des aliments pour volailles, la gestion des chats errants près des points d’eau et l’hygiène des mains après toute activité de jardinage ou de pêche.

Des tests saisonniers, un génotypage reliant facteurs environnementaux et hôtes, et des modèles hydrologiques couplés à la charge d’oocystes permettront d’estimer des doses d’exposition réalistes et d’identifier les périodes à haut risque après des crues, des travaux ou des canicules suivies d’orages.

 

L’étude met en évidence une réalité souvent implicite : en ville, la gestion de l’eau et de l’usage des sols est au moins aussi importante que le seul contrôle de la population féline pour maîtriser la toxoplasmose. En intégrant oiseaux sentinelles, rongeurs et eau dans une surveillance “One Health”, les autorités sanitaires disposent d’un levier concret pour cibler les interventions, optimiser la communication du risque et, in fine, réduire l’incidence de la maladie chez l’humain.

 

 

Leptospirose : premiers indices d’un réservoir aquatique chez les poissons d’eau douce

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Une équipe de la Lincoln Memorial University (Tennessee) rapporte, pour la première fois, la détection d’ADN de Leptospira dans les reins de poissons d’eau douce, ainsi que d’anticorps circulants, ce qui suggère un possible rôle des poissons dans l’écologie de la leptospirose au sein des écosystèmes fluviaux en Appalachie. L’article met en lumière un angle mort dans la surveillance “One Health”, la faune aquatique, jusqu’ici marginale dans les modèles de transmission.

 

Une zoonose classiquement véhiculée par les mammifères

La leptospirose, une zoonose mondiale liée à des spirochètes du genre Leptospira, est classiquement transmise par des mammifères réservoirs porteurs d’infections rénales chroniques et qui excrètent des bactéries viables dans leurs urines. Les auteurs rappellent avoir déjà identifié, dans la même région, des rongeurs insectivores mais aussi des amphibiens et des reptiles comme hôtes de Leptospira, ce qui pose la question du continuum aquatique dans la persistance de l’agent pathogène dans l’environnement.

 

Première détection d’ADN de Leptospira dans un rein de poisson

Sur sept sites de Powell River (est du Tennessee), 238 poissons appartenant à 19 genres ont été prélevés. Les reins ont été testés par qPCR ciblant les espèces pathogènes de Leptospira. Des prélèvements sanguins ont permis un titrage sérologique via un test de microagglutination. La prévalence globale de positivité (ADN et/ou anticorps) atteint 4,62 %, dont 1,26 % de positifs par qPCR rénale et 3,38 % de séropositifs à l’agglutination.

La détection de l’ADN de Leptospira dans les reins de poissons suggère au minimum une exposition non fortuite. Couplée à la séropositivité observée, l’hypothèse d’une implication des poissons dans la persistance environnementale des leptospires mérite désormais une investigation ciblée (culture, typage, essais d’infectiosité).

 

Place des poissons dans le cycle épidémiologique

La première hypothèse considère les poissons comme des sentinelles de l’écosystème : leur séropositivité refléterait une circulation des leptospires diffuse dans l’environnement hydrique contaminé par les urines des mammifères réservoirs. La seconde, plus ambitieuse, envisage une implication active de certaines espèces piscicoles, via une colonisation rénale et, potentiellement, une excrétion vers le milieu extérieur. Pour trancher, il faudra confirmer la viabilité des souches (culture), documenter la charge bactérienne, établir la phylogénie des leptospires détectés et conduire des études expérimentales de transmission.

 

Une étude suggère un possible rôle des poissons dans l’écologie de la leptospirose au sein des écosystèmes fluviaux

 

Limites et prudence

Les résultats reposent sur un faible nombre de positifs et une seule rivière. La PCR confirme la présence d’ADN mais pas la viabilité des leptospires, et le test d’agglutination peut croiser plusieurs sérovars. La généralisation à d’autres bassins, saisons et espèces nécessitera un échantillonnage élargi et des approches multimodales (culture, qPCR quantitative, métagénomique, histopathologie).

Si l’implication des poissons se confirme, la cartographie du risque de leptospirose devrait intégrer des variables aquatiques (densité piscicole, connectivité hydrologique, qualité de l’eau), avec des conséquences sur la gestion des loisirs nautiques, de l’aquaculture et des captages.

Pour les praticiens, en période de crues ou d’activités aquatiques, l’anamnèse devra considérer l’exposition à l’eau et aux poissons comme facteurs contributifs, y compris dans des régions à faible réservoir mammifère connu. Pour les services vétérinaires et environnementaux, l’ajout de poissons sentinelles à la surveillance des leptospires dans les rivières pourrait affiner les modèles spatio-temporels d’alerte.

 

La prochaine étape est d’isoler les leptospires détectés, de les séquencer pour relier les profils aux souches circulant chez les mammifères réservoirs locaux, et de modéliser la dynamique conjointe faune terrestre-faune aquatique-humain dans les écosystèmes hydriques d’Appalachie. Le résultat déterminera si les poissons sont des réservoirs, des hôtes de passage ou de simples bio-indicateurs d’un environnement contaminé.

 

 

Variabilité climatique : un accélérateur sous-estimé du risque d’épidémies de maladies vectorielles

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Une étude publiée dans PNAS démontre que la variabilité climatique interne, ces fluctuations naturelles et chaotiques du climat indépendantes des émissions humaines et des différents modèles de risque, est un élément majeur d’incertitude dans le cadre de la transmission des maladies à vecteurs (dengue, chikungunya, West Nile, etc.). Ignorée par la plupart des travaux, cette variabilité peut faire surgir des conditions favorables à la transmission bien plus tôt que ce que laisse prévoir la seule tendance du réchauffement. Les auteurs appellent à intégrer cette variable au cœur des plans de surveillance sanitaire.

De nouveaux biomarqueurs pour mieux évaluer le bien-être des animaux sauvages

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Un article présente une avancée majeure dans l’évaluation du bien-être animal dans la faune sauvage et captive. Il promeut des méthodes biomédicales non invasives plus précises, pour anticiper les stress physiologiques et prévenir les zoonoses ainsi que les impacts sur la biodiversité.

H5N1 chez le porc : une menace émergente et l’urgence d’une réponse “One Health”

Selon une dernière étude, l’influenza aviaire hautement pathogène H5N1 clade 2.3.4.4b accélère son évolution, avec les génotypes B3.13 et D1.1 récemment détectés chez des bovins laitiers, des volailles, des oiseaux sauvages, des mammifères sauvages et des humains et, fait nouveau, le génotype D1.2 a été détecté chez des porcs élevés en plein air. Pour les auteurs, la filière porcine et la santé publique partagent désormais un même risque qui exige des réponses coordonnées via une approche “One Health”.

Influenza A (H6) : un virus aviaire sous-estimé qui inquiète désormais les experts

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Alors que l’attention mondiale se concentre sur la grippe aviaire H5N1 et ses récentes incursions dans les élevages bovins et chez l’humain, une autre souche retient désormais l’attention de la communauté scientifique : le virus influenza A de sous-type H6. Classé parmi les virus aviaires dits faiblement pathogènes, il est resté pendant des décennies à la marge des préoccupations sanitaires. Pourtant, de nouvelles données montrent qu’il possède un potentiel zoonotique significatif et pourrait représenter une menace non négligeable pour la santé publique.

Peste porcine africaine : ce que la science apporte vraiment au terrain

Un article de Frontiers in Veterinary Science synthétise les avancées récentes contre la peste porcine africaine (PPA) : diagnostics plus fins, biosécurité “matérielle”, risques liés aux aliments pour animaux, surveillance numérique et modélisation spatiale. Mais une solution unique ne suffira pas, seule une stratégie intégrant l’approche “One Health” peut contenir durablement la maladie.

H5N1 chez le porc : une menace émergente et l’urgence d’une réponse “One Health”

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Fièvre aphteuse : une maladie très contagieuse qui échappe aux radars cliniques

Une étude révèle l’importance cruciale de la transmission silencieuse du virus aphteux chez les bovins.

Un anticancéreux innovant destiné au chat ouvre de nouvelles perspectives chez l’humain

Des chercheurs de l’université de Californie à Davis et à San Francisco ont mené un essai clinique inédit chez des chats atteints de carcinome épidermoïde oral, une tumeur particulièrement agressive et difficile à traiter. Ils ont mis au point une molécule innovante, fondée sur un petit fragment d’ADN circulaire, qui agit comme un “leurre” : elle attire et neutralise la protéine STAT3, un facteur de transcription hyperactivé dans environ 75 % des cancers humains. Jusqu’ici, STAT3 était considérée comme une cible impossible à atteindre. Cette nouvelle approche, fondée sur l’utilisation d’un ADN “piège” mimant la séquence que reconnaît STAT3, permet de bloquer son action oncogénique avec une précision inédite. Il s’agit d’une avancée scientifique majeure qui ouvre la voie à des traitements plus ciblés et potentiellement moins toxiques.

Virus d’Usutu : une propagation silencieuse qui inquiète les experts

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Le virus d’Usutu, un flavivirus transmis par les moustiques du genre Culex, est l’objet d’une attention croissante en Europe. Initialement identifié en Afrique, il est aujourd’hui bien implanté dans plusieurs pays européens. Chez les oiseaux, il provoque une mortalité massive, notamment chez le merle noir (Turdus merula), alors que chez l’humain, la majorité des infections passent inaperçues. Cependant, des cas neurologiques graves ont été signalés, en particulier chez les personnes immunodéprimées.